Argentine : Volver - Nouveaux Droits de l'Homme
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Hiroko Bessho à Arc en Ciel<br />
“L’IMPORTANT N’EST PAS NOTRE ORIGINE<br />
MAIS PARTAGER L’ENVIE<br />
DE VIVRE ENSEMBLE”<br />
Hiroko Bessho est Japonaise, membre<br />
<strong>de</strong> NDH. Quand certaines<br />
catégories d’étrangers ne s’intègrent<br />
pas en France, contrairement à nos<br />
traditions bi-millénaires, il était<br />
intéressant <strong>de</strong> l’interroger, elle qui<br />
venait d’un pays lointain, sans<br />
£rapport avec notre tradition religieuse,<br />
notre langue, voire nos us et<br />
coutumes.<br />
Arc en Ciel : Vous vivez en France<br />
<strong>de</strong>puis combien d’années ? Comment<br />
êtes-vous venue dans notre pays ?<br />
Hiroko Bessho : Voilà 10 ans que je<br />
vis ici. Je suis venue en France pour la<br />
première fois en tant que touriste<br />
lorsque j’avais 19 ans. A ce moment<br />
là, j’ai été fortement frappée par la<br />
façon <strong>de</strong> vivre <strong>de</strong>s Français qui est très<br />
différente <strong>de</strong> celle du Japon. Deux ans<br />
plus tard, j’ai eu l’occasion <strong>de</strong> revenir.<br />
Ce <strong>de</strong>uxième voyage a confirmé mon<br />
envie <strong>de</strong> vivre ici. En 1993, je me suis<br />
donc installée en France pour reprendre<br />
<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s. J’avais 23 ans.<br />
AEC. : Où avez-vous appris le français<br />
? Votre intégration a-t-elle été<br />
difficile ? Quelles sont les difficultés<br />
que vous avez rencontrées ?<br />
H. B. : J’avais appris le français au<br />
Japon comme secon<strong>de</strong> langue étrangère,<br />
après l’anglais. En arrivant en<br />
France, je me suis inscrite à <strong>de</strong>s cours<br />
pour étrangers à l’université. Jusqu’à<br />
ce que je puisse parler français assez<br />
bien, ma vie quotidienne n’était pas<br />
facile. J’avais <strong>de</strong>s difficultés pour<br />
communiquer. En effet, que se soit<br />
pour faire ma <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> carte <strong>de</strong><br />
séjour, ou ouvrir un compte en<br />
banque etc.… toutes les démarches<br />
administratives doivent se faire en<br />
français exclusivement.<br />
AEC. : Quels sont les avantages et<br />
les inconvénients comparatifs <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>ux sociétés japonaise et française<br />
?<br />
H. B. : Au Japon tout est codifié,<br />
nous sommes obligés <strong>de</strong> nous comporter<br />
comme tous les autres<br />
Japonais. Cependant cette notion ne<br />
s’applique pas vraiment aux étrangers.<br />
Car beaucoup <strong>de</strong> Japonais pensent<br />
qu’il est tout à fait normal<br />
qu’un « GAIJIN » (étranger) ne<br />
parle pas japonais, ne comprenne<br />
pas notre culture et ne se comporte<br />
pas comme un Japonais. Cette opinion<br />
: “nous n’attendons pas <strong>de</strong> vous<br />
que vous intégriez complètement chez<br />
nous” crée une frontière radicale.<br />
bien que les Japonais s’intéressent<br />
aux étrangers et essayent <strong>de</strong> les ai<strong>de</strong>r<br />
si nécessaire. A l’inverse, en France,<br />
les Français atten<strong>de</strong>nt que les étrangers<br />
soient bien intégrés dans la<br />
société française. Au niveau langue<br />
aussi. Si un étranger ne parle pas<br />
suffisamment bien français, on ne le<br />
considère pas vraiment. Mais une<br />
fois intégré, un étranger <strong>de</strong>vient un<br />
Français à part entière.<br />
AEC. : Est-ce dur d’avoir son pays,<br />
sa famille aussi loin <strong>de</strong> soi ?<br />
H. B. : Non, car personnellement<br />
je me sens mieux en<br />
France qu’au Japon.<br />
C’est vrai que je suis loin<br />
<strong>de</strong> ma famille et <strong>de</strong> mon<br />
pays par la distance,<br />
mais il y a tous les<br />
moyens comme le téléphone,<br />
l’Internet, l’avion<br />
etc. qui maintiennent<br />
le contact.<br />
AEC. : Quels reproches<br />
feriez-vous aux Français<br />
à la lumière <strong>de</strong><br />
votre expérience ?<br />
H. B. : Quand je suis<br />
arrivée en France, je ne<br />
parlais pratiquement pas<br />
le français. Je ne pouvais<br />
communiquer qu’avec<br />
très peu <strong>de</strong> mon<strong>de</strong>.<br />
Parce que la plupart <strong>de</strong>s Français<br />
(que j’ai rencontrés) n’aiment pas<br />
communiquer avec une autre langue<br />
que la leur. Je souhaite donc qu’ils<br />
aient plus d’ouverture d’esprit au<br />
niveau <strong>de</strong> la langue.<br />
AEC. : Que pensez-vous <strong>de</strong>s difficultés<br />
d’intégration que connaît<br />
actuellement la France avec certaines<br />
minorités ?<br />
H. B. : Le problème est très compliqué<br />
et personne n’a <strong>de</strong> solution<br />
simple. Si la France arrive à faire<br />
comprendre aux étrangers qu’il y<br />
aura toujours une place pour eux<br />
dans la société française, ils auront<br />
d’avantage l’envie d’être intégrés.<br />
Bien sur, il est aussi impératif<br />
qu’eux-mêmes fassent beaucoup<br />
d’efforts. En respectant sa propre<br />
culture, on peut alors avoir <strong>de</strong> la<br />
tolérance pour celle <strong>de</strong> l’autre. Je<br />
trouve que l’important n’est pas<br />
notre nationalité, ni notre origine,<br />
mais <strong>de</strong> partager une envie <strong>de</strong> vivre<br />
ensemble sur la même terre. Suis-je<br />
trop idéaliste ? ■<br />
Arc en Ciel • 61