La destination du littoral de Tetouan - Plan Bleu

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partagent une histoire ou une vie relationnelle. Le pays Jbala qui fonctionne en symbiose avec son littoral en est un bon exemple. Ceci permettra non seulement de sauvegarder le tourisme balnéaire et lui assurer plus de durabilité, mais aussi de diffuser ses effets dans l’intérieur et contribuer à sauver les sociétés rurales de l’arrière-pays fortement menacées. Au-delà du tourisme ceci permettra surtout de trouver des éléments de réponses à deux évolutions assez inquiétantes pour les campagnes marocaines en général et méditerranéennes en particulier. La première de ces évolutions découle de la signature d’accords Nord/Sud de libre échange (accords euro méditerranéens, accord de libre échange signé en 2004 entre le Maroc et les Etats Unis d’Amérique). L’application de ces accords se traduira probablement par une confrontation entre les agricultures paysannes méditerranéennes à très faible productivité (céréales, élevage) et l’agriculture à haute productivité du Nord qui pourrait être fatale pour notre arrière-pays. La seconde évolution concerne le changement climatique, la Méditerranée étant un des principaux sites critiques mondiaux puisqu’on annonce au Maghreb une croissance des températures pouvant atteindre + 5° C dans les arrière-pays dans un scénario global, et une baisse de 30 % des ressources en eau et des écoulements (en 2050 par rapport à 1950). Les solidarités qui avaient joué jusqu’à présent pour maintenir la stabilité pourront-elles s’exercer encore lorsque les sécheresses seront beaucoup plus nombreuses et prolongées et toucheront des régions très peuplées et non compétitives ? Ces deux évolutions exigent des progrès rapides dans la gestion des écosystèmes et des ressources et dans l’économie agricole et rurale des arrière-pays plus désavantagés que les littoraux et les plaines côtières si on veut éviter des ruptures écologiques et sociales. La création de solidarités nouvelles entre arrière-pays et littoraux par le biais d’une nouvelle image du tourisme méditerranéen basé sur des développements territorialisés, pourrait participer à ces progrès. Cette approche est d’autant plus intéressante qu’en intégrant le littoral à l’arrière-pays elle mettra en synergie deux système touristiques différents et complémentaires. 2. Deux modèles et deux systèmes touristiques qui gagneraient à fusionner Imaginer un nouveau produit qui intègre le littoral et l’arrière-pays, c’est faire fusionner deux systèmes touristiques assez différents mais complémentaires. Si on adopte les éléments constitutifs du système touristique tels que défini par les termes de référence de l’étude, ce système étant supposé faire inter réagir aux différentes échelles territoriales (locale, régionale, nationale et internationale) différents acteurs entre eux et avec les secteurs prioritaires de la SMDD (eau, transports, déchets, énergie, etc.), on ne peut que constater que nos deux produits (celui du littoral et celui de l’arrière-pays) présentent deux modèles de fonctionnement différents. La principale différence provient du degré d’implication et de l’intérêt de chacun des différents acteurs présents. La matrice du Tableau 16 fait l’inventaire des différents acteurs qui inter réagissent dans les deux systèmes (le littoral et l’arrière-pays) et ce selon des échelles territoriales qui s’emboîtent les unes dans les autres : 66
Tableau 16 : Les différents acteurs des deux systèmes touristiques étudiés et leurs degrés d’implication Echelle territoriale Acteurs Système littoral Système arrière-pays Locale Régionale Nationale Internationale Population Associations de développement Associations de protection de l’environnement Autorités locales Collectivités locales Investisseurs locaux Petits porteurs de projets Jeunes guides Hôteliers Délégation du tourisme Autorités régionales Conseil régional Investisseurs Clientèle régionale Haut commissariat aux Eaux et Forêts (Parc de Talassemtane) Conseil Régional du Tourisme (CRT) Ministère du tourisme Ministère de l’environnement Haut commissariat aux Eaux et Forêts (Parc de Bouhachem) Fédération du tourisme Clientèle nationale Investisseurs Tours opérateurs nationaux Association de protection de l’environnement ONG internationales Tours opérateurs internationaux Clientèle Investisseurs Experts internationaux Coopération décentralisée (parc de Bouhachem) Fortement impliqué Faiblement impliqué Quasi absent Ainsi, le développement du tourisme dans l’arrière-pays est avant tout le fait des acteurs locaux qui y sont fortement impliqués, que ce soit au niveau de la population, des associations de proximité et de développement local, des investisseurs, des petits porteurs de projets, etc. Ceci traduit parfaitement ce qu’on sait sur le tourisme rural qui émane souvent d’initiatives locales et est porté par ce même local. Par opposition, les implantations balnéaires le long du littoral n’attirent l’attention au niveau local que des hôteliers et de la représentation locale du ministère du Tourisme à travers la délégation provinciale de Tétouan et son travail de contrôle. Elle est cependant assez loin des préoccupations des porteurs de projets de l’arrière-pays qu’elle suit pour la forme. Au niveau régional, la mobilisation des acteurs est relativement faible. Il faut souligner une action majeure menée de concert entre le conseil régional et le Haut commissariat des Eaux et Forêts et par le biais d’une coopération décentralisée entre une région française (Provence – Alpes – Côte d’Azur) et la région de Tanger - Tétouan. Il s’agit de la création d’un parc régional, première initiative du genre au Maroc, et qui est le parc de Bouhachem. Ce dernier sera un atout de taille pour la consolidation du tourisme rural dans l’arrière-pays. Le Conseil régional du tourisme influe aussi sur le développement du tourisme à travers l’impulsion du PDTR, le concept de Tamuda Bay et les quelques options au niveau de l’arrière-pays. 67
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