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À ciel ouvert<br />
Seuil,<br />
coll. Cadre rouge,<br />
276 p., 29,95$<br />
Parution 28 août<br />
Nelly Arcan<br />
Révélée il y a six ans par son récit-événement Putain,<br />
Nelly Arcan poursuit sa remise en question des rapports<br />
traditionnels entre hommes et femmes dans une<br />
société obsédée par les images et les idées reçues.<br />
© Marcelo Troche<br />
Nous sommes à Montréal mais cette histoire pourrait avoir lieu ailleurs, enfin partout où les femmes, dédoublées<br />
sur un nombre infini d’affiches, ne trouvent de valeur sociale que dans l’érotisme, donc dans la captation<br />
sexuelle des hommes.<br />
Cette histoire est celle d’une guerre entre Julie O’Brien et Rose Dubois, deux jeunes femmes qui se battent pour<br />
Charles Nadeau, un photographe de mode. Mais en y regardant de près, on se rend compte qu’elles mesurent<br />
à travers Charles leurs propres forces, cherchent à triompher de l’autre.<br />
Il s’agit d’une réflexion sur la chirurgie plastique et plus largement sur un acharnement esthétique que Julie<br />
O’Brien nomme « burqa occidentale », ou encore « femme-vulve », un corps qui devient un voile derrière<br />
lequel la femme disparaît, son aura sexuelle étant devenu un uniforme, la plus grande des conformités. C’est<br />
aussi une interrogation sur le désir masculin qui semble impossible à endiguer, et qui est, dans le regard de la<br />
femme qui le réclame, sans cesse sur le point de fuir, de s’attacher à une autre femme.<br />
Dans un monde de harcèlement publicitaire où le corps féminin et déshabillé est surexposé, brandi comme une<br />
marche à suivre et refondu par la chirurgie esthétique, l’amour semble glisser des doigts.<br />
Guylaine Massoutre<br />
Vivre. Comment vivre, non pour durer, mais par fierté d’être soi <br />
Rares sont ceux qui, pour atteindre cet objectif, se plient aux normes<br />
des prédécesseurs. Christine est de celles que ne comblent ni les faits<br />
ni les vérités acquises. Elle s’interroge. Que recèle la forte volonté des<br />
Joyce, Aquin et Yourcenar À Trieste, Rome, Zurich, Dublin,<br />
Montréal, Rochester, Bruges, ils conçurent l’existence libre. Ils<br />
créèrent ainsi des êtres fictifs à leur mesure, engageant leurs proches,<br />
puis leurs lecteurs dans l’aventure. Christine raconte comment, en<br />
pénétrant la culture de ces écrivains, pleine de symboles entrecroisés,<br />
elle comprend ce qui fonde la vérité du roman. Elle démêle ce sur<br />
quoi il repose, croyances et idées, savoirs et voyages, convictions sur<br />
la vie et sur la mort.<br />
Personnage authentique échappé de fictions emboîtées, elle s’invente<br />
à son tour une résistance, un parcours, une densité. Dans le jaillissement<br />
des possibles, elle s’arrache au repli des obsessions. Sa nation<br />
québécoise, sa révolte et ses emballements décident de sa vitalité. En<br />
s’appropriant la « vérité » biographique à même trois grands romans,<br />
elle s’adonnera, cœur libéré et esprit voyageur, à sa propre fécondité :<br />
éprouver la joie émue de se retrouver en plein mystère de l’art.<br />
Renaissances.<br />
Vivre avec Joyce,<br />
Aquin, Yourcenar<br />
Fides, 444 p., 24,95$<br />
Parution 4 octobre<br />
© Vanessa Cagnone<br />
© Dominique Eddie<br />
<strong>Le</strong>s Carnets de Douglas<br />
Alto, 204 p., 21,95$<br />
Parution 4 septembre<br />
Christine Eddie<br />
Née en France, Christine Eddie a grandi en<br />
Acadie avant de se poser au Québec. Elle a reçu<br />
le Prix Arcade au féminin (1995) et Concours de<br />
nouvelles XYZ (1998). Celle qui a écrit un livre<br />
pour la jeunesse, La Croisade de Cristale<br />
Carton fait avec <strong>Le</strong>s Carnets de Douglas son<br />
entrée dans la littérature pour adultes.<br />
<strong>Le</strong>s années cinquante. Romain Brady a 18 ans, une<br />
famille de parvenus qui n’entretient de relations<br />
que si elles sont publiques et une sœur cruelle. La<br />
vie lui sourit, il a la peur vissée au ventre et le<br />
moment venu, il soulève son sac de voyage et se<br />
met en marche. Il ne se retournera pas.<br />
<strong>Le</strong> même jour, Éléna Tavernier fuit une maison<br />
pleine de sang et de fracas. Elle se réfugie dans un<br />
monastère avant de s’installer à Rivière-aux-Oies,<br />
le village bucolique et perdu aux alentours duquel<br />
les deux jeunes vont se découvrir et s’aimer.<br />
Après, c’est une tout autre histoire dans laquelle<br />
Douglas Létourneau tient le premier rôle et où, en<br />
dépit des apparences et malgré les ragots, trois<br />
solitaires forment un clan inhabituel. L’un n’a<br />
jamais trouvé de trèfle à quatre feuilles. L’autre<br />
affronte son passé chaque fois qu’elle regarde son<br />
bras gauche. <strong>Le</strong> dernier traîne une ombre pesante<br />
derrière lui.<br />
Professeure, critique, auteure, Guylaine<br />
Massoutre détient un Doctorat en<br />
littérature contemporaine de l’Université<br />
Paris IV-Sorbonne. Passionnée par le<br />
théâtre et la danse, elle a publié, entre<br />
autres, L’Atelier du danseur (Fides) et<br />
Escale Océan (<strong>Le</strong> Noroît). Aujourd'hui,<br />
elle fait revivre trois écrivains qui ont<br />
marqué la littérature.<br />
<strong>Le</strong>s carnets que Douglas rédigera avec application<br />
sont une ode aux arbres, à la musique, à la poésie<br />
et à la fragile beauté du monde, seuls paravents<br />
qu’il a trouvés pour se protéger de la souffrance.<br />
Ce sont aussi, d’une certaine manière, des lettres<br />
d’amour.<br />
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