Argentine : Volver - Nouveaux Droits de l'Homme
Argentine : Volver - Nouveaux Droits de l'Homme
Argentine : Volver - Nouveaux Droits de l'Homme
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
R . P r o d i<br />
S. Bercusconi<br />
ITALIE<br />
APRÈS LA DÉFAITE DE BERLUSCONI…<br />
La déca<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la démocratie médiatique en Italie<br />
D ans<br />
la succession convulsive d’évènements<br />
politiques <strong>de</strong> cette phase <strong>de</strong> la<br />
crise <strong>de</strong> l’idée européenne, une petite<br />
contribution à la confusion et une ultérieure<br />
avancée vers la perte <strong>de</strong> représentativité <strong>de</strong>s<br />
partis politiques est donnée par les élections<br />
politiques en Italie. Deux coalitions hétérogènes<br />
se sont affronté: celle du centre-droit guidée<br />
par Silvio Berlusconi, le magnat <strong>de</strong> la télévision,<br />
au 35ème rang (dixit Forbes) <strong>de</strong>s hommes<br />
les plus riches <strong>de</strong> la planète, et celle <strong>de</strong><br />
gauche, guidée par Romano Prodi, ancien prési<strong>de</strong>nt<br />
<strong>de</strong> la Commission Européenne.<br />
Le spectacle offert par ces <strong>de</strong>ux responsables et<br />
leurs coalitions respectives a été <strong>de</strong>s plus pénibles<br />
ce qui provoque une recru<strong>de</strong>scence d’abstentions<br />
<strong>de</strong> la part <strong>de</strong> tous ceux qui déci<strong>de</strong>nt<br />
<strong>de</strong> ne pas déci<strong>de</strong>r pour ne pas se sentir étiquetés<br />
comme partisan <strong>de</strong> l’un ou <strong>de</strong> l’autre.<br />
L’unique aspect intéressant <strong>de</strong> cette compétition<br />
a été l’affrontement entre l’empire médiatique<br />
<strong>de</strong> Berlusconi et ladite Presse libre.<br />
D’une part, les trois chaînes <strong>de</strong> Berlusconi<br />
contrôlées par sa famille, ainsi que plusieurs<br />
quotidiens et hebdomadaires, lui appartenant<br />
(Il Giornale, Il Foglio, Libero); <strong>de</strong> l’autre, les<br />
grands quotidiens italiens tels que le Corriere<br />
<strong>de</strong>lla Sera, La Repubblica et La Stampa, la<br />
chaîne publique Rai 3, la Confindustria<br />
(patronat italien) et les syndicats. Un affrontement<br />
inégal en apparence, si l’on tient<br />
compte qu’outre ses trois cuirassés berlusconiens,<br />
le chef du centre-droit a pu compter<br />
sur l’attitu<strong>de</strong> complaisante <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux principales<br />
chaînes publiques (Rai 1 et Rai 2) dont la<br />
participation dans le débat politique est<br />
supervisée par un Comité parlementaire <strong>de</strong><br />
contrôle à majorité Centre-droit.<br />
De nombreux experts <strong>de</strong> la politique italien-<br />
La Maddalena<br />
Base nucléaire américaine bientôt démantelée<br />
par Michel Rocher (NDH-Italie)<br />
Durant trente-trois ans, la base nucléaire militaire américaine, enclavée dans le Parc Marin<br />
<strong>de</strong> l’Archipel <strong>de</strong> La Maddalena (Sud-Corse/Nord-Sardaigne) a fait l’objet d’innombrables<br />
polémiques : occupation <strong>de</strong>s militaires américains, facilitée par les institutions italiennes<br />
(Communes, Régions, Parlement, Gouvernement); découverte <strong>de</strong> polluants radioactifs<br />
(Cobalt, Thorium, Plutonium) dans l’eau <strong>de</strong> mer, et, bien entendu, autant <strong>de</strong> démentis <strong>de</strong><br />
la part d’instituts préposés au contrôle (malgré l’incessante alerte aux tumeurs <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s<br />
habitants, malgré la naissance, en 1976, <strong>de</strong> cinq bébés au crâne déformé); problèmes avec<br />
les marins américains, à maintes reprises protagonistes <strong>de</strong> rixes et autres comportements violents,<br />
comme par exemple ce “marine” américain qui, le 14 Juillet 1978, a poignardé une<br />
fillette <strong>de</strong> cinq ans. Mais ce qui rend le tout ahurissant c’est l’effort incessant <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s<br />
gouvernements successifs, pour déformer la vérité et accuser les “subversifs”.<br />
WWF, Greenpeace, Legambiente, pêcheurs sar<strong>de</strong>s et corses (avec à leur tête Guy Cucchi),<br />
Roland Tafani, coordinateur <strong>de</strong>s Verts Corses, Jean-Christophe Angelini, Secrétaire National<br />
Corse, Pietrina Murrighile, Prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> la Province Nord-Sardaigne et enfin le Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la<br />
Région Sardaigne, Renato Soru, ont eu finalement raison <strong>de</strong> cette imposture: la base nucléaire<br />
militaire américaine laissera bientôt la place à un complexe touristique <strong>de</strong> haut niveau. Pour la<br />
plus gran<strong>de</strong> joie du Mérou à taches brunes. Les Français sont déjà sur les rangs. Espérons.... <br />
ne et les sondages se sont interrogés sur l’influence<br />
que cet alignement <strong>de</strong>s médias pourrait<br />
avoir sur le résultat <strong>de</strong>s élections. Certains<br />
ont poussé l’enquête sociologique jusqu’à<br />
voir en Berlusconi le mal aimé et en Prodi le<br />
favori, puisqu’ils ont considéré l’appui <strong>de</strong>s<br />
industriels et <strong>de</strong>s syndicats, <strong>de</strong> l’intelligentsia<br />
universitaire et académique, <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong><br />
majorité <strong>de</strong> la magistrature et <strong>de</strong>sdits pouvoirs<br />
forts <strong>de</strong> l’économie (administrations <strong>de</strong><br />
banques, gran<strong>de</strong>s assurances, etc...), comme<br />
une démonstration du fait que l’atypique<br />
Berlusconi, malgré cinq années ininterrompues<br />
<strong>de</strong> gouvernement, n’a jamais été reçu<br />
dans les salons exquis du pouvoir italien.<br />
Par ailleurs, les capacités <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>ment<br />
et d’affabulation <strong>de</strong> Berlusconi, son populisme<br />
à la Menem, ont prévalu, dans la tribune<br />
médiatique, sur l’image grise et dénuée<br />
<strong>de</strong> charme <strong>de</strong> Prodi. Il ne faut pas oublier,<br />
en effet, que Prodi n’est pas un homme nouveau<br />
dans la politique italienne. On se souvient<br />
que dans les années soixante-dix il était<br />
déjà prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’IRI, le plus grand groupe<br />
industriel du secteur public ; qu’il a été<br />
ministre à maintes reprises et en 1996, et<br />
Prési<strong>de</strong>nt du Conseil pendant <strong>de</strong>ux ans.<br />
Une classe politique usée<br />
Avec <strong>de</strong> telles données <strong>de</strong> l’épreuve électorale<br />
italienne, on ne peut certes dire que les<br />
perspectives soient enthousiasmantes.<br />
Démonstration a été faite le 14 Mars<br />
durant le face à face télévisé sur la première<br />
chaîne publique: un spectacle ennuyeux et<br />
guindé, dénué <strong>de</strong> panache et balbutiant,<br />
enlevé par Prodi uniquement à cause <strong>de</strong><br />
l’incapacité <strong>de</strong> Berlusconi <strong>de</strong> s’adapter aux<br />
par Mario <strong>de</strong> Stefano, avocat, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> NDH-Italie<br />
règles rigi<strong>de</strong>s d’un face à face à l’américaine,<br />
lui d’ordinaire si débordant et prolixe, incapable<br />
d’improviser sans ses fameuses notes,<br />
et habitué surtout à se voir adresser <strong>de</strong>s<br />
questions sur <strong>de</strong>s sujets préétablis.<br />
A quelques jours <strong>de</strong>s élections, tous les sondages<br />
ont donné la prépondérance du vote à la<br />
gauche <strong>de</strong> trois ou quatre points. Les querelles<br />
entre les neuf partis <strong>de</strong> la coalition <strong>de</strong> centregauche,<br />
les gaffes <strong>de</strong> Prodi et les énormes<br />
dépenses pour la campagne électorale <strong>de</strong> la part<br />
<strong>de</strong> Berlusconi ont pu faire récupérer à la droite<br />
quelques voix mais il est clair désormais qu’il ne<br />
suffit pas <strong>de</strong> disposer d’un quasi monopole<br />
médiatique pour gagner les élections.<br />
Enfin, le fait que presque tous les pouvoirs se<br />
soient rangés aux cotés <strong>de</strong> Prodi n’est pas non<br />
plus à l’avenir la garantie d’un ample succès électoral.<br />
Le scénario politique qui se profile après<br />
les élections n’est pas pour autant rassurant. La<br />
classe politique a reconquis les places fortes du<br />
pouvoir, avec tout ce que cela comporte en termes<br />
<strong>de</strong> financements publics, <strong>de</strong> privilèges, <strong>de</strong><br />
clientélisme et <strong>de</strong> joyeuse gestion <strong>de</strong> la chose<br />
publique (l’Italie détient la troisième place dans<br />
le mon<strong>de</strong> en ce qui concerne la <strong>de</strong>tte publique).<br />
Durant les cinq prochaines années donc, il<br />
n’y a aucun espoir <strong>de</strong> réformes, <strong>de</strong> diminution<br />
<strong>de</strong> la dépense publique l’allègement <strong>de</strong><br />
l’appareil bureaucratique. Pas <strong>de</strong> concurrence<br />
ni libéralisations. Et tout cela à cause<br />
<strong>de</strong> responsabilités qui ne peuvent être<br />
imputées ni à la droite ni à la gauche mais à<br />
l’ensemble <strong>de</strong> la classe politique professionnelle.<br />
L’unique espoir pourrait venir d’un<br />
éveil <strong>de</strong> la conscience politique, que la crise<br />
économique post-mondialisation pourrait<br />
provoquer. A la manière <strong>de</strong> la révolution<br />
orange ukrainienne ? <br />
Arc en Ciel • 27