Argentine : Volver - Nouveaux Droits de l'Homme
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Les Français on été interpellés un<br />
beau matin, alertés par les<br />
médias. Ils ont été surpris <strong>de</strong><br />
constater la violence dans les<br />
banlieues. Rien ne justifie ces violences,<br />
mais si nous nous donnons la peine <strong>de</strong> les<br />
analyser, beaucoup <strong>de</strong> choses les expliquent.<br />
Ces violences sont comme l’abstention<br />
lors <strong>de</strong>s scrutins électoraux ou le rejet <strong>de</strong>s<br />
politiques, “<strong>de</strong>s symptômes d’une crise <strong>de</strong><br />
société” ainsi que le dit, le député-maire <strong>de</strong><br />
Saint-Denis, Patrick Braouzec. Je partage<br />
aussi son point <strong>de</strong> vue lorsqu’il ajoute que<br />
ce problème inquiétant n’est pas spécifique<br />
aux banlieues dont on parle, mais qu’il est<br />
le révélateur d’une crise plus globale .<br />
Si effectivement l’on ne fait que constater<br />
ces violences et que l’on n’analyse pas en<br />
profon<strong>de</strong>ur les causes qui les provoquent,<br />
nous serons confrontés, dans un futur proche,<br />
à <strong>de</strong> nouvelles violences. La réalité est<br />
que les inégalités dans la patrie <strong>de</strong>s droits<br />
<strong>de</strong> l’Homme n’ont jamais été aussi importantes.<br />
Ce sont à la fois <strong>de</strong>s inégalités sociales<br />
et <strong>de</strong> traitement territorial.<br />
Ce n’est pas la seule raison. Et si nous relevons<br />
aujourd’hui les nombreuses discriminations<br />
que subissent certains jeunes (en<br />
matière d’accès au logement, d’accès à<br />
l’embauche à <strong>de</strong>s endroits publics ou privés)<br />
s’ajoutent <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> révolte aux<br />
inégalités sociales premières . Le fait que,<br />
dans notre société, il n’y a plus actuellement<br />
<strong>de</strong> projet politique porteur, qui permette<br />
à chacun <strong>de</strong> se projeter dans l’avenir,<br />
démontre qu’il y a une crise <strong>de</strong> l’Etat ; une<br />
crise <strong>de</strong> société, dont les violences <strong>de</strong>s banlieues<br />
ne sont finalement que le symptôme<br />
révélateur.<br />
C’est dans les quartiers les plus difficiles<br />
que sont vécues les conséquences directes<br />
<strong>de</strong> cette crise <strong>de</strong> l’Etat et <strong>de</strong> la société.<br />
Mais, <strong>de</strong> manière plus profon<strong>de</strong>, c’est à<br />
une mutation <strong>de</strong> société que l’on est<br />
confronté. La crise étant cette pério<strong>de</strong><br />
32 • Arc en Ciel<br />
SOCIÉTÉ<br />
VIOLENCES URBAINES<br />
L’analyse <strong>de</strong>…<br />
Voici le contenu <strong>de</strong> la conférence<br />
tenue par Michel Speranza<br />
architecte, urbaniste en prélu<strong>de</strong><br />
au débat ouvert à NDH lors <strong>de</strong><br />
l’assemblée générale du 25<br />
février 2006.<br />
incertaine qui nous fait passer d’un Etat<br />
enfermé sur lui-même, d’un mon<strong>de</strong> sans<br />
perspective et frileux, à un mon<strong>de</strong> à construire.<br />
Mais dont, malheureusement, personne<br />
n’arrive à <strong>de</strong>ssiner les contours.<br />
Je pense que nous <strong>de</strong>vons nous efforcer<br />
d’écouter ; que nous <strong>de</strong>vons débattre<br />
pour tenter <strong>de</strong> prendre en compte les<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s qui émanent <strong>de</strong>s quartiers<br />
populaires à travers ce cri. Il faut que nous<br />
trouvions <strong>de</strong>s réponses adaptées en termes<br />
d’emplois, <strong>de</strong> formation, <strong>de</strong> logement.<br />
Nous <strong>de</strong>vons d’abord rétablir la confiance<br />
et faire en sorte que les gens qui vivent<br />
dans les quartiers populaires soient traités<br />
avec autant <strong>de</strong> respect et <strong>de</strong> considération<br />
que ceux qui vivent dans <strong>de</strong>s quartiers<br />
plus riches.<br />
La fermeté n’est pas la réponse la plus<br />
appropriée. Il faut en revanche maintenir<br />
la présence <strong>de</strong>s services publics dans les<br />
quartiers défavorisés ; conserver les<br />
bureaux <strong>de</strong> poste, mais aussi les commissariats<br />
<strong>de</strong> proximité avec leurs îlotiers ;<br />
relancer une véritable politique <strong>de</strong><br />
transports en commun ; offrir <strong>de</strong>s espaces<br />
culturels pour développer une véritable<br />
éducation populaire ; doter les établissements<br />
scolaires <strong>de</strong>s enseignants les mieux<br />
formés et les plus expérimentés.<br />
Non futur<br />
Ce qui est troublant - et inquiétant - dans<br />
ce que nous avons vécu récemment <strong>de</strong> la<br />
part <strong>de</strong>s ados et pré-ados qui se sont<br />
révoltés, c’est qu’ils ne revendiquaient<br />
rien. Comme si, pour se rappeler au bon<br />
souvenir <strong>de</strong>s politiques et <strong>de</strong> la société, ils<br />
n’avaient que la violence pour se faire<br />
entendre. Ceci prouve bien que le dialogue<br />
avec ces jeunes a été rompu et qu’il<br />
est très urgent <strong>de</strong> le reprendre.<br />
Il est <strong>de</strong> notre <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> leur faire prendre<br />
un conscience politique et en cela, l’action<br />
<strong>de</strong> les inciter à prendre une carte d’électeur<br />
pour pouvoir s’exprimer lors <strong>de</strong>s prochaines<br />
échéances électorales est une très bonne<br />
initiative.<br />
Les violences que nous venons <strong>de</strong> vivre ont<br />
frappé en priorité ceux qui vivent dans les<br />
quartiers en difficultés. Ce sont eux qui<br />
ont vu leurs voitures incendiées et qui se<br />
sont retrouvés durant plusieurs nuits dans<br />
les violences. Il ne s’agit pas, à mon sens,<br />
…Michel Speranza<br />
d’une émeute raciale ou « ethnico-religieuse<br />
» comme certains ont tenté <strong>de</strong> le<br />
faire croire, mais du désarroi d’une jeunesse<br />
désœuvrée, non écoutée :celle qui vit<br />
dans les quartiers à habitat social ou le<br />
chômage <strong>de</strong> masse est le plus criant, ou les<br />
inégalités sont les plus flagrantes, où il y a<br />
le plus <strong>de</strong> discriminations.<br />
A l’heure où certains malfaisants s ‘échinent<br />
à vouloir dresser la France contre la<br />
France, nous <strong>de</strong>vons nous engager, avec<br />
courage, lucidité et compréhension ;<br />
penser à un avenir ou le refus <strong>de</strong> l’autre<br />
sera prohibé. Refusons tout discours <strong>de</strong><br />
rejet <strong>de</strong> l’autre et luttons pour éviter <strong>de</strong><br />
diaboliser une nouvelle fois les populations<br />
issues <strong>de</strong> l’immigration. Retrouvons<br />
<strong>de</strong>s repères soli<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s repères républicains.<br />
Il faut rappeler avec force que la<br />
République ne se réduit pas à l’ordre et<br />
qu’elle est avant tout la garante <strong>de</strong> l’égalité<br />
<strong>de</strong>s chances et l’instrument <strong>de</strong> la<br />
citoyenneté. Opposons nous à la dérive<br />
communautariste et à la constitution <strong>de</strong><br />
quartiers ghettos . Combattons la culture<br />
<strong>de</strong> la ‘’haine’’, le rejet <strong>de</strong> l’autre, et remettons<br />
en exergue nos valeurs d’égalité, <strong>de</strong><br />
fraternité <strong>de</strong> solidarité permettant à chacun<br />
<strong>de</strong> s’épanouir.<br />
C’est à travers ce discours d’espoir, dont<br />
le gouvernement doit être le porte parole,<br />
que nous pourrons retrouver une culture<br />
partagée et comprise, celle <strong>de</strong>s valeurs<br />
républicaines redécouvertes et remises en<br />
mouvement.