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Argentine : Volver - Nouveaux Droits de l'Homme

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Dès l’instant où la rencontre <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux êtres en a créé un troisième,<br />

celui-ci existe.<br />

Biologique-ment d’abord.<br />

Mais le fait d’avoir une « existence » biologique<br />

ne lui donne aucune certitu<strong>de</strong> sur<br />

le droit d’Exister au regard <strong>de</strong>s autres<br />

pour l’avenir.<br />

Dans une société mo<strong>de</strong>rne dont les bonnes<br />

vieilles certitu<strong>de</strong>s ancestrales s’émiettent,<br />

tant à la lumière <strong>de</strong> discutables utilisations<br />

<strong>de</strong>s découvertes <strong>de</strong> la science,<br />

qu’à la pénombre <strong>de</strong>s replis sur soi et d’un<br />

nouvel obscurantisme, dans une société<br />

où <strong>de</strong>s morceaux <strong>de</strong> solidarités « légalisées<br />

», « administrées » à la manière <strong>de</strong>s<br />

potions, « circularisées » par <strong>de</strong>s<br />

Administrations multiples, tentaculaires,<br />

sans âme, errent sur un océan d’indifférence<br />

à l’Autre, c’est le droit d’Exister qui<br />

se trouve en péril.<br />

Voici une vieille dame qui a donné sept<br />

enfants au pays, dont <strong>de</strong>ux sont morts pour<br />

lui. Veuve, sans pension. Elle doit, à<br />

soixante dix huit ans passés, solliciter <strong>de</strong>s<br />

ai<strong>de</strong>s « d’urgence » auprès <strong>de</strong> bureaucrates<br />

qui enregistrent sur formulaires <strong>de</strong> 9 à 12 et<br />

<strong>de</strong> 14 à 17 h - « revenez <strong>de</strong>main madame<br />

» -, et reçoivent pour cela la certitu<strong>de</strong><br />

d’une paye chaque mois et d’une confortable<br />

retraite. Cette même vieille qui fouille<br />

les cageots abandonnés au départ <strong>de</strong>s commerçants<br />

du marché, a-t-elle une<br />

Existence, au sens d’appartenance réelle, à<br />

une société, à un clan, à une famille ?<br />

Autrement dit, l’amour, la dignité, lui sontils<br />

distribués comme à la soupe populaire,<br />

ou bien comme cela <strong>de</strong>vrait l’être par<br />

humanité au sein d’une véritable société<br />

humaine faite <strong>de</strong> solidarités intergénérationnelles<br />

et pourquoi pas interethniques ?<br />

Cet homme que j’ai rencontré tantôt dans<br />

le métro parisien, qui joue <strong>de</strong> l’accordéon<br />

tandis que sa petite fille, sept ou huit ans,<br />

mignonne à croquer, passe entre les voyageurs<br />

avec un tambourin qui lui sert <strong>de</strong><br />

sébile, a-t-il l’Existence qu’une véritable<br />

solidarité <strong>de</strong>vrait assurer, et quelle<br />

Existence peut-il préparer pour sa petite ?<br />

Quel avenir sera celui <strong>de</strong> cette fille ?<br />

Nous vivons dans un mon<strong>de</strong> qui déclare<br />

haut et fort ses solidarités, qui affiche à<br />

ses frontons ce si beau mot qui est <strong>de</strong>venu<br />

un pur slogan : « fraternité », mais<br />

n’est déjà plus une ar<strong>de</strong>nte et vivante<br />

42 • Arc en Ciel<br />

SOCIÉTÉ<br />

JE PLAIDE POUR LE<br />

obligation.<br />

Je crains que d’ici la fin <strong>de</strong> ce siècle, les<br />

choses empirent si nous n’y prenons<br />

gar<strong>de</strong>. Dans une société où la raréfaction<br />

du travail et <strong>de</strong> l’emploi sera la règle, où<br />

le loisir n’appartiendra plus qu’à<br />

quelques-uns, castes <strong>de</strong> privilégiés, tandis<br />

que <strong>de</strong>s foules seront abandonnées à un<br />

sort incertain, révisé au quotidien, remis<br />

chaque matin en cause, on assiste à la<br />

disparition progressive <strong>de</strong> valeurs qui<br />

petit à petit, au cours <strong>de</strong>s siècles passés, et<br />

souvent dans la souffrance, ont fait, on<br />

construit, ce qu’est <strong>de</strong>venu notre mon<strong>de</strong><br />

mo<strong>de</strong>rne, technologique et aseptisé.<br />

Bien sûr il paraît désuet <strong>de</strong> parler <strong>de</strong> ces<br />

valeurs fondamentales. Et il est <strong>de</strong> bon<br />

ton d’en plaisanter. Et pourtant, la «<br />

leçon <strong>de</strong> morale » du matin, au tableau<br />

noir <strong>de</strong> l’Ecole communale <strong>de</strong> notre<br />

enfance, « l’instruction civique » lorsqu’elle<br />

était correctement et complètement<br />

enseignée, n’étaient-elles pas les ferments<br />

les plus sûrs pour préparer nos chères<br />

têtes blon<strong>de</strong>s, brunes ou rousses à l’ouverture<br />

sur le mon<strong>de</strong>, c’est-à-dire à l’écoute,<br />

à l’empathie, à la compréhension, à la<br />

tolérance, à la solidarité, au respect <strong>de</strong>s<br />

personnes et <strong>de</strong>s biens, au don <strong>de</strong> soi ?<br />

Une France qui parle <strong>de</strong> « traitement social<br />

du chômage », <strong>de</strong> « liquidation <strong>de</strong>s droits<br />

», <strong>de</strong> « programme précarité-pauvreté »,<br />

m’inquiète sérieusement. Il nous faut proclamer<br />

la « Patrie <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’Homme »<br />

en danger !<br />

Un homme ou un SDF ?<br />

En grand danger d’indifférence. Un «<br />

SDF, dix SDF morts » - on ne dit même<br />

plus « un homme, dix hommes... » -,<br />

font <strong>de</strong>s gros titres en première page <strong>de</strong>s<br />

journaux, vite recouverts par ceux <strong>de</strong>s «<br />

affaires » qui nous agitent et <strong>de</strong> ces dramatiques<br />

problèmes d’importance universelle<br />

qui sont les nôtres : « Julien<br />

Lepers et Sabatier iront-ils en prison pour<br />

frau<strong>de</strong> fiscale ? » et surtout : « qui sera<br />

<strong>de</strong>main le patron du football français ?<br />

»... Quelle dérision. Voltaire, réveille-toi, ils<br />

sont <strong>de</strong>venus fous !<br />

Vu <strong>de</strong> Sirius c’est inexistant. Vu <strong>de</strong> chez<br />

nous c’est tellement dérisoire. Dans le<br />

mon<strong>de</strong> entier <strong>de</strong>s peuples sous le joug<br />

meurent <strong>de</strong> faim, <strong>de</strong> nos exportations <strong>de</strong><br />

bombes et <strong>de</strong> leurs propres intégrismes <strong>de</strong><br />

tous acabits ; à <strong>de</strong>ux heures d’avion <strong>de</strong><br />

Paris on viole, on pille, on tue, tandis que<br />

nos politiciens palabrent, qu’on crée <strong>de</strong>s<br />

commissions et qu’on vote <strong>de</strong>s résolutions<br />

; à cent mètres <strong>de</strong> chez chacun d’entre<br />

nous <strong>de</strong>s jeunes et <strong>de</strong>s vieux meurent<br />

dans le froid et l’indifférence ; à trois mèt-<br />

res sous nos pieds, dans nos caves, nos<br />

jeunes se « shootent » à mort <strong>de</strong> désespérance<br />

et s’expédient le sida à travers<br />

les veines.<br />

Une France qui parlerait <strong>de</strong> « projet <strong>de</strong><br />

développement <strong>de</strong> l’emploi », <strong>de</strong> « versements<br />

<strong>de</strong>s droits reconnus », <strong>de</strong> « programme<br />

<strong>de</strong> création <strong>de</strong> nouvelles richesses<br />

» (sociales, industrielles, scientifiques,<br />

littéraires, artistiques, humanistes...),<br />

m’intéresserait davantage.<br />

Une France, une Europe, un Mon<strong>de</strong> qui<br />

copieraient jusqu’au plagiat ce que font<br />

souvent sans moyens tout ces « ceci et<br />

cela » -Sans-Frontières, ces « S.O.S. » -<br />

quelque chose, ces Associations qui agissent<br />

(pas celles qui thésaurisent), ces<br />

petits groupes informels qui récoltent et<br />

redistribuent, ces hommes qui inventent,<br />

qui créent, qui soignent sans regar<strong>de</strong>r<br />

la pendule, qui embauchent, qui cons-

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