Argentine : Volver - Nouveaux Droits de l'Homme
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avec Amel Filah<br />
est en banlieue ? »<br />
cela ne suffit pas ! C’est d’Hommes d’Etat<br />
dont nous avons besoin.<br />
Les raisons d’un échec<br />
AEC : D’après les statistiques, il y a<br />
toujours eu <strong>de</strong>s voitures qui brûlent et<br />
<strong>de</strong>s quartiers touchés par la violence<br />
(105 quartiers en 1991). Selon vous,<br />
pourquoi les pouvoirs publics, qui ont<br />
toujours su gérer cette violence latente,<br />
ont échoué en novembre 2005 ?<br />
G.M : Je vous l’ai dit, plus que le nombre<br />
<strong>de</strong> voitures brûlées, ce qui compte ce<br />
sont les raisons qui ont engendré ou permis<br />
ces actes inacceptables. La naissance<br />
<strong>de</strong>s violences, la difficulté à les stopper ne<br />
sont que le résultat <strong>de</strong> l’échec global<br />
d’une politique.<br />
AEC : Des promesses faites aux banlieues<br />
n’ont pas été honorées (subventions<br />
aux associations, renforcement <strong>de</strong><br />
moyens pour les ZEP, l’égalité <strong>de</strong>s chances,<br />
etc.…). Où en êtes-vous ?<br />
G.M. : Des déclarations, <strong>de</strong>s mots, <strong>de</strong>s<br />
précipitations ont suivi ces événements.<br />
Je crois au travail méthodique, long et<br />
tenace. Je crois à ce que l’on fait constater<br />
plus qu’à ce que l’on promet.<br />
Des choses se faisaient avant et se poursuivent.<br />
Nous avons signé avec l’Etat et<br />
différents partenaires un Contrat <strong>de</strong><br />
Rénovation Urbaine très important et un<br />
Contrat <strong>de</strong> Réussite Educative qui amplifient<br />
fortement l’action propre <strong>de</strong> la<br />
Municipalité. La difficulté la plus importante<br />
reste l’emploi, tant le décalage est<br />
grand entre les qualifications <strong>de</strong> l’offre et<br />
celles <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Question que<br />
rejoint ce que je disais précé<strong>de</strong>mment sur<br />
l’exclusion économique : les évolutions<br />
boursières valent plus, pour les dirigeants<br />
économiques, que le sort <strong>de</strong>s salariés.<br />
AEC : Comment rétablissez-vous, au<br />
quotidien, un dialogue qu’on dit interrompu<br />
avec la population issue <strong>de</strong> l’immigration<br />
?<br />
G.M. :Nous n’avons jamais interrompu<br />
le dialogue exigeant et fraternel. A chacune<br />
<strong>de</strong> mes interventions, je répète sans<br />
lassitu<strong>de</strong> qu’à Trappes il n’y a pas <strong>de</strong>s ressortissants<br />
<strong>de</strong> tel ou tel pays, il n’y a que<br />
<strong>de</strong>s citoyens français égaux en droits et en<br />
<strong>de</strong>voirs. Je veille à cette égalité tant dans<br />
la composition <strong>de</strong> mon équipe au Conseil<br />
que dans les embauches où seule la com-<br />
pétence pour le poste compte. Je suis<br />
presque toutes les semaines aux marchés<br />
forains du samedi et du dimanche afin <strong>de</strong><br />
parler avec tous aussi souvent que possible.,<br />
C’est un moment riche en écoute,<br />
en partage et compréhension.<br />
AEC : Si crise d’intégration il y a, comment<br />
ai<strong>de</strong>r les gens à sortir <strong>de</strong> leur ghetto<br />
culturel et social ?<br />
GM : Je ne suis pas sûr qu’il y ait crise<br />
d’intégration. Il y a crise <strong>de</strong> société, crise<br />
politique et triomphe <strong>de</strong> l’égoïsme et <strong>de</strong><br />
l’individualisme. Ce serait une gran<strong>de</strong><br />
faute <strong>de</strong> croire que seules les familles d’origine<br />
“non françaises” sont touchées par<br />
le rejet et l’exclusion.<br />
AEC : Depuis 1990, on parle <strong>de</strong> “réussir<br />
la politique <strong>de</strong> la ville” et aujourd’hui<br />
on parle <strong>de</strong> 5 milliards d’Euros<br />
pour préparer <strong>de</strong>s mesures qui feront<br />
“la République plus ouverte et plus fraternelle”.<br />
Pensez-vous que ces milliards<br />
résoudront le problème <strong>de</strong>s banlieues ?<br />
G.M. : Je me méfie <strong>de</strong>s annonces et, je<br />
l’ai déjà dit, <strong>de</strong>s promesses. Si l’argent est<br />
au ren<strong>de</strong>z-vous, cela peut nous ai<strong>de</strong>r mais<br />
ne suffit pas. Je le répète, c’est d’un projet<br />
d’avenir et <strong>de</strong> fraternité dont nous<br />
avons besoin. A quoi sert, à moyen terme,<br />
<strong>de</strong> réhabiliter un immeuble si ses habitants<br />
sont toujours”hors jeu” culturellement,<br />
socialement et économiquement ?<br />
Du communautarisme<br />
AEC : Discrimination positive, égalité<br />
<strong>de</strong>s chances … Comment traduire ces<br />
formules d’une manière quotidienne et<br />
concrète dans une ville comme<br />
Trappes ? Il y a en France un regain <strong>de</strong><br />
communautarisme et un dégoût du<br />
politique. Comment rompre le cloisonnement<br />
pour établir la mixité sociale ?<br />
G.M. : Comment répondre à ces questions<br />
? Pour donner <strong>de</strong>s exemples, nous<br />
avons mis en place un accompagnement<br />
personnalisé pour les enfants et les jeunes<br />
qui peinent à l’école, une politique tarifaire<br />
très adaptée, un contrat d’accompagnement<br />
à l’effacement <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ttes, un fonds<br />
d’accès à la culture et au sport, un projet<br />
éducatif pour les activités <strong>de</strong> loisir et <strong>de</strong><br />
sport, etc… Toutes mesures qui, autour <strong>de</strong>s<br />
services municipaux, <strong>de</strong>s centres sociaux,<br />
<strong>de</strong> la maison <strong>de</strong>s parents, <strong>de</strong>s médiateurs<br />
école-famille et autres, forment un canevas<br />
d’appui, <strong>de</strong> soutien et <strong>de</strong> solidarité. Le<br />
principe : personne <strong>de</strong> bonne foi ne doit<br />
être exclu pour <strong>de</strong>s motifs financiers.<br />
Vous parlez <strong>de</strong> communautarisme, alors<br />
là est un autre danger : le repli sur soi,<br />
voire le refuge dans la religion, non pas<br />
comme pratique d’une foi, mais comme<br />
asservissement, hors du champ <strong>de</strong> la laïcité.<br />
Quand la République s’absente, d’autres<br />
prennent sa place et c’est un recul <strong>de</strong>s<br />
droits <strong>de</strong> l’Homme. Nous avons à être<br />
très vigilants sur cette question. La<br />
réponse est éducation, épanouissement,<br />
liberté, défense permanente <strong>de</strong> la laïcité<br />
et <strong>de</strong> l’égalité <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s femmes.<br />
AEC : On parle beaucoup <strong>de</strong> l’effet désastreux<br />
<strong>de</strong> la disparition <strong>de</strong> la police <strong>de</strong><br />
proximité. Quel est le travail à faire<br />
pour que la police reprenne aussi son<br />
rôle <strong>de</strong> prévention ?<br />
G.M. : Nous avons commencé à mettre en<br />
place une police <strong>de</strong> proximité, à la gran<strong>de</strong><br />
satisfaction <strong>de</strong> tous. Aujourd’hui, les postes<br />
aménagés à cet effet sont fermés ! La<br />
conséquence est que la police, transformée<br />
en outil d’action et éloignée du dialogue<br />
quotidien, est re<strong>de</strong>venue l’adversaire et la<br />
coupable, alors que le plus grand nombre<br />
<strong>de</strong> ses membres font bien leur métier.<br />
Quel pays étrange sommes-nous <strong>de</strong>venus :<br />
ministre après ministre, les politiques<br />
changent sans analyse, au gré <strong>de</strong>s fantaisies<br />
du moment d’une caste énarchique totalement<br />
éloignée <strong>de</strong> la vie réelle. Dommage,<br />
vraiment dommage, car tout ce qui représente<br />
l’Etat doit être proche <strong>de</strong>s citoyens.<br />
AEC : Quels sont vos projets pour votre<br />
ville pour l’année 2006 ?<br />
G M. : Je ne peux pas vous faire une liste<br />
<strong>de</strong> projets à la Prévert. Tous convergent à<br />
la mise en œuvre <strong>de</strong> notre choix politique<br />
et philosophique : l’homme et en particulier<br />
l’enfant comptent plus que tout.<br />
Que ce soit en matière culturelle, sportive,<br />
éducative, urbaine et financière,<br />
chaque action est soumise à cette question<br />
: est-ce utile et positif pour nos<br />
concitoyens, tous nos concitoyens, en un<br />
mot, est-ce Républicain ? <br />
Arc en Ciel • 31