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Bou2 nf mardi 21 juin : Bouger : 1 : Page UNE

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LÉGENDE ET RÉALITÉ<br />

Ils sont si extraordinaires<br />

qu’il a bien fallu<br />

chercher des légendes<br />

pour les expliquer.<br />

Les amateurs de merveilleux<br />

ont évoqué le<br />

diable ou les fées;<br />

d’autres ont fait appel,<br />

qui aux Romains, qui<br />

aux Arabes, qui aux<br />

Sarrasins.<br />

Sur le bisse Torrent-Neuf entre 1930 et 1935.<br />

CHARLES PARIS, MÉDIATHÈQUE VALAIS - MARTIGNY<br />

BISSES du V<br />

une longue histo<br />

PAR JEAN-HENRY PAPILLOUD, PRÉSIDENT<br />

DE LA SOCIÉTÉ D’HISTOIRE DU VALAIS ROMAND.<br />

Plus prosaïquement, les bisses du Valais, comme d’autres constructions de ce type<br />

dans le monde, sont nés du besoin d’irriguer des cultures dans des régions trop sèches.<br />

A quand remontent les bisses? La question reste ouverte. Dès le XIIe siècle, les<br />

premiers documents conservés en mentionnent, mais il faut attendre les années<br />

1300, voire 1400, pour suivre leur histoire avec une certaine précision. L’irrigation<br />

devient alors une question essentielle, car liée à une augmentation des troupeaux<br />

de bétail. Or, pour l’hivernage, il faut du fourrage et l’herbe exige plus d’eau que les<br />

céréales. C’est la raison pour laquelle, entre 1420 et 1470, de grands bisses sont mis<br />

en chantier à Ausserberg, Vollèges, Savièse, Lens, Ayent, Vex, Levron, Orsières... Et<br />

l’on ne compte plus les co<strong>nf</strong>lits pour l’eau. Dans les années 1490, l’évêque Jost de<br />

Silenen se fait une belle réputation en arbitrant les litiges avec un principe simple:<br />

l’eau appartient à qui en a besoin.<br />

A l’époque du «petit âge glaciaire», du XVIIe au milieu du XIXe siècle, les bisses ne<br />

font plus l’actualité. Il en va autrement lorsque le chemin de fer ouvre, à partir de<br />

1860, les marchés à la concurrence extérieure. Le prix des céréales s’effondre et<br />

ceux de la viande et des produits laitiers montent. Les agriculteurs transforment les<br />

champs en prés et doivent les arroser. Les bisses reviennent sur le devant de la<br />

scène. On les rénove, on en construit de nouveaux, on se dispute leurs eaux.<br />

En 1871, ils occupent une place de choix à l’exposition cantonale d’agriculture.<br />

Léopold Blotnitzki en dresse le premier inventaire. Il recense 117 bisses et évalue à<br />

1536 km leur longueur totale. Dès lors, avec les subsides de la Co<strong>nf</strong>édération et la<br />

création, en 1904, du Service des améliorations foncières, la modernisation des bisses<br />

est encouragée. Elle s’impose avec la loi de 1929 sur l’irrigation. L’Etat donne des<br />

moyens importants aux communes et aux consortages pour améliorer les canalisations.<br />

Une vingtaine de projets d’envergure sont lancés, dont une dizaine de tunnels<br />

qui remplacent de grands bisses vertigineux à Savièse, Lens, Mörel...<br />

TOURISME SALUTAIRE<br />

La modernisation se poursuit dans les années 1950 avec l’introduction de l’irrigation<br />

par aspersion. Cependant, l’élevage du bétail est en forte diminution et l’arrosage<br />

perd de son importance. Le déclin semble irréversible. Pourtant, les bisses<br />

n’ont pas dit leur dernier mot. Alors qu’on les croit moribonds, ils renaissent, car ils<br />

disposent d’atouts qui intéressent les milieux touristiques pour les promenades et<br />

les milieux culturels pour leur valeur patrimoniale. A partir des années 1980, l’abandon<br />

des canaux fait place à un nouvel intérêt qui se marque par des reconstructions<br />

et des remises en eau. Plus récemment, les économistes et les politologues découvrent<br />

que le système de gestion des bisses est riche d’enseignement pour le fonctionnement<br />

de notre société actuelle.<br />

Les bisses, symboles de l’histoire et de la culture valaisannes, focalisent à nouveau<br />

l’attention. Faut-il les inscrire sur la Liste du patrimoine mondial de l’<strong>UNE</strong>SCO? Le<br />

colloqueorganiséàSionetàSavièsedu2au5septembre2010,faitavancerlaquestion.<br />

Un dossier de candidature, porté par l’Association des bisses du Valais, est en<br />

discussion. Entre-temps, la publication, richement illustrée, des Actes du colloque<br />

dans les «Annales valaisannes» annonce la couleur: les bisses du Valais ont l’avenir<br />

devant eux et peuvent écrire encore quelques belles pages de notre histoire.

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