L'Os De Dionysos - Y'Books

Schwarz mais pour qui se prend-il donc? Je serai clair,
mes chéris! Clair, net et précis! Le Ministre me gonfle!
Boulos!
— Non, c’est vrai! Hier l’informatique et la
Marseillaise, et aujourd’hui Claude Simon! D’abord un
lifting-France profonde, allons z’enfants de la Patrie le
Minitel est arrivé, ensuite la modernité comme si vous y
étiez, bunker de mots, blockhaus verbal, cancer sans
viande, ablations d’organes, mots tassés, coincés,
asphyxiants, asphyxiés, langue dévitalisée, ça ne mouille
pas, avalanche sèche… Un texte exigeant? Mais pas du
tout! Breton est exigeant! Simon n’est pas exigeant, il est
opaque, y a pas de son, pas de poumons, pas de souffle! Y
a peut-être du savoir, mais y a pas de saveur ! Et moi je
tiens à la saveur salée du savoir ! Voyez-vous, le Ministre
nous parle de Claude Simon, à l’heure où je lis Michel
Serres…
Je m’étais dirigé vers mon bureau. J’extirpai de mon
cartable un exemplaire des Cinq sens. Je cherchais la page
129 et, l’ayant trouvée :
— Simon, ça ne swingue pas. Or tout texte doit être
musical. Un son personnel, un tempo propre. Écoutez
ceci : « La musique, venue de toutes les Muses, ne peut
passer pour un art; elle somme tous les arts. Aucun
d’entre eux ne réussit, à son tour, s’il n’a la musique; elle
garde chacun d’eux et le fait exister. Elle-même retombe
dans les notes, le calcul plat, sans elle-même. »
Je refermai le livre de Serres, en me servant de mon
index, comme d’un marque page :
— Belle formule, n’est-ce pas! Allez, prenez une feuille,