Luigi Riccoboni - irpmf - CNRS
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<strong>Luigi</strong> <strong>Riccoboni</strong>, Dell’arte rappresentativa – 13<br />
d’un telle opinion. Enfi n je contentai mon envie, qui étoit grande, et je le vis. Ce fut dans une tragédie où<br />
j’eus le plaisir de l’entendre pour la première fois. Avec toute la sincérité d’honnête homme, je vous dirai,<br />
monsieur, que je le trouvai un excellent acteur, et que seulement je n’approuvai point quelques endroits de<br />
son rôle; vous savez que chacun pense à sa guise, et c’est peut-être ma faute. Aux endroits où il avoit excellé,<br />
je me rendis: je ne trouvois point d’expressions qui répondissent à mon admiration; enfi n je le louai de bon<br />
cœur: dans ceux qui ne me plurent point, je ne parlai pas. Les spectateurs qui n’avoient point pris garde, ou<br />
en avoient jugé mieux que moi, lequel des deux que ce fût, il étoit de mon intérêt de me taire. La seconde<br />
fois je le vis jouer l’Homme à bonnes fortunes, comédie dont il est l’auteur; je trouvai M. Baron si parfait,<br />
que mes exclamations n’avoient point de bornes, jusqu’à me tourner vers le parterre, me récriant à haute<br />
voix pourquoi on ne l’applaudissoit pas dans des situations que je soutiens que personne n’a jamais mieux<br />
rendues, et ne rendra jamais mieux.<br />
C’est là où je vis cette noblesse que l’on vante en lui avec tant de raison. Si un prince, le plus attentif à bien<br />
fi gurer dans sa cour, jouoit la comédie, je doute fort qu’il montrât la noblesse dont M. Baron sait faire usage<br />
sur la scène. À cette noblesse, qui est unique et très-admirable en lui, il faut joindre la perfection de l’art le<br />
plus raffi né; et une vérité, une nature sans reproche 20 .<br />
La prontezza con la quale <strong>Riccoboni</strong> riconosce in Baron la capacità di nobilitare il comico<br />
credo sia una prova genuina della sua sincerità critica. Quello che dell’attore francese non può accogliere<br />
è il suo ‘realismo’ tragico, giacché esso non può che collidere con il classicismo razionalistico<br />
dell’attore maff eiano. Baron infrange il suo orizzonte estetico, ma ancor peggio, azzera la gerarchia<br />
sociale tracimando dal proprio status di attore e aff ettando, secondo quanto raccontano i suoi ironici<br />
contemporanei, un habitus nobiliare 21 . Ecco che allora la critica di Baron acquista un suo peso<br />
specifi co: il giudizio estetico si inserisce in un più ampio orizzonte che riguarda il posto dell’attore<br />
nella società, il suo ruolo, la sua utilità civile, la dinamica che regola i rapporti tra la scena e il potere,<br />
tra l’attore che recita la sovranità e il re che interpreta il proprio ruolo:<br />
Depuis plusieurs siècles les princes et les rois n’attendent point que l’âge leur donne la majesté; ils sont grands<br />
dans leur enfance la plus tendre; il paroît qu’ils ont une formule royale qu’on leur inspire dans le berceau, et à<br />
laquelle ils s’assujettissent, dès qu’ils commencent à distinguer les choses; la grandeur de la royauté l’a établie,<br />
nos mœurs l’ont adoptée pour bonne; ils ne peuvent pas se dispenser de la suivre. Si un prince y manque<br />
(j’en demande pardon à tous les courtisans), je crois que c’est le comédien qui doit, par son exemple sur la<br />
scène, le remettre sur le chemin de la majesté; et c’est de toute sa cour le seul qui puisse le faire sans risque<br />
et sans crainte 22 .<br />
20. Réponse, pp. 550-52.<br />
21. Com’è noto Baron fu attore aristocratico non solo nel portamento e nella fi gura, ma anche nella sua vita al<br />
di fuori del teatro, al punto da suscitare l’ironia dei suoi contemporanei, tra cui Lesage e La Bruyère. Su questi ultimi<br />
aspetti del personaggio si leggono dei signifi cativi aneddoti in P. D. Lemazurier, Galerie historique des acteurs du théatre<br />
français, depuis 1600 jusqu’à nos jours, I, Paris, Joseph Caumerot, 1810, pp. 78-118, in particolare pp. 102-111<br />
22. Réponse, pp. 555. Singolare ad esempio, e forse rappresentativo del modo di intendere i rapporti attorepotere<br />
reale, è questo insolito accostamento che si legge nella medesima lettera: «Avant toutes choses, je vous prie,<br />
monsieur, de me passer la comparaison que je vais vous faire, Si parva licet componere magnis. Je crois que la condition<br />
d’un comédien est en quelque façon la même que celle des princes: ceux-ci sont toujours en risque de s’entendre louer<br />
des actions les moins estimables de leur vie. La politique la plus assurée pour un courtisan, c’est la fl atterie. Le prince,<br />
avec le temps, connoît bien qu’on l’a trompé; mais si le fl atteur revient à la charge, il aime encore mieux entendre des<br />
mensonges qui lui plaisent que des vérités qui le gênent ou qui l’humilient. De même le comédien est toujours en<br />
danger de s’entendre louer par les spectateurs sur des choses qui sont réellement mauvaises; avec cette diff érence, que<br />
le fl atteur courtisan dit du bien de ce qu’il connoît qui est mal, et que le spectateur est de bonne foi, en disant du bien<br />
de ce qu’il croit bon» (ivi, pp. 549).<br />
© IRPMF, 2006 – Les savoirs des acteurs italiens, collection dirigée par Andrea Fabiano