La destination du littoral de Tetouan - Plan Bleu

en cours accordent toujours une place importante au résidentiel sous forme d’appartements ou de villas
destinés à la vente avec un total de 10 327 unités dont 9 900 appartements et 427 villas. En général tous les
projets s’intitulent « complexe touristique » et prévoient autour de l’hôtel le parc d’appartement et/ou de
villas le tout associé à un complexe commercial, voire sportif, aires de jeux pour enfants, etc. La politique
publique, sa déclinaison et sa programmation semblent donc vouloir corriger le déséquilibre dont a
longtemps souffert la destination.
Cependant, en faisant le point sur la réalisation effective de ces chantiers en cours, on se rend compte que
souvent le parc immobilier résidentiel est réalisé en premier, alors que l’hôtel n’est pas encore programmé,
quant il n’est pas abandonné. Ainsi, alors que 8,5 % du parc résidentiel programmé sont déjà réalisés, contre
0 % pour l’hôtellerie (seul un hôtel de 100 lits est au stade de la finition), 93,5 % des projets de résidences
sont en cours de réalisation contre seulement 13,3 % pour l’hôtellerie ! (Tableau 14).
Tableau 14 : Etat de réalisation des projets initiés dans le cadre de la nouvelle stratégie (2010)
Hôtellerie
(nb de lits)
Résidences touristiques (unités)
Résidentiel (unités)
nb % nb % nb %
Programmé 5 266 100 % 5 130 100 % 10 327 100 %
Réalisé 0 0,0 % 428 8 ,5 % 663 6,4 %
En cours 702 13,3 % 0 0,0 % 9 664 93,5 %
Source : Ministère du tourisme (2011)
Il est évident que souvent la réalisation du résidentiel en premier permet, suite aux ventes sur plan, de
financer l’hôtellerie dans un deuxième temps, mais il nous semble que parfois l’inscription de l’hôtel est une
manière de justifier l’appellation « complexe touristique » et de contourner ainsi les mesures politiques,
puisque la réalisation de cet hôtel étant constamment repoussée.
Ne faut-il pas introduire dans ces mesures une condition dans le processus d’octroi des autorisations
nécessaires à ces projets ? Ne peut-on pas conditionner la réalisation du résidentiel par la concrétisation
d’abord d’une partie ou de toute la composante hôtellerie ? Les lois régissant l’aménagement touristique au
Maroc et dans la région ne semblent pas privilégier cet aspect, ou alors le contrôle doit être revu.
Ceci est d’autant plus important que plusieurs mesures décidées au niveau national en ce qui concerne la
durabilité du tourisme ne peuvent s’appliquer qu’à travers l’hôtellerie et non à travers le résidentiel privé.
C’est ce qu’on va examiner dans ce qui suit.
1.2. De l’importance de la composante hôtelière pour la durabilité sociale,
économique et environnementale
Insister sur la place que doit occuper l’hôtellerie dans la destination, c’est veiller d’abord à ce que le tourisme
puisse avoir des retombées sur la région. En effet, la seule retombée réelle du résidentiel sur l’économie
régionale se réduit aux emplois créés par les chantiers de construction et les impôts locaux que prélèvent les
collectivités locales sur ces résidences secondaires. Les emplois sont réduits au strict minimum puisqu’ils se
limitent au gardiennage et à l’entretien des maisons secondaires et les impacts sur le commerce local sont
relativement faibles car les résidents de courte durée arrivent souvent avec leur ravitaillement. Or, nous
n’avons pas besoin de démontrer les retombées en termes d’emplois et de dépenses de l’hôtellerie.
Mais la place réduite de l’hôtellerie nous semble avoir un autre impact sur la durabilité. Il s’agit de la
sauvegarde de l’environnement et notamment des ressources. Déjà l’étalement des urbanisations sur des
kilomètres et des kilomètres le long de la côte se traduit par des investissements en infrastructures et en
gestion des divers déchets à la charge des collectivités locales. Or, ces investissements peuvent être réduits et
plus rationalisés si les implantations étaient plus agglomérées autour d’établissements hôteliers.
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