FORMATION RÉGION ROMANDIE/GIM-CHune erreur de tenter de vouloir privilégier untype de formation par rapport à l’autre.Les principes et la réalitéIl est bien évident que, pour une association patronaletelle que le Groupement suisse de l’industriemécanique, la formation duale s’inscritdans une logique patronale bien comprise, quifait reposer sur le chef d’entreprise la responsabilitéd’investir dans la formation, pour assurerla pérennité de sa société. En ce sens, la formationduale est un but honorable, qui doit êtrerecherché et soutenu, aussi bien en qualitéqu’en quantité.D’autre part, il faut aussi reconnaître que ladisparition de grandes entreprises formatricesen Suisse romande et l’absence de relais de lapart de suffisamment de PME ont favorisé le développementdes écoles de métiers, qui ontainsi rempli un «vide» et de façon fort heureuse.La qualité de la formation donnée dansces écoles n’est pas discutable et la plupart desdirections ont un réflexe d’entrepreneur lorsqu’ellescherchent, avec l’industrie, des pistesde collaboration. La question qui se pose aujourd’huiest donc bien plus d’améliorer la coexistencede ces deux modèles en Suisse romandeplutôt que de vouloir à tout prix en développerun plutôt qu’un autre. C’est cetteconviction qui guide le Groupement suisse del’industrie mécanique dans sa stratégie en faveurde la formation professionnelle.Que devient l’apprenti aprèsl’obtention du CFCUne récente enquête, réalisée par l’associationpatronale en collaboration avec la Fédérationdes écoles techniques auprès des quelque3'000 apprentis, tous métiers MEM confondusayant obtenu leur CFC ces six dernières années,a mis en évidence un certain nombre d’enseignementsextrêmement intéressants. Du pointde vue stratégique, cette enquête révèle un réelmalaise auprès des jeunes polymécaniciens, quiont une tendance naturelle et marquée à quitterla production dans les dix ans qui suiventl’obtention de leur CFC. Six sur dix auront quittél’atelier quelques années après l’obtention deleur certificat.Bien sûr, un grand nombre suit des formationssupérieures et cela est réjouissant pour l’industrie.Mais une part importante de ces jeunesquitte le secteur industriel. Si le problème del’industrie microtechnique est de disposer depersonnel qualifié pour la production, il est illusoirede vouloir remplir ce vide en formant toujoursplus d’apprentis polymécaniciens, sachantque ces derniers ne resteront pas derrière lesmachines. En revanche, les apprentis polymécaniciens,de même que les automaticiens, lesélectroniciens, doivent être formés en quantitésuffisante, parce qu’ils représentent les cadresPolymécaniciens avec CFC en production qui veulent y rester (étude portant sur 204 cas)dont l’industrie a besoin. Pour la production,c’est certainement plutôt vers des formationsen trois ans que l’industrie devrait se tournerpour des métiers tels que le mécanicien de productionou le monteur-automaticien, par exemple.Deux pierres au feuPour le GIM-CH, la stratégie générale consistedès lors à la fois à promouvoir les formations enquatre ans parce qu’elles permettent de formerles cadres dont l’industrie a besoin, mais aussià augmenter de façon importante les places deformation dans les métiers en trois ans dans lesentreprises dont les besoins les plus importantssont liés directement à la production et à l’utilisationde machines.Travailler autrement avec les écolesde métiersLa deuxième enquête réalisée auprès des apprentisformés montre, sans ambiguïté possible,que la relation entre l’industrie et les écoles demétiers doit se repenser selon des modalités, sice n’est nouvelles, au moins coordonnées à l’échelonromand.Il ne fait plus aucun doute que les écoles de métiers,avec les filières de formations de maturitéprofessionnelle, sont le partenaire privilégié del’industrie pour la formation d’ingénieur de niveauHES. On constate en effet que plus de lamoitié des apprentis formés en écoles à pleintemps suivent cette formation, voire même plusde 60% pour le métier d’électronicien.Le système dual ne parvient pas à concurrencerles écoles sur ce point et les maturités professionnellesréalisées en entreprises restent peufréquentes, pour des raisons compréhensiblesd’organisation et d’emploi du temps.Dans certains cantons, mais pas dans tous, lesécoles de métiers forment également des apprentisdans la voie CFC en quatre ans. L’enquêtedémontre que ces apprentis, lorsqu’ilsquittent l’école, ne sont pas adaptés au mondede la production et attendent de l’industrietechnique des prestations qu’elle ne peut fournir.Par ailleurs, les employeurs sont souventtrès critiques à l’égard de ces jeunes, qui manquentréellement de formation en production.Le modèle 2+2 et un modèle gagnant,y compris pour les formationssupérieuresL’axe stratégique que souhaite défendre leGIM-CH, en collaboration avec la Fédérationdes écoles techniques, est de permettre aux jeu-Proportion de formations compémentaires suivies par les détenteurs de CFC, selon le type deformation42 SWISSMECHANIC 7-8/<strong>2009</strong>
FORMATION RÉGION ROMANDIE/GIM-CHnes qui suivent une formation de CFC en écoled’intégrer le monde de la production, en étroitecollaboration entre les entreprises, non paspour des stages, mais pour suivre véritablementune formation duale accomplie durant les deuxdernières années d’apprentissage.Les modalités restent encore évidemment àmettre en place, mais rapprocher ces jeunesgens de l’industrie de production durant leurformation permettra non seulement de mieuxles préparer au monde de l’entreprise, maisaussi d’offrir un nouveau potentiel de jeunesgens qualifiés, qui ne suivront peut-être pas forcémentdes formations d’ingénieurs, mais certainementdes formations supérieures de niveauxbrevet ou diplôme voire une école techniqueet qui resteront ainsi dans l’entreprise ouau moins dans l’industrie. Il ne faut en effet pasnégliger ces voies de formation mises en placepar les milieux professionnels, qui permettentd’accomplir de superbes parcours professionnelsen se formant en emploi. On rejoint ainsipar les filières des écoles de métiers, les stratégiesélaborées par les associations faîtières enfaveur des formations supérieures.Page du site www.mecaforma.chPhoto de groupe del’immersion du 16 au20 février <strong>2009</strong>Une stratégie, plusieurs acteursCette stratégie générale du Groupement suissede l’industrie mécanique, qui repose sur la refontede la collaboration entre les écoles de métierset l’industrie, la promotion des métiers entrois ans liés à la production et le développementdes filières de formation de niveau supérieur,respecte la liberté de chaque associationprofessionnelle et de chaque canton de s’organiseret de travailler selon les habitudes et lesstructures en place. Il s’agit dans les faits de coordonnerles différents intervenants, pour permettred’atteindre les objectifs stratégiques générauxpartagés par tous, mis en évidence autravers de deux enquêtes très riches d’enseignements.Promouvoir l’image et créer denouvelles entreprises formatricesParallèlement à ces travaux, le Groupementsuisse de l’industrie mécanique a lancé unecampagne d’image pour valoriser les métiers del’industrie technique et notre secteur trop malconnu du grand public. Sous le nom fédérateurde Mecaforma.ch, la plateforme de promotiondes métiers de l’industrie technique permet defaçon très neutre à chaque canton et à chaqueassociation d’utiliser les supports réalisés et debénéficier d’un concept dont les résultats dansle canton pilote ont été très encourageants.La marque Mecaforma.ch est désormaisconnue du grand public, des jeunes, des parents,des offices d’orientation et des entreprises.C’est en travaillant avec tous ces acteurs quel’on pourra mettre en place avec succès la stratégiedécrite précédemment. Rien ne sert d’attirerdes jeunes gens dans nos professions si onne fait pas en même temps la promotion de laformation pour les maîtres d’apprentissage. Ilfaut permettre à ces derniers de créer de nouvellesplaces de formation, qui correspondent àleurs besoins, avec des solutions variées. Pourcertains, la formation duale s’impose, pourd’autres, une collaboration avec les écoles demétiers sera plus facile. Qu’importent les modalités,seul le résultat compte lorsque l’on saità quel point les collaboratrices et les collaborateursdes entreprises sont la principale richessequi nous distingue de nos concurrents.Respecter l’histoire et la diversitéDans tous les cantons, il est important que denouvelles entreprises formatrices voient le jour.L’objectif de formation duale reste pour une associationpatronale un objectif essentiel. Il nedoit toutefois pas obscurcir le jugement et faireoublier que l’industrie technique romandeexiste dans un cadre géographique et historiquedonné, avec des éléments de contrainteset aussi d’opportunités qui lui sont propres. Enl’occurrence, il s’agit des écoles de métiers, quisont des partenaires appréciés et des formateursincontournables. C’est dans un souci decollaboration que l’industrie et les écoles doiventtravailler sur des objectifs partagés et selondes modalités convenues. C’est dans cetesprit que le Groupement suisse de l’industriemécanique s’engage en faveur de la formationprofessionnelle en Suisse romande.SWISSMECHANIC 7-8/<strong>2009</strong>43