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de Laure.<br />
Les rockers venaient d’achever leur récital. Frédéric<br />
Lodéon montait sur scène, accompagné du pianiste<br />
François Heisser. Premier concerto pour violoncelle et<br />
piano de Brahms. Lodéon, avant de jouer, rendit un bref<br />
hommage à Rostropovitch, au Sauternes et à Boris Vian.<br />
Nous étions assis à la terrasse du bistrot. Laure portait<br />
un tailleur, veste cintrée avec basques et poignets plissés,<br />
jupe droite, gants, boucles d’oreilles et ballerines. Je lui dis<br />
que je l’aimais. Elle me dit qu’elle était heureuse que je<br />
vienne vivre avec elle au Petit Marrakech. Dans ma main,<br />
je serrais la sienne…<br />
Nous avions passé ensemble, au Petit Marrakech, le<br />
premier week-end de juin. Je lui avais offert un bouquet<br />
de roses rouges et Le chercheur d’or de Le Clézio. Elle<br />
avait disposé les fleurs dans le grand vase en cristal du<br />
salon et m’avait demandé de la suivre. J’ai une surprise<br />
pour toi, avait-elle dit en appuyant sur l’interrupteur du<br />
couloir qui mène à sa chambre…<br />
Nous étions passés devant sa chambre sans nous y<br />
arrêter. Elle m’avait indiqué la porte d’une pièce dans<br />
laquelle nous n’allions jamais. Je savais simplement<br />
qu’elle avait déménagé là le bureau de son père, lorsqu’à<br />
la mort de ce dernier elle avait transformé son cabinet en<br />
salon-bibliothèque.<br />
Elle avait ouvert la porte.<br />
— Entre!<br />
Elle avait attendu que je sois entré dans la pièce<br />
obscure avant d’allumer la lumière.<br />
— Voici ton bureau, avait-elle dit, en me prenant la