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sicisme en était jusque-là dépourvu. Brahms n’est<br />

pas encore né, et Schumann n’a que six ans, quand<br />

Schubert compose cette Sonate ; aucun de ces<br />

deux maîtres d’ail<strong>le</strong>urs n’en connaîtra l’existence<br />

(la première publication date de 1897 !). il est<br />

alors d’autant plus étonnant de constater qu’à<br />

l’instar de la Sonate opus 11 de Schumann, cel<strong>le</strong>-ci<br />

commence aussi par une introduction, certes un<br />

peu plus longue, dans un registre plutôt grave.<br />

D’abord, l’harmonie est fixée en Fa dièse mineur<br />

durant quatre mesures, comme pour <strong>le</strong> début d’un<br />

lied ou dans la Barcarol<strong>le</strong> de Chopin, après quoi se<br />

développe, sur cette même harmonie, un thème<br />

chantant plaintif, prenant élan sur la note ut dièse<br />

répétée trois fois, qui dominera tout <strong>le</strong> reste du<br />

mouvement et qui, tel un <strong>le</strong>itmotiv, apparaîtra à<br />

nouveau, tantôt furtivement comme dans <strong>le</strong> deuxième<br />

mouvement (chants d’oiseau et accords finaux),<br />

tantôt à découvert (quatrième mouvement).<br />

Outre <strong>le</strong> travail thématique, l’écriture pianistique<br />

présente el<strong>le</strong> aussi un caractère<br />

novateur.<br />

Les interval<strong>le</strong>s importants entre <strong>le</strong>s notes, dans<br />

cette introduction qui tiendra lieu ensuite d’accompagnement,<br />

rendent nécessaire l’usage de la<br />

péda<strong>le</strong>. il en va de même pour la mélodie du thème<br />

principal, d’un boût à l’autre en redoub<strong>le</strong>ment<br />

d’octaves. Autre nouveauté : ce thème principal – à<br />

l’encontre de tous <strong>le</strong>s principes de la sonate traditionnel<strong>le</strong><br />

– est construit comme un lied (ABA) et<br />

s’achève par une cadence en Fa dièse mineur<br />

(Schubert reprendra une organisation semblab<strong>le</strong><br />

deux ans plus tard dans la Sonate en La majeur<br />

D 664). Malgré cette conclusion – qui n’en<br />

77 English Français Deutsch Italiano<br />

est pas une – la progression de l’ensemb<strong>le</strong> ne s’en<br />

trouve nul<strong>le</strong>ment affectée : du plus naturel<strong>le</strong>ment<br />

du monde, Schubert continue dans la même harmonie,<br />

déplaçant <strong>le</strong> motif d’accompagnement<br />

dans un registre supérieur et faisant jouer à la<br />

main gauche une libre imitation. Ainsi obtenues<br />

par décomposition en triades, typiquement clavieristiques,<br />

ces harmonies domineront <strong>le</strong> passage<br />

transitoire et <strong>le</strong> thème secondaire où, des différentes<br />

harmonies, prendra corps une mélodie de<br />

type choral, ainsi que la conclusion.<br />

Le développement se meut dans de sombres<br />

regions tona<strong>le</strong>s, fort éloignées. Les notes répétées<br />

du thème principal sont à nouveau reprises, en<br />

position grave ou aiguë, pour être combinées à une<br />

autre mélodie p<strong>le</strong>ine d’émotion.<br />

Etrangement, ce mouvement d’une rare beauté<br />

s’arrête exactement à l’endroit où devait commencer<br />

la reprise. C’est la raison pour laquel<strong>le</strong> cette Sonate<br />

fut considérée comme inachevée et qu’el<strong>le</strong> dut attendre<br />

80 ans avant d’être publiée. Schubert voyait<br />

sans doute dans <strong>le</strong> fait d’écrire une reprise quelque<br />

chose de plus ou moins mécanique qu’il estimait<br />

pouvoir reporter à plus tard, préférant aborder au<br />

plus vite et avec la même fraîcheur d’inspiration la<br />

composition des autres mouvements. (dans certains<br />

cas, comme par exemp<strong>le</strong> pour la Sonate en<br />

Si majeur, D 575, il subsiste, en plus d’une première<br />

version fragmentaire, une deuxième, plus<br />

tardive et complète). il ne fait aucun doute que, si un<br />

éditeur avait voulu publier cette Sonate, Schubert<br />

l’eût achevée. il s’en remit donc à la postérité. Je crois<br />

pouvoir affirmer sans me rengorger que ma façon de<br />

compléter et d’achever ce mouvement, ainsi que <strong>le</strong>

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