MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE - INRP

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538 ce Lella Baïda ». LELLA BAÏDA est une charmante fête coranique célébrée vers la fin du mois de Ramadan consacré au jeûne religieux. Elle est marquée par la remise aux jeunes élèves du msid (école coranique) de planchettes enluminées exécutées au cours de ce mois de jeûne. Dès ies premiers jours clu mois de Ramadan, chaque élève apporte un œuf et un citron au fquih du msid (maître indigène enseignant le Coran). Souvent même, il y joint quelque argent. Œufs et citrons servent en partie à préparer les planchettes et les couleurs, mais la grosse part servira à rendre plus substantielle la traditionnelle harira du fquih (soupe qui est la première nourriture cuisinée absorbée après le coup de canon du soir annonçant quotidiennement la rupture du jeûne). L'argent servira à acheter les ingrédients divers employés : papier, colle, poudre colorante, roseaux taillés, etc... LE fquih commence tout d'abord à j)réparer les planchettes. Il utilise pour cela, non pas une planchette de bois, mais simplement des feuilles de carton qu'il recouvre d'une belle feuille de papier blanc. 11 colle la feuille sur le carton, soit avec du blanc d'œuf, soit avec de la colie de farine. Quelques élèves aisés remplacent souvent le carton par une planchette en bois blanc, ce cjui est conforme à l'ancienne tradition. Ces planchettes étant préparées, le fquih y trace des motifs décoratifs variés au moyen d'un compas. Il assure personnellement le traçage des dessins compliqués et charge ses meilleurs élèves de tracer les motifs simples destinés aux jeunes élèves. L'ensemble de ces dessins se présente sous forme de poissons, de papillons et surtout de rosaces. Quand toutes les planchettes sont tracées, et c'est généralement le programme de la première moitié de Ramadan, il faut songer au zouaq (enluminure). On s'occupe tout d'abord des couleurs que l'on prépare comme celles employées pour la gouache. Leur gamme est généralement limitée au jaune, au vert, au rouge, au bleu et au noir. Anciennement, elles étaient d'origine végétale, mais aujourd'hui c'est le droguiste qui fournit la poudre colorante. Quelle joie à l'annonce du commencement de l'enluminure ! Il s'agira de bien garnir les petits motifs symétriques de chaque dessin avec la couleur lustrée appropriée qui, en séchant, formera un relief luisant du plus bel eflet. Il faudra surtout éviter soigneusement de garnir les chebbaks (petits ronds parsemés dans chaque dessin qui émailleront l'ensemble de petites étoiles immaculées). Chacun réalisera au mieux le contraste des couleur-. Pas de pinceau pour ce travail délicat, mais simplement le roseau traditionnel dont la pointe eflilée ira couvrir les plus petits recoins. Les élèves, groupés à trois ou quatre aulour d'un mejmâ (sorte d'encrier en terre cuite vernissée percé en général de sept trous renfermant les diverses couleurs et les roseaux taillés), exécuteront patiemment leur travail délicat. Un petit chiffon permettra le nettoyage du roseau lors du changement d'emploi des couleurs. Tous les élèves sont attentifs pcndantles séances d'enluminure. Ce travail de patience exige, en outre, une parfaite sûreté de main. Le fquih contrôle le travail et donne des conseils pour l'emploi des couleurs. Une bonne dizaine de jours est nécessaire pour l'enluminure des lellas baïdas. Il faut absolument qu'elles soient achevées pour la journée de lila kcbira (grande nuit), le vingt-septième jour du mois de Ramadan. Ce jour-là, chaque élève apportera un oadeau en espèces au fquih ; c'est le fekkak. En échange, le donateur recevra sa lella haidu qu'il pourra emporter à sa maison et montrer à ses parents et amis. Le père n'oubliera pas de remettre une petite somme à son enfant en la lui rendant. Parents et amis donneront également quelque chose. Le soir même, quand la famille fera le tour de la ville pour visiter les sanctuaires et les mosquées illuminées à giorno, cet argent permettra à l'enfant d'acheter des sucreries que de nombreux marchands ambulants offrent à tous les coins de rues ou aux portes des lieux saints. Chaque jeune musulman'accrochera ensuite sa lella baïda dans sa chambre. Ce souvenir fixera une étape évocatrice de ses études coraniques. Quelquefois, le dessin est tout simplement exécuté sur la planchette en bois dur utilisée quotidiennement pour l'étude du Coran. Dans ce cas, il ne pourra être conservé que pendant les dix jours de congé qui suivent le vingtseptième jour. Quand les études coraniques reprendront, il faudra faire disparaître la belle enluminure sous la couche de sounsal (fine argile blanche) qui remet habituellement à neuf sâ planchette pour l'étude journalière du Coran. A ce moment-là, peut-êLre une larme perlera-t-elle pour traduire son gros chagrin. Cependant, à trois reprises au cours de ses études coraniques, le jeune musulman chan- CERTIFICAT 0' ÉTUDES. G. MANUEL. 100 R éd actio n S aiueiopllmeVta. 3 séries. La série. 3.60
7 Avril 34 PARTIE GÉNÉRALE 53» géra de modèle de planchette pour adopter un format plus grand en rapport avec les progrès de sa mémoire. Lors d'un tel changement, il pourra conserver sa belle lella baïda et le fquih n'oubliera pas alors d'écrire au verso de celle-ci le dernier verset étudié. Quelle belle relique à conserver précieusement ! i s fillettes, qui ne fréquentent pas le msid, L reçoivent cependant l'enseignement coranique dans la maison particulière d'une fquira (maîtresse coranique privée). Elles célèbrent In fête de lella baïda avec beaucoup plus d'éclat que les garçons. Parées de leurs plus beaux atours, elles se réunissent, par groupes et, à tour de rôle, organisent de jolies petites fêtes dans la maison de l'une d'elles. Après avoir fait admirer individuellement leurs planchettes enluminées par leurs hôtesses, elles placent leur lella baïda au milieu du patio et exécutent une joyeuse ronde tout autour en chantant la ritournelle suivante : Lella baïda, lella baïda ! Donne-moi un œuf pour enluminer ma planchette! Ma planchette est chez le fquih. Et le fquih est au Paradis. Quoi de plus doux que le Paradis! Notre Maître nous l'a permis. SUR L Petites rc 'T'ous l'admettent : une bonne classe, c'est A une classe où la discipline semble se faire toute seule, sans que le maître ait besoin d'intervenir. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Voici quelques extraits d'un carnet d'inspections : Classe unique : 25 élèves. Une bonne leçon de morale sur « le soin » vient de se terminer : « Maintenant, copiez le résumé.—• Monsieur, mon encrier est vide... — Mon cahier est fini... -— S'il vous plaît, Monsieur, une plume, la mienne est cassée ». Et, naturellement, cinq minutes se perdent. J'allais intervenir discrètement, niais continuant de feuilleter le cahier de préparation, je rencontre un bon plan de causerie sur ce sujet : « la prévoyance ». Cours préparatoire. — Une leçon de lecture. O Toi qui nous entends ! exauce nos vœux. Ne nous refuse pas d'espérer. Par la Majesté du Prophète Mohammed, Mohammed et ses compagnons Qui se trouvent au Paradis. Tau ! Tau ! Le blé est sur la terrasse. Fatima et Ilalima sont sur un citronnier. Quoi de plus doux qu'un citron ! Notre Maître nous l'a permis. O Toi qui nous entends ! exauce nos vœux. Ne nous refuse pas d'espérer. Par la Majesté du Prophète Mohammed, Mohammed et ses compagnons Qui se trouvent au Paradis. Thé, gâteaux, jeux divers et chants accompagnés du tambourin agrémentent les fêtes données à l'occasion de lella baïda. Vive lella baïda ! Plus tard, les élèves doués pour le dessin et l'enluminure utiliseront leurs talents pourréaliser de beaux cadres dans lesquels desversets seront encadrés dit belles enluminures. Ils trouveront preneurs à un bon prix à l'occasion des fêtes canoniques. E VIF CHAUDANSON, Directeur de l'Ecole de fils de notables de Rabat- Tous sont devant les tableaux... Le maître lit d'abord, puis tous lisent en chœur « br...r brebis ». A la récréation, j'interroge : « Pourquoi agir ainsi ... ? — Cela « rentre » mieuxT M. l'Inspecteur, ceux qui savent aident le& autres.... — Oui, mais lorsqu'ils se trompent, vous criez bien fort pour rectifier. Le bruit appelle le bruit ». N E provoquons-nous pas parfois, par maladresse ou négligence, les « remue ments », l'agitation dont nous nous plaignons ? « On ne travaille bien que dans la joie «déclarent les Instructions officielles. Ajoutons ; « ... et dans le calme ». BRÉMONT, Inspecteur de l'Enseignement primaire à Laval- Les conférences pédagogiques de 1934. Aux termes de la circulaire ministérielle du 7 février dernier, le sujet des conférences pédagogiques, cette année encore, sera choisi, dans chaque département, par /'Inspecteur d'académie. Nous remercions par avance ceux de nos abonnés qui voudront bien nous communiquer lé texte du sujet proposé dans leur circonscription. Comme les années précédentes, nous serons à la disposition de ceux qui le désireront pour leur fournir, par lettre particulière, moyennant 5 francs, des indications, une documentation, des suggestions sur le sujet qu'ils auront à étudier.
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