La destination du littoral de Tetouan - Plan Bleu

3.2. Un projet de territoire
Pour initier le montage d’un nouveau produit méditerranéen « littoral/arrière-pays », on peut s’inscrire dans
la dynamique qui se développe actuellement au Maroc et dans divers pays et qui tourne autour du concept
de développement territorial. Cet outil oriente aujourd’hui toutes les actions qu’elles soient
gouvernementales ou autres. Mais si la vision semble assez claire sur le « pourquoi » de cette démarche, le
« comment » reste encore assez flou. La recherche s’est emparée de ce thème et aujourd’hui des
interrogations telles que « Comment faire des territoires de projets des cadres de mobilisation des acteurs
locaux ? Comment articuler le top down au local ? Comment alimenter le local et l’inciter à créer des
synergies et des solidarités territoriales avant la mise en place des outils institutionnels (appels à projets
communs, groupements de communes, groupement d’agglomération) ?
Dans le domaine du tourisme, l’étude commandée par le ministère du Tourisme pour préparer la vision
2020 privilégie l’approche territoriale. Mais ses résultats n’étant pas encore connus, on ne peut s’inspirer de
cet outil de la future politique publique marocaine en matière de tourisme pour faire des propositions sur la
démarche à suivre dans le montage du produit proposé ici. Par contre la stratégie de développement du
tourisme rural mise au point au début des années 2000 a retenu le concept de Pays d’accueil touristique. La
déclinaison de cette démarche dans la réalité est encore loin d’être satisfaisante et se caractérise par ses
nombreux balbutiements. Mais certaines idées contenues dans la boîte à outils de ce concept pourraient
aider dans le montage de ce que nous proposons ici.
Il est de ce fait utile de rappeler brièvement les principes qui sont à la base d’un PAT. Partant de la nécessité
de mutualiser le potentiel et les compétences, le Pays d’Accueil Touristique a une personnalité propre et est
délimité sur la base des éléments le distinguant de ses voisins à savoir une unité physique et culturelle mais
aussi une diversité du produit. Il doit se situer à proximité d’une zone d’émission et être doté d’un label. Il
émane surtout d’une volonté des acteurs locaux désireux de mettre en tourisme leur espace. Il nécessite un
accompagnement et une organisation de développement et de gestion. Pour cela il doit être doté de divers
organes et s’appuie sur une animation spécifique. Il suppose des équipements et des aménagements
touristiques (maison de pays, hébergements touristiques ruraux, restauration touristique, signalétique
touristique). En résumé un Pays d’Accueil Touristique est un territoire qui n’est ni une Région, ni une
Province, ni une Commune. Il peut être une partie d’une région ou d’une province ou être à cheval sur
plusieurs communes : il est avant tout un territoire de projet.
Mais un Pays d’Accueil Touristique ne peut devenir effectif que s’il y a une volonté émanant des acteurs
locaux pour construire ensemble une image en « patrimonialisant » les éléments de cet espace qui peuvent
l’être et appuyer le tout sur un label de qualité, l’organiser sur le plan de l’hébergement, de la restauration et
de l’animation, la promouvoir à travers une politique de communication ciblée et la vendre à travers les
canaux déjà actifs pour commercialiser le produit Maroc en général.
• Délimitation du territoire
Réfléchir sur un projet qui serait basé sur (et porté par) un territoire suppose d’abord la délimitation de ce
territoire. Cette définition doit se faire par le bas en impliquant au maximum tous les acteurs concernés. Mais
auparavant il faut en esquisser les limites spatiales. Nous partons de l’hypothèse que pour assurer le maximum de
chances de réussite à ce territoire de projet, celui-ci doit être limité en superficie au départ, mais cette superficie
pourrait évoluer dans le temps pour s’élargir au fur et à mesure que le produit donne des signes de réussite et
intégrer d’autres sites et d’autres porteurs de projets.
Dans le cas qui nous concerne, nous avons une unité physique, soit une montagne et son littoral, doublée d’une
unité culturelle, le pays Jbala avec en plus une grande diversité du produit. La figure 14 propose les limites de ce
territoire en intégrant le littoral de Tétouan que nous avons longuement décrit à celui plus au sud allant de Oued
Laou à la plage de Jebha et y englober le pays de Chefchaouen tel que délimité dans la figure 13. Regrouper le
littoral nord déjà urbanisé (notre destination) et le littoral sud encore plus ou moins vierge pourrait aider à
sauvegarder ce dernier. En effet là, la montagne rifaine plonge de façon brutale en Méditerranée laissant peu de
place pour les plages qui se réduisent parfois aux débouchés des rivières. La nature est encore relativement
préservée, mais les initiatives ont déjà commencé là où le littoral est d’accès facile. En assemblant ces deux littoraux
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