Rapport final - Comité régional d'éducation pour la santé en Aquitaine

sur base géographique et urbanistique concrète. Sur des territoires urbains, considérés comme pertinents, où vivent
des populations aux ressources économiques et sociales faibles, frappées de plein fouet par la crise, se mettent en
place des politiques associant l'État et les collectivités locales (dont les compétences viennent d’être accrues) pour
des actions articulant la réhabilitation de l'habitat et l'amélioration du cadre de vie, la formation et la recherche de
l'emploi, l'animation sociale et culturelle. L’État offre ainsi, aux collectivités locales qui le souhaitent, des
opportunités d’action transversale territorialisée.
Se développe ainsi, à la marge de l'action sociale, mais avec une diffusion médiatique importante, un ensemble de
procédures nouvelles visant l'insertion et le développement social local. Ces procédures conduisent à mise en place
progressive et au coup par coup d’une gamme de dispositifs d'intervention territorialisés qui se donnent pour
objectif explicite le développement social et l'insertion des exclus. En 1988, les dispositifs de lutte contre la
délinquance et de développement social de quartier sont réunis au sein d'une Délégation interministérielle à la
prévention de la délinquance et au développement social et urbain. Pour promouvoir une politique globale de la ville
est créée la Délégation interministérielle à la ville. La volonté de désenclaver les quartiers difficiles et de ne pas les
stigmatiser amena ensuite à la déclinaison de "Contrats de ville" puis des "Contrats urbains de cohésion sociale".
Une innovation dans la tradition politique française
À travers ces procédures se dessinent les contours de politiques sociales territorialisées, réalisant, selon Jacques Ion
: « le traitement social d'un territoire entendu comme espace et population, à la fois objet d'intervention et moyen de mise en
œuvre de cette politique. »
Cette nouveauté traduit à la fois une montée du local et l'affirmation d'un idéal participatif. La valorisation de
l'échelon local, demandée pendant les années soixante-dix par les critiques au "tout-État" et à la pesanteur
déresponsabilisante de l'État-providence, débouche sur la décentralisation des années quatre-vingt qui « affirme la
prééminence de la gestion des problèmes au niveau local. »
Une autre problématique vient croiser celle-ci, celle d'une revendication de "démocratie participative" plus attentive
à l'expression des groupes sociaux concrets qu'à la délégation de pouvoirs par le bulletin de vote, comme il est de
tradition dans notre république jacobine qui a imposé le principe de la "démocratie représentative" et considère
l'individu dans ce qu'il a d'universel, désinséré de ses appartenances et de ses attaches particulières.
Les limites de cette innovation
Ces dispositifs d'insertion restent limités. Ils pèsent peu par rapport à l'ensemble des interventions sociales. Ils sont
marqués de multiples compromis avec la problématique encore dominante et la légitimation de nouveaux espaces
d'intervention ne s'accompagne pas encore d'une législation changeant les formes d'exercice de la démocratie locale.
La limite des pouvoirs et des moyens d’action à long terme des échelons politiques locaux ne les incite pas à des
prises d’initiative forte et à un accueil serein des demandes de participation de groupes sociaux organisés. À l’échelle
des collectivités territoriales comme à l’échelle nationale, la démocratie de "représentation" garde une domination
écrasante et le déficit de démocratie de "participation" reste patent.
2. La prise en compte grandissante des inégalités sociales et géographiques de santé
Dans le cadre de la politique de la ville
Dans le cadre interministériel de la Div se développe, au début des années quatre-vingt-dix, une réflexion sur la
place de la santé dans la politique de la ville. Les divers ministères concernés sont interpellés pour que soient
intégrées dans leurs politiques de droit commun des réponses cohérentes aux problèmes posées par les relations,
apparues sur les territoires, entre les difficultés de santé et les processus de précarisation socio-économique. De
1990 à 1993, elle suscite des journées de travail et des séminaires qui se donnent pour objectif de repenser les
politiques locales de santé dans le cadre du référentiel du Développement Social Urbain (DSU), en cherchant
notamment quel rôle pourraient tenir des habitants souvent en retrait de la sphère publique et des droits communs.
Guidée par les principes du droit à la santé pour tous et de la citoyenneté, la réflexion menée porte plus
particulièrement sur les multiples "décrochages" qui frappent les populations des quartiers sensibles : éloignement
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