TEMPLE D’APOLLON A CLAROS Figure 17 : Plans des temp<strong>le</strong>s mis en chantier au 4e sièc<strong>le</strong> aC à Delphes, au sanctuaire d'Apollon de Didymes, à l'Artémision d'Éphèse et à Claros, à la même échel<strong>le</strong> (mise en page D. Laroche) Figure 18 : Plan restitué du projet retenu au 2e sièc<strong>le</strong> aC. En haut, niveau supérieur. En bas, niveau de la crypte (D. Laroche) 123
<strong>le</strong>s huit tambours sommitaux d'une colonne du temp<strong>le</strong> de Claros et il y a d'autant moins de doute à avoir sur la destination du navire qu'il a été trouvé entre <strong>le</strong>s carrières de la mer de Marmara et <strong>le</strong> sanctuaire et qu'au-‐ cun autre édifice dorique dont <strong>le</strong>s colonnes auraient eu <strong>le</strong>s dimensions de cel<strong>le</strong>s du temp<strong>le</strong> n'est connu pour avoir été en chantier à la fin de l'époque hellénistique en Asie Mineure. Le naufrage a été daté dans <strong>le</strong> courant du 1 er s. aC, entre 100 et 30 aC probab<strong>le</strong>ment. Pour la connaissance du temp<strong>le</strong> d'Apollon Clarios l'intérêt de la découverte est trip<strong>le</strong>. 1. L'épave permet de connaître l'ori-‐ gine du marbre d'une partie de l'élévation du temp<strong>le</strong>. 2. El<strong>le</strong> atteste l'existence de travaux sur la colonnade du temp<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> courant du 1 er s. aC. 3. El<strong>le</strong> confirme, enfin, que l'on a procédé par édifications successives de colonnes et non par la mise en place pro-‐ gressive des différents tambours de toutes <strong>le</strong>s colonnes. Tout laisse donc penser que la construction durant <strong>le</strong> 2 e s. de la crypte oraculaire et des sal<strong>le</strong>s qui la couvrait, fut suivie de l'érection progressive de quinze colonnes, quatre en façade puis cinq sur chacun des longs côtés. Ces travaux se déroulèrent au moins partiel<strong>le</strong>ment durant ce 1 er s. aC qui fut une grande période de travaux dans <strong>le</strong> sanctuaire. On construisit alors de nouveaux propylées doriques et, en bordure de la voie qui séparait ces propylées du parvis des temp<strong>le</strong>s, de nom-‐ breuses statues honorifiques furent érigées pour des Romains, certaines sur des bases construites à cet effet, d'autres sur des monuments remployés. On compte parmi el<strong>le</strong>s une statue du proconsul Sextus Appu<strong>le</strong>ius, <strong>le</strong> neveu d'Auguste 13 . Ce dernier fut honoré par <strong>le</strong>s Colophoniens, en 22 ou 24 aC, d'une statue de bronze placée sur une colonne corinthienne qui avait été érigée vers la fin du 2 e s. aC pour un personnage qui nous est inconnu. Il se 13 Voir pour la dédicace : Ferrary 2000, 360-364 et pour la colonne : Étienne/Varène 2004, 117-123. 124 MORETTI pourrait que ce Sextus Appu<strong>le</strong>ius ait joué un certain rô<strong>le</strong> dans la construction du temp<strong>le</strong>. Ainsi s'expliquerait <strong>le</strong> titre de fondateur (κτίστης), dont il est qualifié dans la dédicace de sa statue et qui est resté jusqu'ici inexpliqué. Au tout début de l'époque impéria<strong>le</strong>, après <strong>le</strong>s travaux conduits très progres-‐ sivement dans <strong>le</strong> courant du 2 e et du 1 er s. aC, <strong>le</strong> temp<strong>le</strong> devait donc avoir plus ou moins l'aspect de la fig. 20 avec une colonnade périphérique inachevée et sans entab<strong>le</strong>ment. Apollon n'était pas <strong>le</strong> seul honoré dans <strong>le</strong> temp<strong>le</strong>. Entre 31 et 28 aC la cité de Colophon avait consacré dans <strong>le</strong> naos une statue d'Octavien, <strong>le</strong> futur Auguste 14 . Les travaux ne semb<strong>le</strong>nt pas avoir progressé dans <strong>le</strong> courant du 1 er s. aC, ce qui n'empêchait pas l'orac<strong>le</strong> de fonctionner. Nous savons par Tacite (Anna<strong>le</strong>s II, 54) qu'en 18, il fut consulté par Germanicus auquel il annonça sa mort qui survint l'année suivante. Sur la façade du pronaos, qui constituait alors la façade même du temp<strong>le</strong>, fut gravée l'inscription de son père adoptif, Tibère. El<strong>le</strong> fut inscrite sur <strong>le</strong> tiers droit de l'architrave, comme si un autre texte était gravé sur l'entrecolonnement médian. Tibère, après Auguste, fut donc honoré dans <strong>le</strong> temp<strong>le</strong> d'Apollon, comme il l'était dans celui de Dionysos, à Téos, non loin de Colophon. Hadrien finança la reprise des travaux, mais non <strong>le</strong>ur achèvement. On lui doit l'entab<strong>le</strong>ment et <strong>le</strong> fronton de la façade. Le temp<strong>le</strong> ne fut cependant pas terminé. Trente ou quarante ans après la mort de l'empereur, Pausanias (VII.5.4) mentionne <strong>le</strong> sanctuaire d'Apollon à Claros, avec celui de Didymes, comme des constructions ina-‐ chevées. On sait qu'à Didymes, une bonne partie des colonnes ne fut pas réalisée. À Claros aussi, ce sont probab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s colonnes périphériques qui demeurèrent inachevées. Lors des fouil<strong>le</strong>s on a découvert 14 Ferrary 2000, 357-359.
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