La destination du littoral de Tetouan - Plan Bleu

• l’association des collectivités locales, des associations de protection de l’environnement et du secteur privé à la
prise de décision concernant le littoral ;
• la réhabilitation des zones et des sites littoraux détériorés et pollués ;
• le libre accès au rivage de la mer.
Après avoir défini le littoral (entités délimitées par les communes ouvertes sur la mer) et précisé un certain
nombre de principes généraux, cette loi édicte les règles de protection, insiste sur le libre accès au littoral,
pose les conditions dans lesquelles doivent être exercées les activités sur cette zone, institue un Schéma
Régional de Protection et de Gestion Intégrée du Littoral, créé une Agence Nationale du Littoral sous la
forme d’un établissement public et désigne les autorités de contrôle. Des contraintes supplémentaires sont
donc ajoutées à celles régies par les autres lois. Le principe retenu est celui de l’aménagement en profondeur,
les normes devenant plus contraignantes à proximité du rivage. On propose une zone non constructible de
100 m et une deuxième bande, avec plusieurs contraintes. On doit garantir par ailleurs le passage piétonnier
dans le domaine public maritime (passages transversaux obligatoires tous les 500 m). Les travaux pouvant
porter atteinte à l’état naturel de la côte seraient en principe interdits, sauf pour rendre un service public. Les
rejets en mer seraient interdits et les établissements tenus de traiter leurs eaux usées. Les projets susceptibles
de porter atteinte au littoral sont soumis à des études d’impact sur l’environnement.
Comme on le voit ce projet de loi couvre l’essentiel des problèmes soulevés sur le littoral de Tétouan. Il
apporte des réponses judicieuses à plusieurs menaces qui pèsent sur ce littoral. Mais le retard apporté à sa
promulgation est tout simplement incompréhensible. Il semblerait cependant que ce projet soit en cours de
réactivation pour passer par les différentes étapes de sa promulgation.
Malheureusement si cette loi peut encore avoir des effets sur d’autres littoraux marocains, il est bien trop
tard qu’elle puisse avoir le moindre effet sur le littoral de Tétouan. L’application de la loi pourra œuvrer à
protéger ce littoral contre les pollutions futures ou actuelles en généralisant, par exemple, le branchement de
tout le résidentiel au réseau d’assainissement liquide, ce qui est encore loin d’être le cas aujourd’hui. Elle
pourra également faciliter l’association des collectivités locales, des associations de protection de
l’environnement et du secteur privé aux futures prises de décision concernant ce littoral. Elle permettra la
prise en compte de la dimension environnementale du littoral dans les politiques sectorielles.
Mais il est un peu tard selon nous pour introduire une gestion intégrée et un développement équilibré du
littoral, car l’état de saturation et de dégradation est assez avancé. C’est également le cas pour ce qui est de la
préservation de l’accès libre au rivage. Il reste peu de fenêtres et s’il y a une décision à prendre aujourd’hui,
c’est celle d’interdire de façon radicale toute nouvelle construction sur le littoral. En fait le littoral de
Tétouan aurait besoin d’actions de réhabilitation aussi bien des zones encore libres que des écosystèmes
littoraux là où ils ne sont pas encore modifiés de façon irréversible. Nous pensons ici aux lagunes et zones
humides et au massif forestier de Koudiat Taifor. La préservation de ces milieux naturels ou ce qui en reste
pourrait même être avancée comme un argument commercial car la saturation attendue suite aux nombreux
chantiers en cours aurait besoin de quelques espaces naturels, autrement tous ces investissements risquent
d’être rapidement dévalorisés.
Le document du PDTR détaille les actions à mener pour la relance de la destination. Mais dans la multitude
d’actions qu’il propose et qui s’articule autour du produit, la formation, l’accès, le marketing,
l’environnement urbain et paysager et l’organisation institutionnelle, il n’y aucune mention à un travail de
sensibilisation et à la nécessité de la préservation du capital de cette destination, à savoir sa qualité
environnementale et paysagère. Pourtant les occasions ne manquaient pas et on pouvait mettre à profit les
rubriques formation et marketing du document pour proposer dans ce cadre des actions dirigées aussi bien
vers les promoteurs que vers les collectivités locales et les décideurs en insistant sur les valeurs à préserver
pour garantir plus de durabilité aux capitaux et aux efforts investis. Bref il aurait fallu lier de façon plus
explicite le plan de développement proposé pour la destination à l’instauration et à l’entretien d’un équilibre
entre les impératifs du développement économique et les nécessités de protection du littoral.
L’une des voies à prospecter pour alléger la pression sur ce littoral, enrichir son offre et rééquilibrer les
retombées socio-économiques du tourisme est à rechercher aussi à l’intérieur du continent.
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