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Luigi Riccoboni - irpmf - CNRS

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<strong>Luigi</strong> <strong>Riccoboni</strong>, Dell’arte rappresentativa – 11<br />

et je puis vous assurer, monsieur, que cette action excitoit dans l’âme des spectateurs autant d’émotion que<br />

toute la scène entière. Vous faites cependant très-bien de ne pas conseiller aux acteurs qui commencent, d’en<br />

risquer une pareille, quelque naturelle qu’elle soit dans l’exemple que vous citez d’un vieux roi combattu par<br />

l’intérêt de la nature et celui des lois. En eff et, le plus grand monarque du monde, dans un état si violent, ne<br />

s’avise guère de songer à a sa contenance, et le fortes passions n’admettent point de diff érence entre le roi et<br />

le simple gentilhomme. Mai après tout, une telle action, faite par un acteur du commun, exciteroit, comme<br />

vous dites fort bien, la risée des spectateurs: au lieu qu’étant accompagnée des grâces et de la noblesse qu’un<br />

excellent acteur y saura jeter, il est impossible que les yeux n’en soient frappés, et le cœur attendri 13 .<br />

Attraverso la lettera di Rousseau è dunque possibile allegare ai vv. 103-108, riportati qui<br />

sopra, la rappresentazione della Rodogune di Corneille ad opera di Baron, ed in particolare la scena<br />

terza del quinto atto 14 . Incrociando queste informazioni con i dati off erti dalla Réponse di <strong>Riccoboni</strong>,<br />

emerge anche la fonte della prima parte del passo riportato (85-96), l’Inès de Castro (IV, 3) di<br />

Houdar de La Motte 15 :<br />

Dans mon Art de la représentation, pour établir les préceptes que je donne, je ne vous cache point, monsieur,<br />

que j’aurois fait usage des fautes d’un excellent acteur, si j’en avois trouvé. Les deux que j’ai citées au troisième<br />

Chant, d’un roi qui se met comme une pagode, ou qui ronge un gant, tenant une jambe sur l’autre, je les ai<br />

imaginées poétiquement, et je les ai condamnées, appuyé par Cicéron: Nulla mollitia cervicum, nullæ argutiæ<br />

digitorum. Si par hasard M. Baron y étoit tombé, je n’en serois point surpris. Un bon comédien ne tombera<br />

jamais dans une pareille faute; mais un excellent comédien est en risque d’y tomber à chaque instant. Le bon<br />

comédien marche au milieu du chemin, et l’excellent comédien va sur le bord du précipice. Le premier ne<br />

fait que ce que le bon sens lui dicte: le second veut toujours raffi ner, et on se trompe aisément.<br />

Au reste, monsieur, je vous demande pardon si, sur mon premier exemple d’un roi qui voit son fi ls sur<br />

le point d’être condamné, je répète encore que si un acteur fait l’action que je désigne, quelque excellent<br />

comédien qu’il soit d’ailleurs, il trahira la nature, et mettra un masque aff reux sur la vraisemblance [...].<br />

Vous savez, monsieur, comment Euripide a composé le visage et les expressions d’Agamemnon, qui n’est<br />

pas moins père pour être ambitieux. Je conviens que lorsque le cas est imprévu, et annoncé dans le moment<br />

que l’acteur est sur le théâtre, et qu’il s’y attend le moins, il peut, et il doit même oublier cette contenance<br />

majestueuse et composée. Th ésée, qui croit son fi ls coupable, reçoit la nouvelle de sa mort et de son innocence<br />

dans le plus fort de sa colère contre lui. Je lui pardonne toutes les plaintes qu’il fait; et je ne saurois assez<br />

louer le comédien, qui portera la douleur au dernier degré. Dans les poètes, aussi-bien que dans les acteurs,<br />

la surprise autorise des choses que le cas prémédité n’admet point.<br />

13. Rousseau, Œuvres, V, cit., pp. 260-262. La decriptazione operata da Rousseau doveva essere di assoluto<br />

dominio pubblico, stando a quanto rispose <strong>Riccoboni</strong>: «En approuvant mes principes sur la déclamation, vous avez<br />

appliqué à M. Baron un exemple que je donne dans le troisième chant de l’Arte rappresentativa. On ne avoit fait de<br />

même l’application à Paris, et quelqu’un m’en avoit blâmé», Réponse, pp. 548; e cfr. sull’interpretazione baroniana di<br />

Antiochus nella Rodogune e sugli aneddoti fi oriti a ridosso, Young, Michel Baron, cit., pp. 129-130.<br />

14. P. Corneille, Rodogune, in Id., Œuvres complètes, II, textes établis, présentés et annotés par G. Couton,<br />

Paris, Gallimard, 1984, pp. 255-257, in particolare forse la posa di Baron può corrispondere alla didascalia che prescrive<br />

la disposizione della famiglia reale su invito di Cléopâtre: «J’ose le croire ainsi, mais prenez votre place, | il est temps<br />

d’avancer ce qu’il faut que je fasse. Ici Antiochus s’assied dans un fauteuil. Rodogune à sa gauche en même rang, et Cléopâtre<br />

à sa droite, mais en rang inférieur, et qui marque quelque inégalité. Oronte s’assied aussi à la gauche de Rodogune avec la<br />

même diff érence, et Cléopâtre cependant qu’ils prennent leurs places parle à l’oreille de Laonice, qui s’en va quérir une coupe<br />

pleine de vin empoisonné. Après qu’elle est partie, Cléopâtre continue: | Peuple qui m’écoutez, Parthes et Syriens».<br />

15. A. Houdar de la Motte, Inès de Castro, IV, 3 (in Th éâtre du XVIII e siècle, I, textes choisis, établis, présentés<br />

et annotés par J. Truchet, Paris, Gallimard, 1972, pp. 548: «Alphonse, Rodrigue, Henrique et les autres Grandes<br />

du Conseil. Alphonse Que chacun prenne place. [Après qu’on s’est placé] Hélas! à mes alarmes | je vois que tous les yeux<br />

donnent déjà des larmes. | D’un troublé égal au mine vous paraissez saisis; | vous semblez tous avoir à condamner un<br />

fi ls. | Triomphons, vous et moi, d’une vaine tristesse. | Que la seule justice ici soit la maîtresse».<br />

© IRPMF, 2006 – Les savoirs des acteurs italiens, collection dirigée par Andrea Fabiano

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