La destination du littoral de Tetouan - Plan Bleu

Ce qui fait aussi l’intérêt touristique de la région, c’est la multitude de manifestations et de savoir-faire des
populations qui sont en relation étroite avec l’environnement local et constituent de forts marqueurs socioculturels
de l’identité locale. Souks (marchés) et moussems (festivals traditionnels), lieux d’échange par excellence, offrent les
productions locales artisanales ou agricoles comme le tissage ou la poterie, aujourd’hui mondialement connues.
Capitale de cette entité socioculturelle, Chefchaouen est déjà un produit touristique en soi. Perchée à 600 m, cette
ville – unique agglomération urbaine traditionnelle du Maroc en zone de montagne – avait pour mission principale
d’arrêter l’avancée des ibériques qui se faisaient de plus en plus pressante depuis la prise de Ceuta en 1415.
Aujourd’hui, bien que somnolente, la petite ville a beaucoup de caractère et s’ouvre de façon remarquable sur son
arrière-pays rural avec lequel elle a développé une intense vie relationnelle. Elle se prête parfaitement au rôle de
capital d’un pays de tourisme rural.
En somme, à quelques kilomètres du rivage, il y a suffisamment de centres d’intérêt et des possibilités immenses
pour proposer des activités mobiles (randonnées, trekking, canoë-kayak, etc.) de manière à accompagner et à
diversifier le produit balnéaire.
• Une forte proximité actuelle et future de différents points d’accès…
En plus du littoral de Tétouan, le « Pays touristique de Chefchaouen » en gestation se situe également en marge de
futurs projets touristiques programmés à Khmiss Sahel (Station de Lixus) et le long du littoral du détroit. L’une des
réalisations en cours et qui influera sur ce futur pays en termes de clientèle est la rocade méditerranéenne. Son
tracé montre bien que notre futur pays deviendra accessible de deux côtés. Actuellement il est essentiellement
accessible soit par le sud en venant de Rabat ou Casablanca par Ouezzane, soit du Nord en venant par la route
continentale Tanger-Tétouan-Chefchaouen. Avec la future rocade, des visiteurs et randonneurs pourront y accéder
par le littoral Méditerranée (Figure 12).
Principal pôle émetteur et redistributeur des randonneurs et autres pratiquant du tourisme vert, la ville de
Chefchaouen dispose d’une capacité d’hébergement faite d’hôtels non classés et d’une multitude de pensions, alors
que l’hôtellerie classée et les maisons d’hôtes se développent de façon assez sensible. Mais la particularité de cette
destination intérieure est la multiplicité des auberges et autres gîtes d’étapes tenus par des habitants dans les
différents villages de la montagne. En effet, nous avons ici le développement d’une forme de tourisme tout à fait
nouvelle pour le Maroc : le tourisme rural.
• Un intéressant processus de mise en tourisme de la montagne
Ce processus s’appuie sur quatre éléments principaux :
− Un intérêt porté par la demande à ce pays.
Depuis plusieurs années une demande en tourisme de randonnée s’est dirigée de façon plus ou moins
spontanée vers la région. Dans un premier temps, des individus et des groupes visitant la ville de Chefchaouen
ont prolongé leurs séjours dans la région en effectuant des randonnées dans l’arrière-pays de la ville avec même
des séjours et un hébergement improvisés chez l’habitant. Ensuite des groupes de touristes (surtout espagnols
et secondairement français) arrivant au Maroc en voiture, programment sur leur chemin vers le sud du pays un
arrêt de deux ou trois jours en vue de pratiquer quelques circuits devenus classiques. Les programmes de ces
petites randonnées sont mis au point en liaison avec de jeunes guides de la ville, des associations de
développement local, des professionnels de la restauration ou de l’hébergement également de la ville.
Aujourd’hui et aux dires de nos interlocuteurs (professionnels, guides, mouvement associatif) plus d’un millier
de personnes par an parcourent la région. Bien que ce chiffre soit difficile à vérifier, c’est à notre avis un
effectif non négligeable si on tient compte du fait qu’un produit de tourisme rural structuré et commercialisé
est juste à ses débuts.
− Cette demande touristique ne laisse pas indifférents les acteurs locaux de la région.
Ces flux de touristes arrivés dans la région de façon plus ou moins spontanée ont suscité une réponse assez
originale de la part d’acteurs locaux qui ont bien su satisfaire une partie des attentes de cette demande. Ces
initiatives sont assez diversifiées. Nous les avons classées selon deux types.
Le premier type, composé des jeunes guides officiels travaillant sur la ville ou guides plus ou moins clandestins,
captent une partie de cette demande en s’organisant (fax, portable, site internet) et en recevant des commandes
d’avance pour l’organisation de tournées. Des professionnels de la restauration ou de l’hébergement coorganisent
avec ces guides des sorties pour des groupes. Des habitants de certains villages assez bien fréquentés
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