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FEU ET LUMIERES - Institut du Monde Arabe

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d’Egypte de Bonaparte<br />

n’avait pas eu lieu <br />

Sans doute aurait-elle<br />

continué de se développer,<br />

tant son<br />

emprise sur les<br />

esprits était forte,<br />

mais jamais, certainement,<br />

elle n’aurait atteint<br />

le développement qu’elle a<br />

connu, tant en France que<br />

dans le monde occidental, tout<br />

au long <strong>du</strong> XIX e siècle ».<br />

Ce néanmoins, l’expédition,<br />

par l’abondance<br />

des travaux qu’elle<br />

inspire aux artistes –<br />

souvent au-delà des<br />

réalités historiques –,<br />

se trouve au centre de<br />

la réflexion menée par<br />

certains et constitue,<br />

dès lors, l’une des sources<br />

des nouveaux courants<br />

artistiques de l’époque :<br />

« Insensiblement l’iconographie<br />

néo-classique de l’expédition se<br />

Assiette à l’autruche, avec vue <strong>du</strong> village de Nagadi<br />

Et J.-M. Humbert de noter encore :<br />

Manufacture de Sèvres, 1 ère moitié <strong>du</strong> XIX e siècle<br />

transforme en paroxysme d’expression<br />

« Tout au long <strong>du</strong> XIX e siècle, des Musée national <strong>du</strong> Château de Fontainebleau<br />

annonçant le romantisme et<br />

intérieurs à l’égyptienne sont (…)<br />

© RMN. Photo : Jean-Pierre Lagiewski<br />

l’orientalisme <strong>du</strong> XIX e siècle »,<br />

créés, aussi bien dans les cours impériales et royales<br />

que chez des particuliers ». Il rend compte également<br />

de la mode « des tombes construites à l’égyptienne »<br />

et, surtout, constate que « des bâtiments entiers<br />

s’inspirent des planches de la Description », à Paris,<br />

certes, mais aussi à Londres, à Varsovie, ou encore à<br />

Saint-Pétersbourg. Si le style retour d’Egypte,<br />

remarque à cet égard Henry Laurens. C’est que,<br />

comme le fait Jérémie Benoît, « il convient de<br />

distinguer, dans le domaine de la peinture, les sujets<br />

eux-mêmes, liés à la propagande impériale, et la<br />

découverte de l’orientalisme, que seuls quelques<br />

artistes majeurs, Gros, Girodet, surent reconnaître<br />

très tôt, ouvrant la voie au romantisme ».<br />

qui concerne un vaste ensemble d’artéfacts <strong>du</strong><br />

quotidien – de la décoration intérieure, mobiliers et bibelots<br />

essentiellement, à la mode et aux arts orfèvres –,<br />

s’épanouit tout au long <strong>du</strong> XIX e siècle, l’appellation<br />

« "style retour d’Egypte" se trouve plus particulièrement<br />

cantonnée dans la période suivant immédiatement<br />

l’expédition de Bonaparte, et donc essentiellement<br />

le Consulat et le 1 er Empire », précise J.-M. Humbert.<br />

« L’expédition d’Egypte est présente à l’esprit de tous<br />

les artistes qui se sont tournés vers l’Orient au<br />

XIX e siècle, même chez ceux qui ne s’en sont pas<br />

directement inspirés », écrit Christine Peltre,<br />

historienne de l’art et professeur à l’Université March<br />

Bloch, dans le catalogue de l’exposition. Ainsi de<br />

Delacroix, préparant Les massacres de Scio et<br />

tra<strong>du</strong>isant « dans son Journal une sorte de fièvre :<br />

Pendant cette même période, les peintres cherchent à<br />

exalter – quand ils n’y sont pas engagés par voie de<br />

concours, voire de commandes – l’héroïsme <strong>du</strong> jeune<br />

général et de son armée pendant l’expédition<br />

"L’Egypte ! L’Egypte !", s’exclame-t-il (…), comme à la<br />

proue d’un vaisseau imaginaire », avant d’ajouter,<br />

quelques lignes plus bas : « La vie de Napoléon est<br />

l’épopée de notre siècle pour tous les arts ».<br />

d’Egypte. A l’instar de l’œuvre de Gros, Bonaparte<br />

visitant les pestiférés de Jaffa, il s’agissait de faire de<br />

l’Empereur « un homme supérieur au commun, sorte<br />

d’envoyé divin », comme l’écrit Jérémie Benoît,<br />

conservateur au musée et au domaine national de<br />

Versailles, dans l’article <strong>du</strong> catalogue consacré à<br />

l’iconographie de l’expédition. Ces œuvres, dans leur<br />

De nombreux autres artistes ou intellectuels de<br />

l’époque sont, de fait, profondément marqués ou<br />

influencés soit par l’expédition, soit par la Description.<br />

« Tracée par l’expédition de Bonaparte se dessine une<br />

autre façon de percevoir une culture étrangère », écrit<br />

encore Christine Peltre, qui précise : « les planches de<br />

ensemble, ont beaucoup fait pour la création de la l’Etat moderne [de la Description] apparaissent<br />

légende napoléonienne mais, techniquement parlant,<br />

se contentent de s’intégrer dans la tradition de la<br />

peinture militaire de l’époque, « la campagne<br />

d’Egypte » ne faisant l’objet « que de peintures<br />

nécessitées par les besoins de la propagande napoléonienne<br />

aujourd’hui comme le laboratoire de l’orientalisme<br />

artistique (…), ouvrant la voie à une conception<br />

ethnographique (…) qui met à distance la vision<br />

impérialiste et se tourne vers d’autres valeurs que celles<br />

des sociétés d’Occident ».<br />

», ainsi que le résume Jérémie<br />

Benoît.

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