21.01.2015 Views

Numéro 42 - Le libraire

Numéro 42 - Le libraire

Numéro 42 - Le libraire

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Essai | biographie | document<br />

le <strong>libraire</strong> CRAQUE<br />

Fabrique de porcelaine<br />

Antonio Negri, Stock,<br />

coll. L’autre pensée, 232 p., 34,95$<br />

Figure emblématique de la gauche<br />

italienne, le philosophe Antonio<br />

Negri travaille depuis plusieurs<br />

années à une redéfinition de ce qu’est l’extrême<br />

gauche. Dans ce livre, il reprend les séminaires tenus<br />

au Collège international de philosophie (Paris). Ce qui<br />

caractérise l’exercice auquel se livre Negri est la volonté<br />

de trouver une nouvelle façon d’être à gauche, à une<br />

époque de transformations du champ politique, donc<br />

bien loin des canons marxistes des années 70. Au fil<br />

des conférences, l’auteur aborde divers concepts, qui<br />

sont autant de pistes de lecture vers des auteurs ayant<br />

contribué à la formation de l’idée singulière que se fait<br />

Negri des possibilités d’émancipation de l’individu; par<br />

exemple, celui de multitude (emprunté à Paolo Virno)<br />

ou de biopouvoir (Michel Foucault).<br />

Félix-J. Philantrope Monet<br />

<strong>Le</strong>s Femmes qui écrivent<br />

vivent dangereusement<br />

Laure Adler et Stefan Bollmann,<br />

Flammarion, 152 p., 49,95$<br />

Après <strong>Le</strong>s Femmes qui lisent sont<br />

dangereuses, voici <strong>Le</strong>s Femmes<br />

qui écrivent vivent dangereusement. C’est non sans<br />

difficulté que les femmes arrivèrent à l’écriture. Selon<br />

les époques, elles étaient considérées comme des sorcières,<br />

des révolutionnaires ou des féministes. Elles<br />

ont peu à peu conquis l’univers des mots. Elles ont eu<br />

le courage d’explorer ce que Marguerite Duras appelait<br />

le « puits noir », et ce que Virginia Woolf désignait<br />

comme « une chambre à soi ». On peut affirmer que<br />

l’acte d’écrire n’a pas de sexe, mais rappelons-nous la<br />

candidature décriée de Marguerite Yourcenar à<br />

l’Académie Française, et sachons aussi que rares sont<br />

les femmes à pouvoir accéder aux mots. Assia Djebar,<br />

écrivaine algérienne, a déclaré récemment en entrevue<br />

: « Écrire sur soi vous met en danger de mort. »<br />

Jocelyne Vachon Maison de l’éducation<br />

La Consommation<br />

responsable. Entre bonne<br />

conscience individuelle et<br />

transformations collectives<br />

Collectif, Écosociété,<br />

coll. Actuels, 96 p., 19$<br />

La consommation responsable estelle<br />

une nouvelle avenue à emprunter dans l’édification<br />

d’un monde meilleur S’intégrant dans le circuit<br />

économique habituel, n’est-elle pas en fait au service<br />

du néolibéralisme Est-ce un moyen d’assouvir notre<br />

bonne conscience ou un instrument de transformations<br />

collectives Voilà quelques-unes des questions<br />

qu’aborde l’ouvrage, écrit à l’initiative du Collectif<br />

d’étude sur les pratiques solidaires. Grâce à cet<br />

ouvrage, on se demande au fil des pages si, véritablement,<br />

« acheter, c’est voter! ». Au fil de la réflexion,<br />

on reconnaît les aspects positifs d’une consommation<br />

responsable, mais on déplore le manque de vision plus<br />

large. Comment, en effet, articuler une véritable transformation<br />

sociale Voilà ce à quoi ce livre nous invite<br />

à réfléchir. David Murray Monet<br />

Un Cubain libre,<br />

Reinaldo Arenas<br />

Liliane Hasson, Actes Sud,<br />

coll. Archives privées, 192 p., 48,95$<br />

Artiste flamboyant, dissident<br />

tapageur et farouche adversaire du<br />

régime de Fidel Castro, Reinaldo Arenas fait partie de<br />

ces artistes dont la vie et l’œuvre s’entrelacent de<br />

façon si serrée qu’elles forment un tout. Dans Un<br />

Cubain libre, Reinaldo Arenas, Liliane Hasson, une<br />

amie de longue date, relate les hauts faits de la vie de<br />

l’écrivain. Jeune auteur prometteur, il ne publiera<br />

pourtant qu’un seul roman à Cuba. Accusé d’être<br />

« dépourvu de conscience politique » et ouvertement<br />

homosexuel, il est constamment harcelé par les forces<br />

de l’ordre. C’en est trop, il s’exile aux États-Unis. La<br />

quête de liberté d’Arenas se mue en demi-cauchemar,<br />

puisqu’il est condamné à l’exil dans un pays qui n’est<br />

pas le sien. Ses œuvres sont traduites et publiées en<br />

Europe, où on reconnaît son talent. Isolé et rongé par<br />

le sida, il mettra fin à ses jours en 1990. Bien que cette<br />

biographie ne soit pas particulièrement bien écrite,<br />

elle tient lieu d’introduction au personnage Arenas et<br />

à sa très grande œuvre. Charles Quimper Pantoute<br />

Pierres de touche<br />

Roland Bourneuf,<br />

L’instant même, 402 p., 35$<br />

Je me souviens combien la lecture<br />

de L’Enfant et la rivière d’Henri<br />

Bosco m’avait troublée dans ma jeunesse, ainsi que<br />

L’Étranger de Camus une fois devenue adulte, mais<br />

également La Rose d’or de Constantin Paoustovski,<br />

que je conserve chez moi comme un précieux trésor.<br />

À chacune des pages de Pierres de touche, Roland<br />

Bourneuf nous confie son amour des livres, de la littérature<br />

et de ses auteurs. C’est un ouvrage d’érudition,<br />

le nombre phénoménal d’ouvrages lus pouvant<br />

même intimider le lecteur. Mais l’auteur considère la<br />

lecture et le choix de nos livres comme un geste d’humanisme<br />

et conforte notre passion quasi illicite! La<br />

lecture devient aussi bien un acte d’ouverture vers les<br />

autres qu’une démarche vers une meilleure connaissance<br />

de soi. Un document précieux à posséder dans<br />

sa bibliothèque de référence.<br />

Jocelyne Vachon Maison de l’éducation<br />

Jazz manouche<br />

Jean-Baptiste Tuzet, Éditions<br />

Didier Carpentier, 144 p., 52,95$<br />

Si vous êtes de ces mélomanes qui croient que le jazz<br />

« gitan » se résume à Django Reinhardt; si les noms<br />

de Bireli Lagrène ou même de Didier Lockwood vous<br />

sont étrangers, eh bien il vous faut probablement le<br />

superbe Jazz manouche, paru cet été chez Didier<br />

Carpentier. Ni essai, ni « histoire de », ce livre se<br />

présente plutôt comme un guide musical au pays des<br />

« gens du voyage », du moins pour ses contrées jazz.<br />

L’ouvrage vous propose des portraits enthousiastes des<br />

plus importantes figures du jazz manouche. Beaucoup<br />

de guitaristes, bien sûr — tradition ne saurait mentir<br />

— et la généreuse figure de Django éclairant chaque<br />

étape. <strong>Le</strong>s riches illustrations vous apprendront, si<br />

besoin était, que la musique manouche, plus qu’un<br />

style, est un mode de vie de grande classe. À vous de<br />

jouer! Stéphane Picher Pantoute<br />

La Dette: règlement<br />

de comptes<br />

Gaétan Breton, Lux éditeur,<br />

coll. Futur proche, 128 p., 14,95$<br />

À travers tout le battage médiatique<br />

entourant la dette publique au<br />

Québec, généralement présentée<br />

comme le nouvel épouvantail à agiter pour justifier les<br />

coupures récurrentes dans les programmes publics, il<br />

est difficile d’entendre des voix qui vont à contrecourant<br />

du discours dominant. Gaétan Breton en est<br />

une, lui qui refuse d’adopter le ton alarmiste des ténors<br />

du remboursement de la dette à tous crins. Dans un<br />

langage clair et accessible, sans sombrer dans le charabia<br />

des économistes, le professeur en sciences comptables<br />

entreprend donc, en réaction aux « Lucides »,<br />

de remettre la dette en perspective, de la décortiquer<br />

et de présenter les effets de son remboursement précipité.<br />

L’ouvrage a ainsi le mérite de remettre les<br />

pendules à l’heure en allant au-delà des chiffres et en<br />

réintégrant le social dans les questions économiques,<br />

tout en ouvrant le débat sur de nouvelles perspectives.<br />

David Murray Monet<br />

Architecture Now! (Vol.2)<br />

Philip Jodidio, Taschen,<br />

coll. Varia, 352 p., 17,95$<br />

Taschen présente ici la suite<br />

d’Architecture Now! (Vol.1). Regroupant<br />

une quarantaine d’architectes et au moins<br />

autant d’œuvres, l’ouvrage trace un panorama des tendances<br />

les plus remarquables en architecture contemporaine.<br />

Ainsi se côtoient, au fil des pages, des maisons<br />

privées épurées laissant toute la place au paysage les<br />

environnant, des lieux de culte délaissant la tradition<br />

dans leur structure pour mieux la retrouver à travers<br />

les matériaux et les sources de lumière, des institutions<br />

publiques aux formes courbes improbables tout<br />

droit sorties de l’univers virtuel et les nécessaires<br />

constructions durables. On aurait pu souhaiter de plus<br />

amples descriptions pour chaque œuvre, mais on se<br />

rabat avec plaisir sur les photographies lumineuses et<br />

invitantes couvrant tous les angles des bâtiments.<br />

Anne-Marie Genest Pantoute<br />

<strong>Le</strong> Ressentiment dans<br />

l’histoire<br />

Marc Ferro, Éditions Odile<br />

Jacob, 224 p., 44,95$<br />

Dans Pétain, sa biographie du<br />

controversé maréchal, l’ex-résistant<br />

devenu historien et présentateur de<br />

télé écrivait : « Il me semble... que la fonction de l’historien<br />

n’est pas de jouer les avocats ni les procureurs,<br />

non plus que d’user des instruments de son métier<br />

pour mieux servir son couvent. <strong>Le</strong> rôle de l’historien<br />

consiste... à essayer de rendre le passé intelligible, et<br />

notamment son rapport avec le temps présent. » Et<br />

c’est tout à fait dans cette optique que Marc Ferro<br />

signe ici cette étude sur l’histoire de la violence, telle<br />

qu’elle se manifeste dans les trop nombreuses guerres<br />

de religion, nationales et de libération qui jalonnent le<br />

parcours des nations. Des croisades d’autrefois à la<br />

guerre antiterrorisme d’aujourd’hui, l’historienphilosophe<br />

s’interroge sur les racines du mal et ose<br />

une hypothèse pas farfelue du tout : et si cette violence<br />

omniprésente dans notre histoire avait une origine<br />

psychologique Stanley Péan le <strong>libraire</strong><br />

S E P T E M B R E - O C T O B R E 2 0 0 7<br />

18

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!