Argentine : Volver - Nouveaux Droits de l'Homme
Argentine : Volver - Nouveaux Droits de l'Homme
Argentine : Volver - Nouveaux Droits de l'Homme
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
CULTURE<br />
MUSIQUE<br />
62 • Arc en Ciel<br />
Convention internationale sur le droit<br />
à la diversité culturelle<br />
La Conférence générale <strong>de</strong><br />
l’UNESCO (Organisation <strong>de</strong>s<br />
Nations Unies pour l’éducation,<br />
la science et la culture) a adopté<br />
le 20 novembre 2005 la Convention relative<br />
à la Protection et la Promotion <strong>de</strong> la<br />
Diversité <strong>de</strong>s Expressions Culturelles à<br />
Paris. Son entrée en vigueur est prévue<br />
pour avril 2006.<br />
Faisant suite à l’adoption <strong>de</strong> la Déclaration<br />
universelle sur la Diversité culturelle <strong>de</strong><br />
novembre 2001 visant à faire progresser “la<br />
réflexion concernant l’opportunité d’un<br />
instrument juridique international sur la<br />
diversité culturelle”, cette Convention est le<br />
fruit <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> négociations serrées,<br />
menées conjointement par la Commission<br />
européenne et par la prési<strong>de</strong>nce du Conseil.<br />
Gran<strong>de</strong> première historique dans les relations<br />
internationales, cette Convention rassemble<br />
et codifie un ensemble <strong>de</strong> principes<br />
directeurs relatifs à la diversité culturelle.<br />
Sur les 154 pays représentés lors <strong>de</strong> la plénière,<br />
148 se sont prononcés pour, <strong>de</strong>ux<br />
contre (USA et Israël), et quatre se sont<br />
abstenus (Australie, Nicaragua, Honduras,<br />
Liberia). Au grand dam <strong>de</strong>s Etats-Unis qui<br />
ont déployé <strong>de</strong>s efforts surhumains pour<br />
influer sur le vote <strong>de</strong>s autres gouvernements.<br />
La Convention n’entrant en vigueur<br />
qu’à sa trentième ratification, ces <strong>de</strong>rniers se<br />
sont vainement employés tous azimuts à<br />
multiplier les accords bilatéraux à coup <strong>de</strong><br />
faveurs commerciales auprès <strong>de</strong> pays tels<br />
que la Corée du sud, le Chili ou le Maroc,<br />
à qui la France a déjà prêté main forte. Voilà<br />
une attitu<strong>de</strong> qui n’est pas sans rappeler leur<br />
comportement, semblable, trait pour trait,<br />
lors <strong>de</strong> l’adoption du Statut <strong>de</strong> Rome<br />
instaurant une Cour Pénale Internationale.<br />
A n’en pas douter, les Etats-Unis, qui se<br />
sont retrouvés bien seuls dans leur campagne<br />
<strong>de</strong> dénigrement, ont beaucoup à craindre<br />
<strong>de</strong> cette Convention qui affranchit la<br />
culture <strong>de</strong> la loi du marché pour conférer à<br />
l’exception culturelle force <strong>de</strong> loi. Derrière<br />
<strong>de</strong>s critiques portant sur la mauvaise rédaction<br />
du texte, ses graves conséquences sur<br />
la liberté d’expression ou la libre circulation<br />
<strong>de</strong> l’information, on <strong>de</strong>vine aisément qu’ils<br />
redoutent le fait que la Convention <strong>de</strong>vienne<br />
une barrière commerciale, un frein à<br />
leur exportation <strong>de</strong> masse envahissant nos<br />
écrans <strong>de</strong> cinéma, nos radios et notre environnement<br />
ambiant qui nous conditionne<br />
si bien au boulimique “tout consommer”.<br />
En effet, la Convention, en référence aux<br />
Paula Estrella, le tango vivant<br />
savoirs traditionnels et aux industries culturelles<br />
nationales, stipule que “les activités,<br />
biens et services culturels [...] ne doivent pas<br />
être traités comme ayant exclusivement une<br />
valeur commerciale” et autorise les pays à<br />
prendre “les mesures qu’ils jugent appropriées”<br />
pour protéger leur patrimoine culturel<br />
face à la mondialisation. Certes beaucoup<br />
<strong>de</strong> questions se posent encore aujourd’hui,<br />
notamment sur l’instauration d’un<br />
organe <strong>de</strong> sanction, éternelle lacune du<br />
droit international, chargé <strong>de</strong> régler les différends<br />
et faire respecter les dispositions <strong>de</strong><br />
la Convention. De même, l’article 20 <strong>de</strong> la<br />
Convention lui confère le même statut<br />
juridique que les traités bilatéraux et celui<br />
<strong>de</strong> l’Organisation Mondiale du Commerce<br />
(OMC), mais les interprétations sur sa<br />
force contraignante la rendant opposable à<br />
l’OMC <strong>de</strong>meurent encore floues. Le chantier<br />
<strong>de</strong> la “diversité culturelle” est donc<br />
ouvert aux juristes <strong>de</strong> l’UNESCO !<br />
Beaucoup défendue par la France et le<br />
Québec, qui ont créé une réseau <strong>de</strong><br />
mobilisation international réunissant <strong>de</strong>s<br />
ministres <strong>de</strong> la Culture, <strong>de</strong>s artistes et<br />
aussi <strong>de</strong>s associations, la Convention sur<br />
la Protection et la promotion <strong>de</strong> la<br />
Diversité <strong>de</strong>s Expressions Culturelles<br />
donne un souffle nouveau salutaire à<br />
l’UNESCO, en même temps qu’une assise<br />
juridique et une légitimité au respect<br />
du droit <strong>de</strong> vivre dans sa culture et dans<br />
sa langue. ■<br />
Magali Jandaud<br />
On connaît Miguel Estrella, son père, pianiste, célèbre aussi<br />
pour son action au service <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’Homme, actuel<br />
ambassa<strong>de</strong>ur d’<strong>Argentine</strong> près l’UNESCO. On connaît<br />
Carlos Gar<strong>de</strong>l, grand prêtre du tango. On connaît Astor Piazzola, maître<br />
ès bandoneon. Mais le mon<strong>de</strong> tourne. La culture doit survivre.<br />
Une nouvelle génération prend le relais. Paula Estrella arrive… à<br />
point. Elle sort son premier CD : Ché Tango, dans lequel on<br />
retrouve tous les ingrédients <strong>de</strong> cette musique passion. Avis aux<br />
amateurs, notamment à ceux qui ne peuvent vivre dans la nomenclature<br />
anglo-saxophone ; à ceux qui veulent organiser une soirée<br />
loin du préfabriqué médiatique et veulent passer, ne serait-ce<br />
qu’une nuit, sans voyager, au bord du Rio <strong>de</strong> La Plata, à Buenos<br />
Aires, dans l’ambiance portena du Viejo Almacen d’autrefois.<br />
Contact : 33 1 70 10 43 14<br />
www.<strong>de</strong><strong>de</strong>land.com/chetango.htm