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LA SEMAINE RELIGIEUSE - Diocèse de Quimper et du Léon

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Archives diocésaines <strong>de</strong> <strong>Quimper</strong> <strong>et</strong> <strong>Léon</strong><br />

Aussi notre foi aime à reconnaître sa main dans votre histoire <strong>du</strong><br />

temps <strong>de</strong> guerre. Le Christ a veille sur notre Marine <strong>et</strong> facilité sa<br />

gran<strong>de</strong> tâche.<br />

Car la tâche <strong>de</strong> la Marine a été difiieile.<br />

Nous ne voulons pas être <strong>de</strong> ces Français, s'il en existe encore,<br />

qui, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> Dixmu<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Dardanelles, où tout fut héroïsme,<br />

n'ont voulu rien voir <strong>de</strong> la guerre navale. Nous ne vous avons jamais<br />

per<strong>du</strong>s <strong>de</strong>s yeux, <strong>et</strong> nos prières vous ont suivis partout. A mesure que<br />

nous parvenions à connaître ie détail <strong>de</strong> vos campagnes silencieuses,<br />

mais pleines <strong>de</strong> mérite <strong>et</strong> dignes <strong>de</strong> gloire, il nous semblait, à voir la<br />

France <strong>et</strong> ses Alliés enfermer d'un geste inexorable Ia flotte ennemie<br />

dans ses ports, <strong>et</strong> nous gar<strong>de</strong>r toutes Ies mers à peu près libres pour<br />

nos transports d'hommes, <strong>de</strong> nourriture <strong>et</strong> <strong>de</strong> matériel, que l'action<br />

<strong>de</strong> Ja Provi<strong>de</strong>nce, malgré tant <strong>de</strong> malheurs mêlés à vos exploits, con<strong>du</strong>isait<br />

<strong>et</strong> protégeait nos escadres.<strong>de</strong> manière à assurer pareiles la vie<br />

<strong>de</strong> Ia Nation <strong>et</strong> la victoire finale. On a pu dire alors, <strong>de</strong> la Marine Alliée,<br />

qu'elle a commandé presque en souveraine aux vents <strong>et</strong> à la mer :<br />

Quia vent t <strong>et</strong> mare ooediunt ci. Aucun service plus grand ne pouvait<br />

être ren<strong>du</strong> à Ia Patrie.<br />

Mais en réalité, Messieurs, les vents <strong>et</strong> Ia mer n'obéissent qu'à<br />

Dieu. Et Dieu perm<strong>et</strong> souvent que les hommes qui les affrontent <strong>et</strong><br />

qui les domptent connaissent, même quand ils défen<strong>de</strong>nt la plus juste<br />

<strong>de</strong>s causes, <strong>de</strong> douloureuses épreuves. C'est Ia loi. Per crueem ad<br />

lucem. Il faut toujours <strong>de</strong>s sacrifiés pour expier les fautes <strong>et</strong> mériter<br />

le succès. Il leur arrive, avec Jonas, porteur dc la vérité <strong>et</strong> <strong>de</strong> la loi<br />

divine, d'être j<strong>et</strong>és à Ia mer, Il leur arrive <strong>de</strong> faire naufrage, comme<br />

l'apôtre saint Paul ; d'être battus par la tempête, comme le roi <strong>de</strong>s<br />

Croisa<strong>de</strong>s, saint Louis ; d'être éprouvés par <strong>de</strong>s traversées sans fin <strong>et</strong><br />

parfois par <strong>de</strong>s mutineries d'équipage, comme Colomb, le découvreur<br />

<strong>de</strong>s mon<strong>de</strong>s nouveaux. Ils connaissent toutes les fatigues <strong>de</strong> Ia profession<br />

la plus ru<strong>de</strong> <strong>et</strong> tous les risques <strong>de</strong> la vie la plus dangereuse.<br />

Repassez, Messieurs, dans vos mémoires, <strong>et</strong> plus encore dans vos<br />

cœurs, la série tragique <strong>de</strong> vos épreuves.<br />

Mais aucun <strong>de</strong> vous n'a regardé comme <strong>de</strong> véritables épreuves soit<br />

l'obscurité <strong>de</strong> la tâche accomplie, soit Ies pertes matérielles, soit la vie<br />

<strong>du</strong>re qui est votre lot commun.<br />

Je n'en dirai pas autant <strong>de</strong> Ia mort <strong>de</strong> victimes choisies. Certes,<br />

nous venons d'avoir tous l'occasion <strong>de</strong> nous familiariser avce la mort<br />

<strong>de</strong>s êtres qui nous sont chers. Mais nous ne pouvons pas nous accoutumer<br />

à ses coups. Nous ne cessons pas <strong>de</strong> pleurer les bons serviteurs<br />

qu'elle enlève à la Patrie <strong>et</strong> à la Famille. Et cependant nous considérons<br />

que Dieu les a glorifiés en leur accordant l'honneur <strong>de</strong> mourir en<br />

service commandé, pour le saint <strong>du</strong> Pays.<br />

C'est pourquoi, Messieurs, nous honorons avec vous, ce matin, la<br />

mémoire <strong>de</strong>s aspirants <strong>de</strong> Marine Pommier, Rochas, sombres avec<br />

a l'Italia », Heuvel, disparu aux bouches <strong>de</strong> Bonifacio sur le « Cassini » ;<br />

La mémoire <strong>de</strong>s enseignes <strong>de</strong> vaisseau, Pil<strong>et</strong>, médaillé militaire,<br />

succombant à la déchirure <strong>de</strong> son ballon captif, après avoir pourvu<br />

au salut <strong>de</strong> son quartier-maître ;<br />

Hollot, sautant sur une mine avec son torpilleur le « Doxa » ;<br />

Boudin, torpillé sur un cargo, dont il sauve plusieurs passagers<br />

avant <strong>de</strong> périr lui-même ;<br />

Poiron, victime d'un abordage en Adriatique ;<br />

Montagne, frappé sur le « Bouclier » dans la mer <strong>du</strong> Nord, Ie<br />

8 Décembre 1917, au cours d'une opération contre un sous-marin<br />

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ennemi, en s'exposant pour épargner à ses compagnons d'armes l'explosion<br />

d'une grena<strong>de</strong> française qui finit par éclater-<strong>et</strong> les tuer ayee lui ;<br />

De Parseau <strong>du</strong> Plessix, disparu en mer avec son "hydravion ;<br />

Legrand, tué sur le front au bataillon <strong>de</strong>s fusiliers marins, dans<br />

l'attaque <strong>du</strong> moulin <strong>de</strong> Laffaux ; - - - • ,<br />

Et la- mémoire <strong>de</strong>s aviateurs, Leray, vainqueur d'un sous-marin<br />

allemand ; Richer, ballotté pendant quatre jours entre les vents <strong>et</strong> les<br />

courants ; Le Moign," fidèle jusqu'au bout à son avion endommagé ;<br />

Et, <strong>de</strong>puis l'Armistice, Atger, commissaire <strong>du</strong> gouvernement français<br />

sur le « Baron-Konnig », mort dans l'incendie <strong>de</strong> cc navire, tandis<br />

qu'il essayait <strong>de</strong> sauver les prisonniers autrichiens confiés à ses soins ;<br />

Et, il y a peu <strong>de</strong> mois, Lacor, victime <strong>du</strong> <strong>de</strong>voir militaire dans le<br />

naufrage <strong>de</strong> l'aviso « Bar-ie-l)uc » :<br />

Et enfin tant d'autres camara<strong>de</strong>s, morts <strong>de</strong> maladie au cours <strong>de</strong><br />

leur service : Boyer-Vidal <strong>et</strong> Charpentier, Mauriat, Chastang, Saugeras,<br />

dc Lordat <strong>de</strong> Launay, Benoit, Quinquis, qui appartenaient tous<br />

à l'une ou l'autre <strong>de</strong> vos promotions.<br />

Gar<strong>de</strong>z précieusement leurs noms, Messieurs. Leur mort a été une<br />

épreuve pour le corps <strong>de</strong> la Marine tout entier. Ils étaient jeunes.<br />

Nous sentons plus vivement que vous le prix <strong>de</strong> la" jeunesse. Nous<br />

avons l'expérience <strong>de</strong>s moissons qu'elle prom<strong>et</strong>, <strong>et</strong> qu'elle donne. Une<br />

longue carrière pouvait s'ouvrir <strong>de</strong>vant eux. Nous déplorons donc leur<br />

mort prématurée. Mais nous savons que Dieu peut faire tenir en peu<br />

d'années ia valeur <strong>de</strong> toute une vie. Nous prions avec confiance pour<br />

leurs âmes. Ils n'ont pas trouvé mauvais accueil au tribunal <strong>de</strong> leur<br />

Juge, si, au moment <strong>du</strong> sacrifice, ils ont eu le regr<strong>et</strong> <strong>de</strong> leurs fautes,<br />

Il leur aurait plutôt dit : Quid timidi estis ? Que craignez-vous ? Dieu<br />

aime les hommes <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir. Si vous avez eu dans la vie la régularité<br />

chrétienne <strong>et</strong> la discipline professionnelle, vous n'avez rien à craindre.<br />

Si la faiblesse humaine vous a entraînés à <strong>de</strong>s infidélités, vous en avez<br />

<strong>de</strong>mandé pardon au Père qui est votre Juge. Il vous reste peut-être<br />

<strong>de</strong>s purifications à subir. Alors le Purgatoire vous attend. Mais lé<br />

Purgatoire débouche sur le droit chemin <strong>du</strong> Ciel.<br />

Nous prierons, mes Frères, pour ces âmes jeunes <strong>et</strong> méritantes,<br />

<strong>et</strong> pour ceux qui portent leur <strong>de</strong>uil' Nous ne considérons pas pourtant<br />

ces sacrifices <strong>de</strong> vies ar<strong>de</strong>ntes <strong>et</strong> réfléchies ccfmrae la suprême épreuve<br />

<strong>de</strong> la Marine.<br />

Je vais vous dire ce qui pourrait être c<strong>et</strong>te suprême épreuve, <strong>et</strong> je<br />

suis sûr que votre pensée a prévenu la mienne. Ce qui vous porterait<br />

au cœur Ie coup le plus cruel, ce serait <strong>de</strong> sentir, ou <strong>de</strong> supposer, si<br />

c'était possible, que la reconnaissance nationale, dont aucun hommage<br />

ne vous a manqué, pourrait aujourd'hui négliger la reconstitution<br />

d'une flotte « digne <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s <strong>de</strong>stinées <strong>de</strong> Ia France », garantie <strong>de</strong><br />

sa sécurité, organe <strong>de</strong> sa prospérité <strong>et</strong> source <strong>de</strong> sa gloire.<br />

Mafs le Pays "ne le perm<strong>et</strong>tra pas. Et c'est pourquoi il veille avec<br />

amour à Ia formation <strong>de</strong>s futurs chefs.<br />

Vous recevez, Messieurs, pour c<strong>et</strong>te formation, au point <strong>de</strong> vue<br />

technique, les leçons <strong>de</strong>s maîtres les plus compétents, <strong>et</strong> ils peuvent<br />

agir sur vos volontés comme sur vos intelligences.<br />

Mais, au point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la formation morale, aucun <strong>de</strong> vous n'en<br />

doute, c'est à Dieu qu'appartient la direction souveraine. Il est seul<br />

le vrai Maître <strong>de</strong> notre vie intérieure. II peut seul en régler les mouvements,<br />

en apaiser les orages. Il a seul Ie pouvoir d'entrer directement<br />

dans l'âme pour la former, <strong>et</strong> lui donner, avec la doctrine <strong>de</strong><br />

l'Evangile expliquée par l'Eglise, la conscience droite, le caractère

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