MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE - INRP

7 Avril 34 ÉDUCATION M O R A L E E T CIVIQUE 407
EDUCATION MORALE ^
La bonne humeur.
Dans une leçon telle que celle-ci, le meilleur exemple
que le maîlre ait à proposer, implicitement, à ses
élèves, doit être le sien propre : nulle part mieux
qu'en classe on ne saurait observer, en effet, les résultats
heureux de la bonne humeur et l'influence salutaire
qu'exerce sur autrui le spectacle d'un visage
paisible et souriant.
COURS ÉLÉMENTAIRE. — I. Jean qui
pleure et Jean qui rit. — Tout lo monde, certainement,
a chanté la chanson; et tout le monde
aussi, j'en suis sûr, connaît des camarades qui
ressemblent soit à l'un soit à l'autre de ces deux
« Jean », c'est-à-dire que les uns ont toujours
l'air désagréable, tandis que les autres ont toujours
l'air gentil; les premiers sont toujours de mauvaise
humeur, les autres toujours de bonne humeur. Il
n'est pas difficile, n'est-ce pas, de s'en apercevoir :
au premier coup d'œil, on sait à quoi s'en tenir.
1° Les « Jean-qui-pleurc » ont le visage morne, le
regard sombre, les lèvres maussades. Leur parlet-on,
ils ne vous répondent pas ou vous disent des
paroles revêches; s'approche-t-on d'eux, ils froncent
les sourcils, se mettent en colère et sont prêts
à vous donner un mauvais coup. Rien ne leur plaît,
rien ne les intéresse ni ne les amuse. Ils ne cessent
de se plaindre, de gémir, de grogner, et les occasions
leur en manquent d'autant moins qu'ils commettent
sottises sur sottises, maladresses sur maladresses.
Mécontents d'eux-mêmes et des autres,
COMPLÉMENTS POUR LES COURS
MOYEN E T SUPERIEUR. — II. Importance
de la bonne humeur. — L'égalité d'humeur, ce
n'est pas du tout, comme nombre de gens l'ima­
A L'ECOLE PRIMAIRE m*mmmmm
ginent, une vertu secondaire et dont nous avons lo
droit de nous dispenser : c'est un devoir.
1° Un devoir envers autrui, d'abord, parce qu'il
est profondément injuste de faire subir à ceux qui
nous entourent, par notre impolitesse ou notro
maussaderie, les conséquences d'événements où ils
ne sont pour rien;
2"Un devoir envers nous-mêmes, ensuite, car la
bonne humeur a la plus heureuse inlluence sur notre
vie intellectuelle et sur notro perfectionnement
moral.
« D'abord, elle porte bonheur. C'est une vérité delà
dernière évidence. N'avez-vous pas remarqué que, dans
vos jours de très bonne humeur, la fortune vous a étc
mystérieusement favorable ? Ce sont ces jours ofi tout
nous réussit, où tout nous sourit. Tous nos souhaits
sont exaucés; les affaires les plus embrouillées se démêlent
et s'éclaircissent comme par magie... Rien n'inspire
comme la bonne humeur. Il n'y a pas de café, pas d'élixir
qui vaille la bonne humeur pour éclaircir les idées. Quand
on est de mauvaise humeur, on fait mal tout ce qu'on a
à faire. La bonne humeur, au contraire, c'est la grâce,
c'est l'harmonie, c'est le tact.
« Voici un troisième bienfait de la bonne humeur, et
non le moindre : elle nous rend meilleurs. Elle nous
dispose à la bienveillance et à l'indulgence. Nous imaginons
partout de bons sentiments,de bonnes intentions;
nous prenons tout en bonne part. La bonne humeur est
contagieuse et c'en est le plus grand bienfait. Quand
nous sommes vraiment de bonne humeur, tous les visages
s'éclairent autour de nous. Nous rayonnons, c'est-àdire
que notre bonne humeur rayonné, comme la chaleur
de nous à ceux qui nous approchent. »
les