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Numéro 42 - Le libraire

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Nouveautés<br />

Littérature étrangère<br />

Dans ce roman qui est en fait une autobiographie à peine<br />

déguisée, le Danois Knud Romer pose la délicate question de la<br />

culpabilité et du poids de l’histoire à travers le récit d’un enfant<br />

dont la mère, allemande et résistante, est accusée d’avoir<br />

collaboré avec les nazis. Résultat, le petit garçon est traité de<br />

« cochon d’Allemand », ridiculisé, bafoué, blessé. Inspiré par sa<br />

propre enfance, dont il garde assurément des souvenirs vifs et<br />

amers, Romer se livre à un brillant retour par fragments sur les<br />

origines de sa famille, semant au passage des personnages forts,<br />

décrits avec justesse et urgence. Une première œuvre au ton déjà<br />

mûr, accueillie avec enthousiasme par la critique.<br />

COCHON D’ALLEMAND<br />

Knud Romer, <strong>Le</strong>s Allusifs, 188 p., 21,95$<br />

Il fallait bien que ce soit un archéologue de formation qui nous<br />

enseigne ce que le futur nous réserve... Avant qu’il ne connaisse la<br />

gloire avec sa Brève histoire du progrès, Wright avait publié en 1997<br />

cette « romance scientifique », brossant sur un fond d’inspiration SF<br />

un portrait noir des jours à venir qui, on le sait, ne sont déterminés<br />

que par les bévues que l’on commet au présent. Cette fois-ci, avec une<br />

trame mêlant l’amour, l’épidémie et les catastrophes climatiques, on<br />

suit en quatre temps l’existence de David Lambert, détenteur de la<br />

machine à explorer le temps citée dans le roman d’H.G. Wells, et seul<br />

témoin de la chute éventuelle de l’homme. Un mélange audacieux et<br />

inquiétant de genres, servi par une prose solide.<br />

CHRONIQUE DES JOURS À VENIR<br />

Ronald Wright, Actes Sud, <strong>42</strong>0 p., 40,50$<br />

Dans le but avoué de remporter un succès aussi grand qu’avec<br />

Éloge des femmes mûres de Stephen Vizinczey, l’éditeur<br />

Samuel Brussel a mis la main sur ce roman alliant sexe,<br />

humour et une touche subtile d’érudition. Au centre de ce récit<br />

porté par une écriture offerte comme un éloge à la jouissance<br />

de la chair, de l’esprit et de l’écriture, une violoncelliste troublante<br />

: Aviva. Autour, deux amis d’enfance, Guido le photographe<br />

et Charlie le psychologue. Maîtresse de Guido, Aviva<br />

devient la patiente de Charlie, mais ignore tout de la relation<br />

des deux hommes. <strong>Le</strong>viant, qui a eu la bonne idée d’ajouter<br />

moult détails en fin d’ouvrage, nous offre un roman érotique qui a de la classe et<br />

du piment.<br />

JOURNAL D’UNE FEMME ADULTÈRE<br />

Curt <strong>Le</strong>viant, Anatolia, 682 p., 34,95$<br />

Après <strong>Le</strong>s Chevaliers du subjonctif et La Grammaire est une chanson<br />

douce, l’académicien Erik Orsenna poursuit son périple ludique<br />

au pays des mots avec une autre fable qui peut se lire au premier<br />

niveau comme un formidable récit pédagogique, mais peut aussi se<br />

dévorer comme la fantaisie gourmande d’un académicien amoureux<br />

fou de sa langue. On retrouve avec bonheur les protagonistes des<br />

deux premiers volets du cycle qui, cette fois, devront faire face à une<br />

insurrection des accents graves, aigus ou circonflexes. Ces derniers<br />

en ont marre d’être bafoués, eux qui donnent toute leur couleur à<br />

l’écriture. Une lecture en forme d’exclamation de bonheur, agrémentée<br />

d’illustrations magnifiques de Montse Bernal.<br />

LA RÉVOLTE DES ACCENTS<br />

Erik Orsenna, Stock, 138 p., 23,95$<br />

New York, à la fin du mois de décembre. Alors que la journaliste<br />

Joan Didion s’apprête à se mettre à table, espérant trouver un<br />

répit et oublier que sa fille est dans le coma, le malheur frappe de<br />

nouveau. John, son mari, s’écroule sur la table, victime d’une<br />

crise cardiaque foudroyante. Doublement blessée, incrédule,<br />

Didion ne sait comment réagir devant la cruauté et l’absurdité de<br />

sa situation. <strong>Le</strong> salut viendra de l’écriture. Rédigé avec une<br />

sincérité et une simplicité qui ne peuvent qu’émouvoir, L’Année<br />

de la pensée magique est un livre profond sur le deuil, la révolte<br />

et la vie qui continue malgré tout. Un monologue intérieur fort, consacré « livre<br />

de l’année » aux États-Unis en 2006.<br />

L’ANNÉE DE LA PENSÉE MAGIQUE<br />

Joan Didion, Grasset, 282 p., 29,95$<br />

Nous sommes à Haarlem dans les années 1630. La Hollande est<br />

la proie d’une passion dévorante pour les tulipes et, surtout, pour<br />

le légendaire bulbe de Semper Augustus. C’est dans cette atmosphère<br />

bouillonnante que sont élevés par un riche négociant en<br />

fleurs les quatre enfants de Cornelius Van Druick, parti pour<br />

chercher fortune en Amérique. À travers le récit historique, au<br />

demeurant remarquablement documenté, de cette « tulipomanie<br />

» d’autrefois, Olivier Bleys signe une critique intemporelle<br />

de la domination des mieux nantis et de la façon dont,<br />

parfois, les règles du marché nous font oublier celles de l’humanité. Une fresque<br />

magnifique par l’auteur du très réussi Fantôme de la Tour Eiffel et de Pastel.<br />

SEMPER AUGUSTUS<br />

Olivier Bleys, Gallimard, coll. Blanche, 340 p., 36,95$<br />

Tout débute en Californie dans une ferme où l’on retrouve deux<br />

sœurs, Anna et Claire, ainsi qu’un garçon, Cooper. Il suffit d’une<br />

passion interdite pour allumer la rage chez le père et provoquer<br />

un drame. Plus tard, on retrouve Cooper à Las Vegas, sauvé par<br />

Claire des griffes de gangsters. Quant à Anna, elle étudie en<br />

France le cas de l’écrivain Lucien Segura. On accumule ainsi les<br />

indices sur des êtres dont la profondeur ne cesse de nous étonner.<br />

Sept ans ont passé entre Divisadero et <strong>Le</strong> Fantôme d’Anil,<br />

sept ans durant lesquels une œuvre a mûri. Celle-ci confirme la<br />

finesse avec laquelle l’écrivain canadien jette un regard sur les<br />

questions de l’amour et de la mémoire.<br />

DIVISADERO<br />

Michael Ondaatje, Boréal, 312 p., 29,95$<br />

Avec <strong>Le</strong> Cap, paru en 2000, Charles d’Ambrosio s’est immédiatement<br />

imposé comme l’un des plus brillants nouvellistes depuis<br />

l’incontournable Raymond Carver (auquel on fait décidément<br />

toujours référence). Il est vrai qu’en huit nouvelles seulement,<br />

l’écrivain parvient avec <strong>Le</strong> Musée des poissons morts à disséquer<br />

finement les relations invisibles entre les membres d’une même<br />

famille qui parfois ne s’entraident pas ou, parfois, taisent leurs<br />

sentiments et se murent dans le silence. Il se dégage de chacune<br />

des nouvelles une remarquable intensité dramatique et on<br />

ressort avec l’envie de lire Orphelins, un recueil d’essais paru<br />

simultanément, qui lève le voile sur l’inspiration du redoutable écrivain.<br />

LE MUSÉE DES POISSONS MORTS<br />

Charles d’Ambrosio, Éditions Albin Michel, coll. Terres d’Amérique, 258 p., 29,95$<br />

La guerre en Irak fait rage, bouffe des vies et a besoin de se nourrir<br />

encore. La jeune recrue un peu bête Odell Deefus semble être<br />

un bon candidat, sauf qu’en route vers le bureau de recrutement,<br />

sa voiture rend l’âme. Pas de chance, il tombe sur Dean, un trafiquant<br />

de drogue qu’il abat accidentellement. Pire, il découvre un<br />

autre cadavre dans un frigo. <strong>Le</strong>s événements se bousculent, le FBI<br />

s’en mêle, on soupçonne une menace islamiste et les emmerdes<br />

s’enchaînent à un rythme hallucinant pour ce « Forrest Gump<br />

post-onze-septembre ». Callisto est une farce grotesque aux<br />

accents grinçants qui résonne comme une charge contre l’absurdité<br />

dans laquelle les États-Unis se sont enlisés.<br />

CALLISTO<br />

Torsten Krol, Buchet Chastel, 540 p., 35.95$<br />

Publié en première mondiale en français chez Héloïse d’Ormesson, le<br />

dernier roman de Lucia Extebarria nous fait pénétrer au cœur du<br />

quartier de Lavapiès à Madrid. Sorte de microcosme de la réalité de<br />

l’immigration européenne et du multiculturalisme du début du XXI e<br />

siècle, ce petit coin de la ville fourmille de drames, de joies, d’histoires<br />

tendres ou de petits scandales. Bref, c’est un quartier qui vit et se<br />

définit par une faune fascinante de paumés, d’amants magnifiques ou<br />

d’enfants abandonnés à eux-mêmes. À la manière du Short Cuts de<br />

Robert Altman, Extebarria esquisse les destins de chacun, rassemble<br />

sur un ton simple et empreint de sincérité les morceaux d’existences pour en faire une<br />

remarquable mosaïque à l’image de notre société métissée et fragmentée.<br />

COSMOFOBIA<br />

Lucia Etxebarria, Éditions Héloïse d’Ormesson, 384 p., 43,95$<br />

S E P T E M B R E - O C T O B R E 2 0 0 7<br />

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