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Tranchant d'Acier - Index of

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Gautier sauta de sa selle et dut s’accrocher à la bride de sa monture quand des soldats en<br />

quête d’un endroit où dormir le bousculèrent sans ménagement. Malgré le froid, il ne portait<br />

rien sur son uniforme, et ses courts cheveux blonds et bouclés ondulaient librement au gré du<br />

vent. Avec ses yeux gris et son visage taillé en lame de couteau, ce gaillard avait toujours<br />

l’air occupé à ourdir quelque sombre complot. Mais à condition de ne jamais baisser sa garde,<br />

il pouvait se révéler un compagnon agréable.<br />

— J’ai entendu dire que tu étais mort, Timozel ! Un messager est rentré à Carlon pour…<br />

(Gautier s’interrompit, bouche bée, car il venait de reconnaître Faraday.) Par Artor, c’est<br />

vous, ma dame ? Comment est-ce possible ? Je… qui… quand…<br />

Faraday eut un rire de gorge forcé. Gautier ne lui ayant jamais inspiré confiance, elle fixa<br />

son champion, l’implorant de la laisser parler.<br />

— Timozel nous a sauvés, ma servante et moi, après cet affreux éboulis. Depuis, nous<br />

voyageons vers le nord dans des conditions épouvantables, comme en témoignent nos<br />

vêtements. (Elle tira sur sa robe.) Achetée à une paysanne, vous vous rendez compte ? Ah,<br />

mon bon Gautier… (Faraday marqua une pause avant de se lancer dans la partie la plus<br />

délicate de son mensonge.) Après avoir échappé à la mort, je n’ai plus supporté d’être<br />

séparée de Borneheld. Entendant mes supplications, Timozel a consenti à m’escorter vers le<br />

nord, au lieu de me ramener à Carlon. (Elle haussa les épaules avec une grâce calculée.<br />

Badiner un peu avec cet homme ne pouvait pas faire de mal.) Vous comprenez sûrement<br />

mon désir éperdu de rejoindre le duc. Iriez-vous jusqu’à m’aider ?<br />

En une fraction de seconde, Gautier mesura tout le crédit qu’il retirerait de cette aventure.<br />

Rêveur, il se vit entrer dans la salle d’audience du fort de Gorken, Faraday derrière lui – après<br />

qu’il l’eut découverte et sauvée de mille dangers ! Son maître lui garderait une<br />

reconnaissance éternelle…<br />

Posant les yeux sur la jolie servante debout près de la future duchesse, il entrevit aussi<br />

l’occasion de joindre l’utile à l’agréable. La belle blonde le dévorait des yeux ! Avec une<br />

pouliche pareille, il s’amuserait sûrement plus qu’entre les bras d’une des catins de bas étage<br />

dont le Ponton-de-Jervois abondait.<br />

Faraday vit le regard lubrique de Gautier. Sans trop y croire, elle espéra que l’attitude<br />

provocante d’Yr tenait plus de la stratégie que d’un réel désir.<br />

— Pour commencer, nous avons besoin d’un endroit où dormir. Si vous nous le procuriez,<br />

ma reconnaissance vous serait acquise. Et je crois pouvoir assurer que celle du duc suivra…<br />

— Vos désirs sont des ordres, ma dame ! Si vous voulez bien me faire l’honneur ?<br />

Rayonnant, Gautier tendit les rênes de son cheval à Timozel, qui les prit avec une<br />

mauvaise grâce évidente.<br />

Faraday accepta le bras que lui <strong>of</strong>frait son nouveau sauveur, et se laissa guider dans la<br />

rue, où le soldat se fraya un passage dans la foule à grand renfort de beuglements. Timozel<br />

et Yr, respectivement chargés du cheval et de la mule, emboîtèrent le pas au couple.<br />

Ce soir, pensa la Sentinelle blonde, ils dormiraient dans de vrais lits. Amusée, elle se<br />

demanda si elle ne devrait pas se livrer à un peu d’exercice, avant de prendre un repos bien<br />

mérité. A la façon dont il la dévisageait, elle avait cru un moment que Gautier allait lui sauter<br />

dessus et la prendre au milieu de la rue. Une initiative, rêvassa-t-elle, qui ne lui aurait peutêtre<br />

pas déplu… Et s’il fallait qu’elle se donne à cet homme pour que Faraday retrouve plus<br />

vite son « cher » Borneheld, elle n’était pas femme à reculer devant ses responsabilités…<br />

Le second du duc les conduisit dans une auberge au nom singulier – La Mouette Harassée

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