LA SEMAINE RELIGIEUSE - Diocèse de Quimper et du Léon
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Archives diocésaines <strong>de</strong> <strong>Quimper</strong> <strong>et</strong> <strong>Léon</strong><br />
L'honneur <strong>de</strong> l'y avoir importé appartient à l'Ordre <strong>du</strong><br />
Carmel' Après lui, les fils <strong>de</strong> saint Dominique <strong>et</strong> ceux <strong>de</strong><br />
saint François, pénétrant partout, le font connaître partout.<br />
t T n grand Français, le chancelier Gerson, suivant les<br />
traces <strong>de</strong> son prédécesseur Pierre d'Ailly, prend en main<br />
la cause <strong>du</strong> Père nourricier <strong>de</strong> Jésus <strong>et</strong> préconise l'établissement<br />
<strong>de</strong> sa fête. Sixte IV l'autorise dès Ia fin <strong>du</strong> xv 9<br />
siècle. Au XVII 6 , Grégoire XV <strong>et</strong> Urbani VIII la rangeront<br />
parmi ies fêtes <strong>de</strong> précepte. Elle s'élèvera <strong>de</strong> siècle en<br />
siècle à un rite supérieur, <strong>et</strong> un mois entier sera consacré<br />
aux exercices que réclame la piété <strong>de</strong>s fidèles. Déjà d'ailleurs<br />
<strong>de</strong>s maîtres <strong>de</strong> Ia vie spirituelle comme saint François<br />
<strong>de</strong> Sales <strong>et</strong> M. Olier, <strong>de</strong>s génies chrétiens comme<br />
sainte Thérèse <strong>et</strong> Bossu<strong>et</strong>, se sont faits les apôtres <strong>de</strong> la<br />
dévotion, qui né cesse plus <strong>de</strong> grandir. II Nous plaît <strong>de</strong><br />
constater, Nos très chers Frères, que nos églises br<strong>et</strong>onnes<br />
au xvi 6 siècle, possédaient <strong>de</strong>s statues <strong>du</strong> Saint, en bois<br />
<strong>et</strong> en granit, que l'on rencontre son image dans les vitraux<br />
<strong>du</strong> même temps, qu'une chapelle <strong>de</strong> la même époque lui<br />
est dédiée au manoir <strong>de</strong> Kerloaguen, en Plougonven, <strong>et</strong><br />
que nos grands Calvaires lui réservent ordinairement une<br />
place dans la scène <strong>de</strong> l'Adoration <strong>de</strong>s Mages.<br />
Le cardinal Pie s'est <strong>de</strong>mandé s'il y a une explication<br />
plausible <strong>du</strong> r<strong>et</strong>ard que Dieu permit dans la naissance <strong>et</strong><br />
l'expansion <strong>de</strong> ce culte. Il en trouve <strong>de</strong>ux : « Le culte <strong>de</strong><br />
saint Joseph, dit-il, est un <strong>de</strong> ces dons que le père <strong>de</strong><br />
famille, comme un pru<strong>de</strong>nt économe, s'était proposé <strong>de</strong><br />
tirer plus tardivement <strong>de</strong> son trésor: c'était une <strong>de</strong> ces<br />
réserves, <strong>et</strong>, si l'on peut ainsi dire, une <strong>de</strong> ces surprises<br />
que le suprême ordonnateur <strong>du</strong> festin <strong>de</strong>s âmes avait<br />
ménagées pour la fin <strong>du</strong> banqu<strong>et</strong> : « Tu autem servasli<br />
bonum cinum mque adhuc ». Et il dît encore : « Le voile<br />
qui couvre Ie nom <strong>et</strong> la puissance <strong>du</strong> vénérable Joseph<br />
<strong>du</strong>rant les premiers âges chrétiens, apparaît comme le<br />
prolongement <strong>du</strong> silence dans lequel a été enveloppée sa<br />
carrière mortelle ; c'est la continuation <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te vie cachée<br />
dont les splen<strong>de</strong>urs <strong>de</strong>vaient d'autant plus émerveiller<br />
l'intelligence <strong>et</strong> Ie cœur <strong>de</strong>s fidèles, que la révélation en<br />
aurait été plus longtemps contenue » (1).<br />
Le progrès rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te dévotion dans Ies âmes<br />
s explique plus facilement encore. Il a sa raison d'être<br />
dans les grâces extraordinaires accordées à c<strong>et</strong>te époque<br />
par le saint Patriarche à tous ceux qui le prient. Voici le<br />
(1) Cardinal PIE • VII, 116-117.<br />
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témoignage que sainte Thérèse lui rend à ce suj<strong>et</strong> en son<br />
nom personnel, <strong>et</strong> où elle présente avec autant d'autorité<br />
que <strong>de</strong> simplicité le fon<strong>de</strong>ment théologique <strong>de</strong> sa confiance<br />
en lui :<br />
(c II m'a toujours exaucée, dit-elle, au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> mes<br />
espérances. Je ne me souviens pas <strong>de</strong> lui avoir jamais<br />
rien <strong>de</strong>mandé jusqu'à ce jour, qu'il ne me l'ait accordé...<br />
Le Très-Haut donne seulement gràce aux autres Saints<br />
pour nous secourir dans tel ou tel besoin ; mais le glorieux<br />
saint Joseph, je le sais par expérience, étend son pouvoir<br />
à tous. Notre Seigneur veut nous faire entendre par là<br />
que, <strong>de</strong> même qu'il lui fut soumis sur c<strong>et</strong>te terre d'exil,<br />
reconnaissant en lui l'autorité d'un père nourricier <strong>et</strong> d'un<br />
gouverneur, <strong>de</strong> mème encore il se plaît à faire sa volonté<br />
dans le Ciel en exauçant toutes ses <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s. »<br />
V. — Le motif <strong>de</strong> confiance en saint Joseph qu'invoque<br />
sainte Thérèse est aussi celui qui nous touche,-Nos<br />
très chers Frères. En montant au Ciel Je Saint n'a rien<br />
per<strong>du</strong> <strong>de</strong> son pouvoir, <strong>et</strong> le rayonnement <strong>de</strong> sa charité a<br />
dû s'élargir au lieu <strong>de</strong> se restreindre.<br />
Il est incontestable que nous pouvons lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />
tous les genres <strong>de</strong> grâces, même celles <strong>de</strong> l'ordre temporel.<br />
Ce n'est pas sans raison que la Provi<strong>de</strong>nce a tenu<br />
à lui faire porter le nom qu'avait honoré déjà le plus<br />
illustre <strong>de</strong>s fils <strong>de</strong> Jacob. Ce que fut pour la terre d'Egypte<br />
le ministre <strong>de</strong> Pharaon, quand il sauva tout un peuple <strong>de</strong><br />
la famine par sa « politique <strong>du</strong> blé », notre Joseph peut<br />
l'être encore dans les temps actuels pour les sociétés en<br />
détresse. Vous ferez donc un acte <strong>de</strong> sagesse en réclamant<br />
<strong>de</strong> lui, dans vos besoins, un secours opportun,<br />
même pour les biens <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>.<br />
Mais <strong>de</strong>man<strong>de</strong>z-lui surtout les biens spirituels, Nos<br />
très chers Frères. « Cherchez d'abord le royaume <strong>de</strong> Dieu. »<br />
L'âme vaut mieux que le corps. C'est en elle que rési<strong>de</strong><br />
la vie divine, <strong>et</strong> c'est c<strong>et</strong>te vie que saint Joseph doit préserver<br />
aujourd'hui sur la terre comme il a jadis préservé<br />
la vie humaine <strong>de</strong> Jésus. A vrai dire, son Fils avait à<br />
peine besoin <strong>du</strong> bras paternel pour se défendre contre ses<br />
persécuteurs. U était Dieu, il pouvait se sauver par ses<br />
propres forces. Pourquoi a-t-il néanmoins voulu que son<br />
père prit en main sa défense, comme s'il eût été lui-même<br />
impuissant à le faire? C'est pour apprendre à l'homme la<br />
valeur <strong>de</strong> la vie surnaturelle qui l'anime, en lui montrant