bob morane l'héritage du flibustier
bob morane l'héritage du flibustier
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trébucha en pleine course et s’écroula, la nuque percée d’une<br />
flèche, puis un autre tomba à son tour. On eut dit que les<br />
Karapeï épargnaient les trois Blancs, dans l’espoir sans doute de<br />
les prendre vivants et de les ré<strong>du</strong>ire en esclavage. Cette peu<br />
réjouissante perspective stimula l’énergie des deux Français et<br />
<strong>du</strong> gouverneur, qui foncèrent de plus belle.<br />
Quand ils parvinrent aux canots, ils trouvèrent les cadavres<br />
des deux gardiens éten<strong>du</strong>s, percés de dards, sur la plage. Seuls,<br />
eux trois, par une sorte de miracle, ou plutôt grâce au bon<br />
vouloir des Karapeï, avaient donc échappé au massacre.<br />
— Tâchons de fuir par eau, fit Bob. Peut-être les Karapeï ne<br />
gardent-ils pas le rio et réussirons-nous à passer.<br />
Déjà, d’un commun effort, ils avaient poussé un des canots<br />
dans le courant et y avaient pris place. En quelques coups de<br />
pagaies, ils gagnèrent le milieu <strong>du</strong> courant mais, <strong>du</strong> côté <strong>du</strong><br />
Santa-Anna, trois pirogues indiennes, chargées de guerriers<br />
bleus, leur barrèrent le passage. Force leur fut donc de se lancer<br />
à contre-courant dans le Curupiri, pagayant à pleins bras pour<br />
défendre leur liberté et leur vie.<br />
Parfois, Claude Loarec, qui était le plus jeune des trois<br />
hommes et, par conséquent, le moins aguerri en face de la mort,<br />
tournait la tête avec anxiété vers les pirogues indiennes qui,<br />
lentement, se rapprochaient.<br />
— Nous n’y parviendrons pas, disait-il avec une sorte<br />
d’inquiétude dans la voix. Nous n’y parviendrons pas.<br />
Morane serra les dents. Il savait qu’ils n’y parviendraient<br />
pas car, plus rapides parce que plus légères et maniées par de<br />
plus nombreux bras, les pirogues des Karapeï gagnaient à<br />
présent <strong>du</strong> terrain à vue d’œil. Cependant, les trois hommes,<br />
maintenant complices dans un commun instinct de<br />
conservation, continuaient de s’entêter à vouloir distancer leurs<br />
adversaires. La poursuite <strong>du</strong>ra longtemps. L’esprit engourdi par<br />
le soleil et par l’angoisse, Morane et ses compagnons n’avaient<br />
plus conscience <strong>du</strong> temps, et leurs bras engourdis par l’effort ne<br />
maniaient plus les pagaies que par automatisme. Derrière eux<br />
cependant, les pirogues indiennes cessaient de se rapprocher,<br />
les hommes qui les montaient se contentant de les maintenir à<br />
la limite de la portée efficace des carabines. Puis, soudain, José<br />
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