MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE - INRP

PARTIE GÉNÉRALE 535
MOUVEMENT CORPORATIF
LES UNIVERSITAIRES CONTRE LES DÉCRETS-LOIS
Dans le mouvement de protestation de
tous ceux qui sont atteints par les économies
lixces dans les décrets-lois, l'Université figure
au premier rang. C'est qu'en effet, les conséquences
des mesures prises par le Conseil des
ministres, dans la journée du 29 mars seront
préjudiciables non seulement au personnel
ensei-iiiaïft tout entier, mais encore au service
de l'enseignement tous les degrés.
Quelles sont ces mesures ?
I n premier train de plus de 2 milliards
d'économies, par la suppression de 10 % de
l'effectif des agents de l'Etat, sans distinction
entre les services. M. Berthod rejoignait dans
cette circonstance toutes les associations et
tous les syndicats qui groupent les fonctionnaires
de l'Université. Ce n'est pas dans une
administration où les créations d'emplois devraient
être reconnues automatiquement qu'il
faillirait parler de suppressions de postes.
Parle même train,d'importantes économies,
ion parle de 700 millions] seraient obtenues
avec une réduction de 5 à 10% des traitements,
et cette fois sans abattement à la base, ni
exonération. On prévoit également plus de
G00 millions d'économies par la suppression
des cumuls, offices, etc...
Puis viennent les sacrifices imposés aux
retraités. D'après ce que nous savons des
intentions des services financiers, il ne s'ag -
rail, pas seulement d'une diminution momentanée
des pensions, mais d'un bouleversement
profond de la loi de 1924; au lieu des trois
quarts du traitement moyen, on envisagerait
!a moitié seulement; d'autre pa t, e p.afond
serait abaissé de 45000 fr. £ 35000 fr. De"
même serait modifié le régime des" majorations
aux fonctionnaires ayant fait la guerre.
Rien n'est encore décidé pour les pensions
des combattants, mais ce n'est que partie
remise, et bientôt nous connaîtrons sans doute
encore, sur ce chapitre, d'importar.tes réductions.
Ces propositions, connues en partie avant
le départ en vacances du personnel enseignant,
devaient naturellement provoquer une vive
reaction des intéressés. A Paris, un meeting
organisé par les confédérés et les unitaires
avait pour conclusion l'ordre du jour suivant :
Les universitaires, réunis le 26 mars 1934 à la
Bourse du Travail, sur convocation des syndicats
conlédérés et unitaires de l'Enseignement de la
Seine, "
S élèvent contre les décrets-lois, contre toute
ftninution des traitements et indemnités des
fonctionnaires et agents des services publics comme
les salaires ouvriers déjà scandaleusement comprimés;
Protestent contre toute économie faite sur le .
budge t, dé jà lamentablement insuffisant, de l'éducation
nationale;
Affirment leur volonté de défendre les organisations
eL les libertés ouvrières contre les attaques
des forces de réaction, qu'elles se réclament de la
légalité actuelle ou qu'elles s'inspirent directement
des fascismes allemandj italien ou autrichien ;
Se solidarisent entièrement avec la classe
ouvrière organisée au sein de laquelle ils entendent
mener l'action quotidienne comme la lutte décisive ;
Se félicitent de l'accord réalisé entre les deux
organisations syndicales dont ils veulent respecter
spontanément la discipline dans l'action;
S'engagent à travailler dans tous les arrondissements
de Paris, dans toutes les communes de
banlieue, au rapprochement fraternel des travailleurs
manuels et intellectuels de toutes tendances
pour poursuivre la lutte.
De son côté, le Cartel des services publi< s
communiquait à la presse, le 27 mars :
Le Cartel confédéré des services publies s'est
réuni au siège, de la C. G. T. à 14 h. 30, sous la
présidence de Lenoir, secrétaire administratif de
la C. G. T.
Il a pris connaissance des intentions du gouvernement
qui résultent tant du discours du président
du Conseil que des renseignements recueillis,
intentions qui se traduiraient par une forte réduction
des traitements, une compression massive
des effectifs aboutissant à la mise en retraite
anticipée de 80 000 agents...
Le Comité central proteste énergiquement
contre l'injustice de tels projets qui imposent de
nouveaux et lourds sacrifices aux agents des
services publics et plus particulièrement aux petits
et qui auront pour effet de désorganiser les services
publics, mais qui sont, muets sur les moyens de
résoudre la crise économique et de mettre fin au
scandale des fraudes fiscales.
.11 dénonce, une fois . de plus . la politique de
déflation suivie par le gouvernement, politique qui
a fait faillite dans tous-les pays qui l'ont déjà
expérimentée et qui aboutîf-a, automatiquement à
une aggravation de la crise et à un accroissement
de la misère dans le pays.
Le Cartel décide, comme premier moyen de
protestation, d'organiser un meeting vendredi soir
30 mars, à la Bourse du Travail, et d'alerter tous
les adhérents de ses fédérations.
Aussitôt les. syndicats des transports en
commun -— T.C.R.P. — et ceux de l'éclairage
et des forces motrices — Gaz et Électricité —
prenaient leurs dispositions pour appuyer le
mouvement du Cartel.
C'est se dementle mercredi 4avril que seront
définitivement adoptées, au cours d'un Conseil
des ministres, les mesures proposées par le
Gouvernement. Le texte des décrets paraîtra
vraisemblablement le lendemain au Journal
officiel. L E TÉMOIN.
^rrincAT D'ÉTUDES. j. LE BAS. Cent Dictées 4.60