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poussant des hurlements assourdissants et inintelligibles en

continu. Non loin de là, quelque chose s’écrasa par terre. Malgré

mon cerveau embrumé, je me dis que c’était peut-être Tate. Il se

balançait sur les pieds de sa chaise lorsque j’avais perdu

connaissance. Peut-être s’était-il assoupi lui aussi et avait-il

perdu l’équilibre ? Mais cela n’expliquait pas la phrase qu’il

marmonna.

— Mais je rêve ou quoi…

J’entendis alors un chœur de voix déchaînées, plusieurs

claquements de portes, et un tel boucan que je finis par ouvrir

un œil, non sans difficulté. Entre tous les mots prononcés, l’un

en particulier pénétra dans mon esprit, et je tombai comme une

masse du canapé.

— Crispin !

— … faut que je voie ma femme.

À peine avais-je entendu ces paroles que je me mis à hurler et

à courir en direction de cette voix, trébuchant au passage sur la

table basse. J’avais les yeux ouverts, mais ma vision était floue.

Je voyais tout en double, et la silhouette qui s’avançait à grands

pas vers moi était plus une ombre qu’un homme.

Je sentis des bras m’entourer et me serrer dans une étreinte

si violente que nos deux corps tombèrent à la renverse. Mon

visage enfoui dans son cou sentit les vibrations de sa gorge

tandis qu’il me parlait d’une voix à l’accent très familier.

— … m’as tellement manqué, Chaton, je t’aime.

C’est un rêve, me dis-je. Un rêve, et je serai éternellement

reconnaissante à Don de m’avoir offert une dernière chance de

serrer Bones dans mes bras. Vive la science moderne et le

mélange codéine-sédatifs !

— Tu es mort, fis-je d’une voix pâteuse. Si seulement tu étais

vraiment là…

— Laissez-moi seul avec elle. Vous tous, s’il vous plaît,

accordez-nous un moment. Charles.

Il lui murmura quelque chose, d’une voix trop basse pour que

je l’entende. Pourtant, la tête de Spade était toute proche, sa

chevelure noire me frôlait le menton. Il acquiesça et embrassa le

visage pâle que je n’apercevais pour l’instant qu’au travers d’une

brume intermittente.

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