Journal of Film Preservation - FIAF

su pelicula Les Chinois à Paris. Más
recientemente, estudiantes y
refugiados vietnamitas representan
una nueva tendencia asiática en el
cine francés, limitándose sin embargo
a representar personajes cómicos o
criminales. En Sans soleil (1983), Chris
Marker propone una mirada más
directa sobre este sector de la
sociedad y renueva el interés por la
cultura asiática en el cine francés. El
éxito de las producciones asiáticas en
Francia y las coproducciones
impulsadas por Tran Anh Hung y
Olivier Assayas, contribuyeron de
manera significativa al renuevo.
Le Voile du bonheur, Edouard-Emile
Violet, 1923. Source: Collection Archives
du Film et du Dépôt Légal du CNC
Violet se lance dans la préparation de La Bataille10 d’après le roman à
succès de Claude Farrère publié en 190911et jouée au théâtre par Firmin
Gémier. L’idée d’adapter ce récit qui relate la lutte incessante entre
orientaux et occidentaux n’est pas récente: dès 1919, Violet et Donatien
y avaient songé, annonçant à la presse un tournage au Japon qui n’eût
jamais lieu.
C’est le 7 juillet que la presse corporative révèle l’arrivée dans le courant
du mois, en France, et pour la première fois, de Sessue Hayakawa et son
épouse Tsuru Aoki pour interpréter le film, sur la demande de Violet
épaulé par Louis Aubert.
La venue de l’acteur japonais, né Kintaro Hayakawa le 10 juin 1889 dans
la province de Chiba est d’une importance rare sur l’attrait de la France
et de son cinéma à l’époque. Sa présence sur le sol français est l’une des
meilleures fortunes entre la France et le Japon. Fils de gouverneur,
Hayakawa a fait des études commerciales à l’Université de Chicago,
puis du théâtre japonais à Los Angeles, adopte le nom de Sessue, et
épouse l’actrice Tsuru Aoki en 1914. La célébrité au cinéma lui vient dès
1915 avec son rôle de Japonais fourbe et cruel dans Forfaiture. Tournant
sans discontinuer, il devient l’un des acteurs les mieux payés
d’Hollywood où il fonde d’ailleurs sa propre maison de production, écrit
des scénarios, collabore à la mise en scène. En 1923, fatigué de l’attitude
hostile des Américains face aux étrangers, il décide de partir
pour l’Europe. De 1923 à 1925, Sessue Hayakawa tourne
quatre films en France et en Angleterre. Ensuite, il se
consacre au théâtre, et à l’avènement du parlant, commence
sa seconde carrière et revient en France où il devient très
populaire dans des films comme Yoshiwara, coproduction
franco-japonaise dirigée par Max Ophuls, le remake de
Forfaiture signé Marcel L’Herbier, et joue aux côtés d’autres
émigrés célèbres comme Conrad Veidt ou Erich von Stroheim
dans Tempête sur l’Asie ou Macao. Durant l’occupation, il
délaisse à nouveau le cinéma pour vivre en France de la vente
de ses aquarelles. Après la guerre, fatigué des productions
médiocres qu’on lui fait jouer, il rentre dans son pays natal12 .
Sessue Hayakawa, durant la période des préparatifs du film, donne des
conférences de presse sur le métier d’acteur et rencontre la profession.
Par ailleurs, un jeune artiste du nom de Georges Violet13sculpte le
visage expressif de l’acteur, buste attendu au salon des artistes de 1924.
Le tournage débute à Toulon où l’équipe s’est entièrement déplacée.
Sessue Hayakawa, quant à lui, dirige un atelier spécial à Neuilly pour les
éléments japonais. Sur fond de guerre russo-japonaise (1905), La
Bataille est presque un livre de témoignage de l’auteur, comprenant de
nombreuses références et détails déclarés exacts et vérifiés, avec une
trame fictionnelle peu développée. Le film est, quant à lui, une très libre
adaptation traduisant la volonté délibérée des auteurs d’avoir fait une
oeuvre grand public, à spectacle et effets grandioses. Mis en scène avec
le concours de l’Escadre de Toulon et de la Marine nationale, le film est
aussi centré sur la personnalité monolithique de Sessue Hayakawa, ce
qui a pour conséquence d’écarter les autres interprètes ou de les
cantonner à des rôles secondaires. Violet, en sinologue distingué se
plaît à tourner des intérieurs japonais; on y dénote également son
33 Journal of Film Preservation / 65 / 2002