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LÉGENDE ET RÉALITÉ Ils sont si extraordinaires qu’il a bien fallu chercher des légendes pour les expliquer. Les amateurs de merveilleux ont évoqué le diable ou les fées; d’autres ont fait appel, qui aux Romains, qui aux Arabes, qui aux Sarrasins. Sur le bisse Torrent-Neuf entre 1930 et 1935. CHARLES PARIS, MÉDIATHÈQUE VALAIS - MARTIGNY BISSES du V une longue histo PAR JEAN-HENRY PAPILLOUD, PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ D’HISTOIRE DU VALAIS ROMAND. Plus prosaïquement, les bisses du Valais, comme d’autres constructions de ce type dans le monde, sont nés du besoin d’irriguer des cultures dans des régions trop sèches. A quand remontent les bisses? La question reste ouverte. Dès le XIIe siècle, les premiers documents conservés en mentionnent, mais il faut attendre les années 1300, voire 1400, pour suivre leur histoire avec une certaine précision. L’irrigation devient alors une question essentielle, car liée à une augmentation des troupeaux de bétail. Or, pour l’hivernage, il faut du fourrage et l’herbe exige plus d’eau que les céréales. C’est la raison pour laquelle, entre 1420 et 1470, de grands bisses sont mis en chantier à Ausserberg, Vollèges, Savièse, Lens, Ayent, Vex, Levron, Orsières... Et l’on ne compte plus les conflits pour l’eau. Dans les années 1490, l’évêque Jost de Silenen se fait une belle réputation en arbitrant les litiges avec un principe simple: l’eau appartient à qui en a besoin. A l’époque du «petit âge glaciaire», du XVIIe au milieu du XIXe siècle, les bisses ne font plus l’actualité. Il en va autrement lorsque le chemin de fer ouvre, à partir de 1860, les marchés à la concurrence extérieure. Le prix des céréales s’effondre et ceux de la viande et des produits laitiers montent. Les agriculteurs transforment les champs en prés et doivent les arroser. Les bisses reviennent sur le devant de la scène. On les rénove, on en construit de nouveaux, on se dispute leurs eaux. En 1871, ils occupent une place de choix à l’exposition cantonale d’agriculture. Léopold Blotnitzki en dresse le premier inventaire. Il recense 117 bisses et évalue à 1536 km leur longueur totale. Dès lors, avec les subsides de la Confédération et la création, en 1904, du Service des améliorations foncières, la modernisation des bisses est encouragée. Elle s’impose avec la loi de 1929 sur l’irrigation. L’Etat donne des moyens importants aux communes et aux consortages pour améliorer les canalisations. Une vingtaine de projets d’envergure sont lancés, dont une dizaine de tunnels qui remplacent de grands bisses vertigineux à Savièse, Lens, Mörel... TOURISME SALUTAIRE La modernisation se poursuit dans les années 1950 avec l’introduction de l’irrigation par aspersion. Cependant, l’élevage du bétail est en forte diminution et l’arrosage perd de son importance. Le déclin semble irréversible. Pourtant, les bisses n’ont pas dit leur dernier mot. Alors qu’on les croit moribonds, ils renaissent, car ils disposent d’atouts qui intéressent les milieux touristiques pour les promenades et les milieux culturels pour leur valeur patrimoniale. A partir des années 1980, l’abandon des canaux fait place à un nouvel intérêt qui se marque par des reconstructions et des remises en eau. Plus récemment, les économistes et les politologues découvrent que le système de gestion des bisses est riche d’enseignement pour le fonctionnement de notre société actuelle. Les bisses, symboles de l’histoire et de la culture valaisannes, focalisent à nouveau l’attention. Faut-il les inscrire sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO? Le colloqueorganiséàSionetàSavièsedu2au5septembre2010,faitavancerlaquestion. Un dossier de candidature, porté par l’Association des bisses du Valais, est en discussion. Entre-temps, la publication, richement illustrée, des Actes du colloque dans les «Annales valaisannes» annonce la couleur: les bisses du Valais ont l’avenir devant eux et peuvent écrire encore quelques belles pages de notre histoire.
Valais, oire Le Torrent-Neuf de Savièse aujourd’hui. MARTIN FARDEY Meubles Pesse SA Z.i. Les Ilettes I 1870 Monthey 2 Tél. 024 471 48 44 info@pesse.ch I www.pesse.ch Fermé le lundi Sortie autoroute No 19 Bex, direction Monthey - Les Ilettes Ouverture du mardi au vendredi de 8h30 à 12h30 et de 13h30 à 18h30 Samedi non-stop de 8h30 à 17h00 Musée des bisses 260 bisses auront leur musée en 2012 à Ayent. JEAN BONNARD L’Association du Musée valaisan des bisses, présidée par Armand Dussex, a dressé l’inventaire de 260 (!) bisses sur son site (www.musee-des-bisses.ch/). Le visiteur peut les situer géographiquement et se faire une idée de leur intérêt touristique et historique et de leur état de conservation. Armand Dussex pilote surtout le projet du futur Musée des bisses qui sera inauguré au printemps 2012. Il se situera dans la maison peinte (du XVIIe siècle) de Botyre où 270 m 2 carrés d’exposition seront aménagés dans une douzaine de salles sur 3 étages, complétés par une exposition extérieure de 130 m 2 . L’expo fera la part belle à l’histoire et aux techniques de construction. La médiathèque sera la mémoire des bisses avec des archives écrites et audiovisuelles, la littérature et les manuscrits. Des expositions de photos grands formats, le rôle de l’eau dans le développement des civilisations, une salle de projection et une salle réservée au bisse invité sont aussi prévus. «A l’extérieur, un aménagement présentera le fonctionnement du bisse, le visiteur pourra le manipuler à son aise ce qui est interdit de faire le long du bisse», explique Armand Dussex. La maison peinte de Botyre, futur Musée des bisses. LE NOUVELLISTE Bouger PUBLICITÉ Le plus grand choix de Suisse romande 15
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