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ANTICANCER - GEQC Groupe d'Experts Qualité CNAM

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Le cancer et si on en parlait ! ?<br />

<strong>Groupe</strong> de réflexion GEQseC, sur la base d'une lecture de Claude Macéra<br />

Animateurs : Évelyne Demartis, Jean-Jacques Berlie, Claude Macéra, Claude Pinet<br />

9.1 La peur de souffrir – la peur du vide<br />

Comme la naissance, la mort fait partie de la vie. La mort n’est pas une mais multiple,<br />

aussi prise séparément, ces peurs sont beaucoup moins écrasantes.<br />

Par ce destin commun, nous restons entièrement humain, relié à tous, à tous nos<br />

ancêtres et à tous nos descendants.<br />

Dans les derniers jours, on cesse d’avoir envie de s’alimenter et de boire. Le corps se<br />

déshydrate alors progressivement. Plus de sécrétions, donc plus d’urine, plus de selles,<br />

moins de phlegme, dans les poumons. Donc moins de douleur dans le ventre, moins de<br />

nausée. Tout le corps se calme. La bouche est souvent sèche, mais il est facile de la<br />

soulager avec des petits glaçons ou un tissu mouillé. Une fatigue s’installe, et l’esprit<br />

se détache, le plus souvent avec un sentiment de bien être, parfois avec euphorie. On a<br />

moins envie de parler à ses proches. Simplement de leur tenir la main de regarder<br />

ensemble la lumière du soleil par la fenêtre, d’écouter le champ des oiseaux, ou une<br />

musique particulièrement belle. Dans les dernières heures on entend parfois une<br />

respiration différente qu’on appelle « râle ». Et puis, il y a généralement quelques<br />

dernières respirations incomplètes (les derniers soupirs) et des contractions<br />

involontaires du corps et du visage qui semblent se rebeller contre la disparition de la<br />

force vitale. Elles ne sont pas l’expression d’une souffrance, mais simplement la<br />

manifestation du manque d’oxygène dans les tissus. Puis les muscles se relâchent, et<br />

tout est terminé.<br />

Denis se prépare à mourir à 32 ans, un lymphome le dévorait depuis quelques mois et<br />

les traitements n’avaient pas d’effet. Il était profondément athée.<br />

Denis découvrait ce qu’il appellerait plus tard son « âme ». Comment chacun de ses<br />

choix, chacune de ses actions au cours de sa vie s’étaient imprimé pour toujours dans<br />

le destin du monde par ses répercutions infinies. Comme le papillon proverbial de la<br />

théorie du chaos, dont les battements d’ailes en Chine influence les ouragans<br />

d’Amérique. Denis prenait conscience de l’importance de chaque pensée, de chacune<br />

de ses paroles. Et encore plus des gestes d’amour vers les autres ou même vers la terre.<br />

Il les voyait maintenant comme la semence d’une récolte éternelle. Il avait le sentiment<br />

pour la première fois, de vivre chaque instant. De bénir le soleil qui lui caresse la peau,<br />

comme l’eau qui rafraîchissait sa gorge. Ce soleil qui avait donné la vie à la terre et<br />

cette eau qui en avait été le berceau de l’humanité. « D’où vient cette gratitude chez<br />

moi qui vais mourir ? » Et puis le vent aussi, le vent sur mon visage. « Bientôt je serais<br />

le vent, et l’eau et le soleil. Tu vois, c’est ça mon âme. Ce que j’ai fait de moi, qui vit<br />

déjà partout et y vivra toujours ».<br />

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