FEU ET LUMIERES - Institut du Monde Arabe
FEU ET LUMIERES - Institut du Monde Arabe
FEU ET LUMIERES - Institut du Monde Arabe
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Certains des boursiers, envoyés naguère par Muhammad Ali suivre<br />
des études en France, occupent désormais des postes importants<br />
dans l’administration <strong>du</strong> pays. C’est le cas d’Ali Moubarak, qui devient<br />
le ministre des Travaux Publics d’Ismaïl. Ou de Rifaa al-Tahtawi, qui<br />
fonde l’Ecole des langues <strong>du</strong> Caire et qui, conscient de la richesse<br />
que constitue pour l’Egypte son extraordinaire patrimoine<br />
archéologique, parvient à faire interdire l’exportation d’antiquités.<br />
Un tout premier musée, dont Tahtawi prend la direction, est créé<br />
au Caire, en 1836. Cependant, « les libéralités aux souverains<br />
européens se poursuivent, jusqu’à vider le musée, lequel sera<br />
fermé vingt ans plus tard », écrit, dans le catalogue de<br />
l’exposition, Mercedes Volait, chargée de recherche au CNRS.<br />
Dans le même temps, Auguste Mariette « dit avoir vu lui-même<br />
disparaître pas moins de 700 tombeaux »… « Personnalité<br />
rugueuse et fantasque, doté d’une formidable vitalité, Mariette<br />
est dès lors ten<strong>du</strong> vers une idée fixe : tout mettre en œuvre<br />
pour conserver intacts les vestiges égyptiens », écrit encore<br />
Mercedes Volait. Mariette obtient, en 1858, la création d’un<br />
Département des antiquités – dont il devient le directeur, veillant<br />
ensuite, « de façon intransigeante, à ce que nul "débris" ne<br />
quitte plus le pays » –, puis celle <strong>du</strong> musée de Boulaq.<br />
Tandis que Mariette et son successeur, Gaston Maspero,<br />
posent les fondements de l’administration de l’archéologie<br />
égyptienne, d’autres Français s’emploient à la mise en<br />
œuvre de grands travaux qui vont, cette fois, amorcer le<br />
changement en profondeur <strong>du</strong> pays. Ainsi <strong>du</strong> percement <strong>du</strong><br />
canal de Suez, qui sera enfin mené à terme, grâce aux plans<br />
des ingénieurs Mougel et Linant de Bellefonds et, surtout,<br />
à l’entregent de Ferdinand de Lesseps, ce dernier<br />
parvenant à réunir les sommes nécessaires pour fonder<br />
la Compagnie universelle <strong>du</strong> canal maritime de Suez.<br />
Si les premiers bateaux l’empruntent dès 1867, il faudra<br />
attendre deux ans, le 17 novembre 1869, pour qu’il soit<br />
inauguré, en présence de l’impératrice Eugénie, épouse<br />
de Napoléon III. La carte <strong>du</strong> monde en serait changée…<br />
Les réformes entreprises par le khédive Ismaïl<br />
allaient le con<strong>du</strong>ire à tant s’endetter qu’il serait<br />
contraint, en 1875, de vendre ses parts de la<br />
Compagnie <strong>du</strong> canal au gouvernement britannique.<br />
Bientôt, des troupes anglaises s’installeraient sur<br />
les rives <strong>du</strong> canal pour protéger celui-ci et, en<br />
1882, l’Angleterre remplacerait l’Empire ottoman<br />
comme tuteur <strong>du</strong> pays… Mais les liens entre la<br />
France et l’Egypte n’en continueraient pas moins<br />
à per<strong>du</strong>rer, à se tisser et à se tendre, renforçant<br />
entre les deux pays cette relation particulière<br />
de réciproque fascination.<br />
Ph. C.<br />
L’Illustration, journal universel, 1867, Exposition universelle,<br />
pavillon de l’isthme de Suez, une conférence de M. de Lesseps<br />
Smeeton et Blanchard<br />
© Musée Carnavalet / Roger-Viollet