PSC 1-2-09 - FSP

Diplômes de psychologie à bien plaire ?
Dans l’attente de la Loi sur les professions de la psychologie
(LPsy), diverses initiatives privées reprennent l’idée
de filières d’études douteuses.
La future Loi sur les professions de la
psychologie (LPsy) a des conséquences
avant même d’être entrée en vigueur.
En Suisse, les mêmes milieux
qui, en 2001, ont créé une formation
de pseudo-psychologie à Krems
(Autriche) pour contourner la LPsy
à l’avance tentent aujourd’hui leur
chance différemment.
Selon des informations internes, ils
prévoient de lancer une «formation
de psychologie» à leur goût dans une
jeune université privée d’Autriche.
Un Master contestable
L’Université Sigmund-Freud avait
déjà fait la une des journaux («Der
Standard», 13 juillet 2007) l’an dernier,
après avoir remis des titres de
master une année à peine (!) après
son accréditation. Le doyen d’alors
avait dépassé les bornes.
A l’Université Sigmund-Freud, entérinant
des formations préalables «à la
va-vite et, pour ainsi dire, à bien plaire»,
le doyen avait négligé tout devoir
de diligence et avait été contraint de
démissionner sous les protestations.
Les milieux concernés en Suisse
continuent à se démener à tort et à
travers pour attirer le chaland dans
leurs coûteuses écoles de thérapies.
Il s’agit manifestement de remplir ces
cours avec des personnes à former de
manière expéditive, possibilité que
n’offrent pas les études traditionnelles
de psychologie, ainsi qu’avec des
personnes qui ne bénéficient pas à la
base du solide savoir méthodologique
et critique que dispensent les études
de psychologie.
Un vernis superficiel
La «psychologie à la Krems», telle
qu’elle a été étudiée par la psychothérapeute
du canton des Grisons (cf.
page 32), ne correspond en aucune
manière au niveau qualitatif et quan-
titatif atteint, selon les exigences suisses,
à la fin du cursus d’une Haute
Ecole avec la psychologie comme
branche principale (cf. Psychoscope
9/2005). Même en Autriche, cette
formation postgrade ne donne pas
droit au titre de «psychologue» et ne
permet pas d’exercer en tant que tel.
Scepticisme au DFI
Le 5 avril 2005 déjà, une réunion
s’est tenue dans les locaux du Département
fédéral de l’intérieur (DFI) à
la demande de l’OFSP pour discuter
du «master de Krems».
La manière de faire des auteurs de
cette démarche en Suisse ainsi que
son contenu ont déjà, à l’époque, entraîné
des hochements de tête dubitatifs
de la part des représentants des
autorités. Ce n’est pas un hasard si
un éminent professeur de jurisprudence
a tiré un parallèle avec la création
de certaines entreprises «offshore»
aux Bahamas, pour contourner
les dispositions légales nationales.
Pour la Commission LPsy de la FSP,
Daniel Habegger
L’OFAS exige lui aussi des études de psychologie
Comme c’est déjà le cas du TARMED pour la psychothérapie déléguée,
l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) exige lui aussi pour les personnes
qui administrent des thérapies dans le cadre de la convention avec
l’AI qu’elles aient achevé une Haute Ecole avec la psychologie comme branche
principale.
Comme l’Association suisse des psychothérapeutes (ASP) vient à nouveau
de réviser ses statuts en matière de formation de base et qu’elle n’exige toujours
pas d’avoir terminé une Haute Ecole en psychologie, l’OFAS a réagi:
dans une lettre adressée à l’ASP en date du 8.10.2008, il rappelle les nouveaux
accords tarifaires des associations FSP, SBAP et ASP avec l’OFAS
(«Convention AI» du 1.4.2007), qui stipulent comme condition sine qua non
d’avoir terminé une Haute Ecole avec la psychologie comme branche principale,
y compris la psychopathologie, pour pouvoir être partie au contrat.
L’OFAS exige dorénavant de l’ASP d’apporter la preuve que tous les thérapeutes
de l’ASP nouvellement inscrits à ce jour et qui viendront s’inscrire à
l’avenir ont terminé leur cursus en psychologie dans une Haute Ecole.
Dans une autre lettre du 15.02.08, l’OFAS a menacé de dénoncer définitivement
la convention si à l’avenir de nouveaux psychothérapeutes s’annoncent
pour une activité dans le cadre de l’AI sans avoir fait d’études de psychologie.
Reste à savoir si les diplômés de la «formation postgrade de Krems» (cf. Psychoscope
9/2005) ont bien reçu ces informations.
Daniel Habegger
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ACTU FSP
PSYCHOSCOPE 1-2/2009