Argentine : Volver - Nouveaux Droits de l'Homme
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CULTURE<br />
1994 : Nassima prend ses enfants et son luth. Elle<br />
s’installe en France comme beaucoup d’autres artistes et<br />
intellectuels algériens. Originaire <strong>de</strong> Blida, la “ville <strong>de</strong>s<br />
roses”, son parcours ne sera pas un tapis <strong>de</strong> roses.<br />
Malgré les difficultésrencontrées<br />
dans l’exil,<br />
elle réussit à<br />
s’imposer puis à<br />
rayonner tant au<br />
Théâtre <strong>de</strong> la<br />
Ville <strong>de</strong> Paris<br />
qu’à l’Institut du<br />
Mon<strong>de</strong> Arabe<br />
(IMA) grâce à ses<br />
chants et à la<br />
musique araboandalouse<br />
;<br />
applaudie par les<br />
médias (Le<br />
Mon<strong>de</strong>, France<br />
Culture, RFI…).<br />
Sa réputation s’étend bientôt à toute l’Europe et à<br />
l’Amérique du Nord.<br />
Lors <strong>de</strong> son <strong>de</strong>rnier passage à Paris, à l’occasion <strong>de</strong> la sortie<br />
<strong>de</strong> son disque “Voie soufie, voix d’amour” Nassima a<br />
encore surpris par la profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s œuvres <strong>de</strong> son répertoire<br />
qui contraste avec son pays natal qui avait été mis à<br />
feu et à sang. Son désir <strong>de</strong> paix universelle, d’amour du<br />
prochain, fruit d’un long travail d’investigation est puisé<br />
dans les textes poétiques d’auteurs, réputés comme <strong>de</strong>s<br />
savants <strong>de</strong> l’islam pour leur sagesse et leur enseignement<br />
tel Ibn Arabi (1165-1240) qui illumine encore <strong>de</strong> nos<br />
jours l’islam soufi.<br />
“Mon cœur contient désormais toutes les formes :<br />
Il est pâturage pour gazelles, monastère pour les moines chrétiens,<br />
<strong>de</strong>meure pour les idoles, Kaaba aux pèlerins, tablettes<br />
<strong>de</strong> la Torah exemplaire du Coran.<br />
Ma religion est l’Amour, là où ses montures le mènent,<br />
l’Amour est ma religion et ma foi”.<br />
Grâce à ses vers, avec grâce, Nassima nous emmène doucement<br />
dans un voyage merveilleux, à travers le chant<br />
soufi, accompagnée <strong>de</strong> la sublime sonorité du ney et du<br />
fhel “flûte à roseau” typiquement algérien, utilisé surtout<br />
dans les suites arabo-andalouses. Mais n’oublions pas le<br />
oud (luth) plus souple et plus profond ; les instruments<br />
64 • Arc en Ciel<br />
Nassima<br />
“Voie soufie, voix d’amour”<br />
à percussion (<strong>de</strong>rf, zrab, rik) qui accompagnent Nassima,<br />
elle-même jouant du mandole. Tous ces instruments ten<strong>de</strong>nt<br />
avec son répertoire vers la contemplation mystique.<br />
En effet, les soufis n’évoquent pas la musique mais l’écoute<br />
spirituelle (sama). Comme lorsque, toute jeune,<br />
déjà elle chantait<br />
<strong>de</strong>s poèmes <strong>de</strong><br />
Cheikh Ahmed<br />
Al Alawi, <strong>de</strong><br />
Mostaganem<br />
(1874-1934)<br />
maître <strong>de</strong> la<br />
confrérie soufi<br />
Alawiyya.<br />
Dans son album<br />
“Voie soufie, Voix<br />
d’amour”,<br />
Nassima interprète<br />
un ensemble<br />
<strong>de</strong> textes soufis<br />
du mon<strong>de</strong><br />
arabe, <strong>de</strong> Bagdad<br />
au Maroc en les mêlant avec subtilité à la musique du<br />
répertoire médiéval ou à la musique arabo-andalouse contemporaine,<br />
telle que celle qui accompagne une poésie <strong>de</strong><br />
l’émir Ab<strong>de</strong>l Ka<strong>de</strong>r (1807-1883) héros <strong>de</strong> la résistance et<br />
homme <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> culture avec lequel Nassima partage sa<br />
croyance en la paix universelle et à l’amour.<br />
“Je suis à la fois l’amour, l’amant et l’aimé.<br />
Je suis l’amoureux aimé secrètement au grand jour.<br />
Je dis “moi” mais se peut-il qu’il y ait là un autre que moi ?<br />
Je ne cesse d’être en moi, éperdu et désemparé. En moi sont les<br />
attentes <strong>de</strong> l’humanité.<br />
Celui qui veut lire le Coran ou saisir sa lumière.<br />
Celui qui veut une<br />
Torah ou un Evangile.<br />
Ou qui veut une flûte,<br />
<strong>de</strong>s personnes et un<br />
discours clair…”<br />
Avec cet appel profond<br />
à la paix, à l’amour<br />
<strong>de</strong> l’autre,<br />
Nassima nous laisse<br />
dans un rêve. Celui<br />
d’un mon<strong>de</strong> juste et<br />
harmonieux.<br />
Nabila Allam