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Nouveautés<br />
Littérature étrangère<br />
Dans ce roman qui est en fait une autobiographie à peine<br />
déguisée, le Danois Knud Romer pose la délicate question de la<br />
culpabilité et du poids de l’histoire à travers le récit d’un enfant<br />
dont la mère, allemande et résistante, est accusée d’avoir<br />
collaboré avec les nazis. Résultat, le petit garçon est traité de<br />
« cochon d’Allemand », ridiculisé, bafoué, blessé. Inspiré par sa<br />
propre enfance, dont il garde assurément des souvenirs vifs et<br />
amers, Romer se livre à un brillant retour par fragments sur les<br />
origines de sa famille, semant au passage des personnages forts,<br />
décrits avec justesse et urgence. Une première œuvre au ton déjà<br />
mûr, accueillie avec enthousiasme par la critique.<br />
COCHON D’ALLEMAND<br />
Knud Romer, <strong>Le</strong>s Allusifs, 188 p., 21,95$<br />
Il fallait bien que ce soit un archéologue de formation qui nous<br />
enseigne ce que le futur nous réserve... Avant qu’il ne connaisse la<br />
gloire avec sa Brève histoire du progrès, Wright avait publié en 1997<br />
cette « romance scientifique », brossant sur un fond d’inspiration SF<br />
un portrait noir des jours à venir qui, on le sait, ne sont déterminés<br />
que par les bévues que l’on commet au présent. Cette fois-ci, avec une<br />
trame mêlant l’amour, l’épidémie et les catastrophes climatiques, on<br />
suit en quatre temps l’existence de David Lambert, détenteur de la<br />
machine à explorer le temps citée dans le roman d’H.G. Wells, et seul<br />
témoin de la chute éventuelle de l’homme. Un mélange audacieux et<br />
inquiétant de genres, servi par une prose solide.<br />
CHRONIQUE DES JOURS À VENIR<br />
Ronald Wright, Actes Sud, <strong>42</strong>0 p., 40,50$<br />
Dans le but avoué de remporter un succès aussi grand qu’avec<br />
Éloge des femmes mûres de Stephen Vizinczey, l’éditeur<br />
Samuel Brussel a mis la main sur ce roman alliant sexe,<br />
humour et une touche subtile d’érudition. Au centre de ce récit<br />
porté par une écriture offerte comme un éloge à la jouissance<br />
de la chair, de l’esprit et de l’écriture, une violoncelliste troublante<br />
: Aviva. Autour, deux amis d’enfance, Guido le photographe<br />
et Charlie le psychologue. Maîtresse de Guido, Aviva<br />
devient la patiente de Charlie, mais ignore tout de la relation<br />
des deux hommes. <strong>Le</strong>viant, qui a eu la bonne idée d’ajouter<br />
moult détails en fin d’ouvrage, nous offre un roman érotique qui a de la classe et<br />
du piment.<br />
JOURNAL D’UNE FEMME ADULTÈRE<br />
Curt <strong>Le</strong>viant, Anatolia, 682 p., 34,95$<br />
Après <strong>Le</strong>s Chevaliers du subjonctif et La Grammaire est une chanson<br />
douce, l’académicien Erik Orsenna poursuit son périple ludique<br />
au pays des mots avec une autre fable qui peut se lire au premier<br />
niveau comme un formidable récit pédagogique, mais peut aussi se<br />
dévorer comme la fantaisie gourmande d’un académicien amoureux<br />
fou de sa langue. On retrouve avec bonheur les protagonistes des<br />
deux premiers volets du cycle qui, cette fois, devront faire face à une<br />
insurrection des accents graves, aigus ou circonflexes. Ces derniers<br />
en ont marre d’être bafoués, eux qui donnent toute leur couleur à<br />
l’écriture. Une lecture en forme d’exclamation de bonheur, agrémentée<br />
d’illustrations magnifiques de Montse Bernal.<br />
LA RÉVOLTE DES ACCENTS<br />
Erik Orsenna, Stock, 138 p., 23,95$<br />
New York, à la fin du mois de décembre. Alors que la journaliste<br />
Joan Didion s’apprête à se mettre à table, espérant trouver un<br />
répit et oublier que sa fille est dans le coma, le malheur frappe de<br />
nouveau. John, son mari, s’écroule sur la table, victime d’une<br />
crise cardiaque foudroyante. Doublement blessée, incrédule,<br />
Didion ne sait comment réagir devant la cruauté et l’absurdité de<br />
sa situation. <strong>Le</strong> salut viendra de l’écriture. Rédigé avec une<br />
sincérité et une simplicité qui ne peuvent qu’émouvoir, L’Année<br />
de la pensée magique est un livre profond sur le deuil, la révolte<br />
et la vie qui continue malgré tout. Un monologue intérieur fort, consacré « livre<br />
de l’année » aux États-Unis en 2006.<br />
L’ANNÉE DE LA PENSÉE MAGIQUE<br />
Joan Didion, Grasset, 282 p., 29,95$<br />
Nous sommes à Haarlem dans les années 1630. La Hollande est<br />
la proie d’une passion dévorante pour les tulipes et, surtout, pour<br />
le légendaire bulbe de Semper Augustus. C’est dans cette atmosphère<br />
bouillonnante que sont élevés par un riche négociant en<br />
fleurs les quatre enfants de Cornelius Van Druick, parti pour<br />
chercher fortune en Amérique. À travers le récit historique, au<br />
demeurant remarquablement documenté, de cette « tulipomanie<br />
» d’autrefois, Olivier Bleys signe une critique intemporelle<br />
de la domination des mieux nantis et de la façon dont,<br />
parfois, les règles du marché nous font oublier celles de l’humanité. Une fresque<br />
magnifique par l’auteur du très réussi Fantôme de la Tour Eiffel et de Pastel.<br />
SEMPER AUGUSTUS<br />
Olivier Bleys, Gallimard, coll. Blanche, 340 p., 36,95$<br />
Tout débute en Californie dans une ferme où l’on retrouve deux<br />
sœurs, Anna et Claire, ainsi qu’un garçon, Cooper. Il suffit d’une<br />
passion interdite pour allumer la rage chez le père et provoquer<br />
un drame. Plus tard, on retrouve Cooper à Las Vegas, sauvé par<br />
Claire des griffes de gangsters. Quant à Anna, elle étudie en<br />
France le cas de l’écrivain Lucien Segura. On accumule ainsi les<br />
indices sur des êtres dont la profondeur ne cesse de nous étonner.<br />
Sept ans ont passé entre Divisadero et <strong>Le</strong> Fantôme d’Anil,<br />
sept ans durant lesquels une œuvre a mûri. Celle-ci confirme la<br />
finesse avec laquelle l’écrivain canadien jette un regard sur les<br />
questions de l’amour et de la mémoire.<br />
DIVISADERO<br />
Michael Ondaatje, Boréal, 312 p., 29,95$<br />
Avec <strong>Le</strong> Cap, paru en 2000, Charles d’Ambrosio s’est immédiatement<br />
imposé comme l’un des plus brillants nouvellistes depuis<br />
l’incontournable Raymond Carver (auquel on fait décidément<br />
toujours référence). Il est vrai qu’en huit nouvelles seulement,<br />
l’écrivain parvient avec <strong>Le</strong> Musée des poissons morts à disséquer<br />
finement les relations invisibles entre les membres d’une même<br />
famille qui parfois ne s’entraident pas ou, parfois, taisent leurs<br />
sentiments et se murent dans le silence. Il se dégage de chacune<br />
des nouvelles une remarquable intensité dramatique et on<br />
ressort avec l’envie de lire Orphelins, un recueil d’essais paru<br />
simultanément, qui lève le voile sur l’inspiration du redoutable écrivain.<br />
LE MUSÉE DES POISSONS MORTS<br />
Charles d’Ambrosio, Éditions Albin Michel, coll. Terres d’Amérique, 258 p., 29,95$<br />
La guerre en Irak fait rage, bouffe des vies et a besoin de se nourrir<br />
encore. La jeune recrue un peu bête Odell Deefus semble être<br />
un bon candidat, sauf qu’en route vers le bureau de recrutement,<br />
sa voiture rend l’âme. Pas de chance, il tombe sur Dean, un trafiquant<br />
de drogue qu’il abat accidentellement. Pire, il découvre un<br />
autre cadavre dans un frigo. <strong>Le</strong>s événements se bousculent, le FBI<br />
s’en mêle, on soupçonne une menace islamiste et les emmerdes<br />
s’enchaînent à un rythme hallucinant pour ce « Forrest Gump<br />
post-onze-septembre ». Callisto est une farce grotesque aux<br />
accents grinçants qui résonne comme une charge contre l’absurdité<br />
dans laquelle les États-Unis se sont enlisés.<br />
CALLISTO<br />
Torsten Krol, Buchet Chastel, 540 p., 35.95$<br />
Publié en première mondiale en français chez Héloïse d’Ormesson, le<br />
dernier roman de Lucia Extebarria nous fait pénétrer au cœur du<br />
quartier de Lavapiès à Madrid. Sorte de microcosme de la réalité de<br />
l’immigration européenne et du multiculturalisme du début du XXI e<br />
siècle, ce petit coin de la ville fourmille de drames, de joies, d’histoires<br />
tendres ou de petits scandales. Bref, c’est un quartier qui vit et se<br />
définit par une faune fascinante de paumés, d’amants magnifiques ou<br />
d’enfants abandonnés à eux-mêmes. À la manière du Short Cuts de<br />
Robert Altman, Extebarria esquisse les destins de chacun, rassemble<br />
sur un ton simple et empreint de sincérité les morceaux d’existences pour en faire une<br />
remarquable mosaïque à l’image de notre société métissée et fragmentée.<br />
COSMOFOBIA<br />
Lucia Etxebarria, Éditions Héloïse d’Ormesson, 384 p., 43,95$<br />
S E P T E M B R E - O C T O B R E 2 0 0 7<br />
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