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Numéro 42 - Le libraire

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Douglas Coupland<br />

Avec Génération X, roman désormais<br />

culte, Douglas Coupland n’a pas cessé de<br />

décrire ses contemporains avec justesse<br />

et lucidité; Eleanor Rigby est son<br />

dernier-né.<br />

Eleanor Rigby<br />

Au diable vauvert,<br />

308 p., 39,50$<br />

Parution fin septembre<br />

Aimée Laberge<br />

Originaire de Sainte-Foy mais<br />

installée en Angleterre depuis<br />

un quart de siècle, Aimée<br />

Laberge, la nouvelle étoile du<br />

roman historique révélée par<br />

<strong>Le</strong>s Femmes du fleuve, récidive<br />

avec <strong>Le</strong>s Amants de Bois-Mort<br />

J’ai commencé à réaliser que j’avais en moi une tristesse qui ne me quitterait<br />

jamais. C’est une chose avec laquelle je vais, comme nous tous je crois, devoir<br />

avoir apprendre à vivre. Je me demande si elle est visible, si les gens peuvent<br />

même la remarquer.<br />

Bien sûr, j’ai en moi d’autres choses, mais la tristesse est sans doute mon sentiment<br />

dominant, celui que je m’échine le plus à masquer. Devrais-je masquer ma<br />

tristesse Je me demande si ma vie ne se porterait pas mieux si je capitulais, tout<br />

simplement. Je continuerais à marcher à travers mes jours la tête basse, le corps<br />

reflétant à la perfection la grisaille de mon monde intérieur.<br />

Comme Liz Dunn, la narratrice d’Eleanor Rigby, je crois que nous avons affaire<br />

à une femme qui a su trouver une troisième façon de supporter la solitude. Elle<br />

ne cherche pas être outrageusement pointilleuse, ni à être vue comme une créature<br />

inquiétante. Elle est très franche et radicale dans ses sentiments, presque<br />

trop parfois, et le doigté avec lequel elle maîtrise son monde intérieur et le fait<br />

apparaître sur son corps peut presque choquer les gens qui l’entourent.<br />

Je crois que ce roman explore l’obstination de notre culture à ne pas vouloir<br />

embrasser les accidents de parcours qui parsèment la vie moderne. Et elle le fait<br />

d’une manière qui n’est pas portée par l’urgence ou le sentimentalisme.<br />

De tous les personnages que j’ai créés, je crois que c’est Liz Dunn que je préfère,<br />

parce qu’elle est la plus brave d’entre tous. Lorsque je me laisse aller à la<br />

déprime, j’essaie de me rappeler qu’elle est ma création et qu’il y a bel et bien<br />

une part plus intelligente, une part meilleure de moi qui peut naviguer en ce<br />

monde avec le sentiment d’avoir trouvé en elle un chemin vers la compréhension<br />

et la rédemption.<br />

Merci d’avoir pensé à ce livre. Je ne sais trop comment, mais j’espère qu’à sa<br />

manière, il trouvera le moyen de changer votre monde à vous. Je pense que c’est<br />

le but que la fiction devrait toujours tenter d’atteindre.<br />

Un fait divers, ce n’est qu’un entrefilet qu’on effleure du regard entre la tasse de<br />

café et les toasts à la marmelade, quelque chose qu’on lit en vitesse dans le<br />

journal, d’un œil distrait puisque l’autre est rivé à l’horloge.<br />

Mais celui-ci, qui relate la mort d’une jeune femme de 16 ans et d’un jeune<br />

homme de 20 ans dans une forêt enneigée, me reste en tête. Entre les lignes<br />

du fait divers, là où l’espace suggère déjà un paysage blanc, il y a deux<br />

fantômes, inexplicables.<br />

Pourquoi<br />

Pourquoi eux, et pas les autres membres de l’excursion en raquettes Est-ce là<br />

ce que le destin voulait pour ces jeunes gens : l’éternité des corps préservés par<br />

le froid ; de la jeunesse, qui ne vieillira pas ; et du premier amour, que la vie<br />

n’aura pas la chance de corrompre<br />

<strong>Le</strong>s Amants de Mort-Bois, c’est une histoire d’amour et de bois, ainsi que de<br />

mères qui partent et de filles qui s’arrangent avec ce qui reste. C’est une histoire<br />

qui commence à la mi-août, au Festival du bois d’œuvre du Témiscouata,<br />

et se termine dans une forêt enneigée à la fois merveilleuse et mortifère, où, de<br />

tout temps, les enfants se perdent avant de devenir immortels.<br />

<strong>Le</strong>s Amants<br />

de Mort-Bois<br />

Québec Amérique,<br />

184 p., 19,95$<br />

Parution 3 octobre<br />

S E P T E M B R E - O C T O B R E 2 0 0 7<br />

32

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