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Poésie<br />
Nouveautés<br />
« Que pourrait, que pourrait<br />
m’imposer ton sourire / que la nuit<br />
/ ne me donnât point », disait<br />
mélancoliquement René Maria<br />
Rilke. <strong>Le</strong>s éditions Michalon lui<br />
ont consacré un livre, sous forme<br />
d’album illustré, qui regroupe 18<br />
poèmes de cet auteur du XX e siècle<br />
et ancien secrétaire du sculpteur<br />
Auguste Rodin. Parmi ces textes, de toute beauté et<br />
d’une indicible tristesse, se trouvent « Solitude »,<br />
« La campagne est claire » ou « Chant d’amour ».<br />
Tous sont magnifiquement illustrés par la peintre<br />
Chloé Poizat. Né à Prague de parents autrichiens<br />
en 1875, Rilke n’a pas cessé de parcourir l’Europe<br />
et l’Afrique du Nord, sans prendre racine. Rilke, le<br />
magnifique René Maria est une invitation à<br />
plonger dans l’univers fascinant d’un poète de<br />
grand talent.<br />
RILKE, LE MAGNIFIQUE RENÉ MARIA<br />
Rainer Maria Rilke (texte) et Chloé Poizat (ill.),<br />
Éditions Michalon, coll. Tatou Poésie, 44 p., 37,50$<br />
Claudine Vachon fondait les audacieuses<br />
Éditions Rodrigol avec<br />
ses deux comparses (Angelo<br />
Fioramore et André Racette) en<br />
2003, et y publiait son premier<br />
ouvrage, <strong>Le</strong>s Machines désirantes,<br />
la même année. On a entendu sa<br />
voix de poète conteuse dans de<br />
nombreux événements, du Festival<br />
Voix d’Amérique au Café Sarajevo, en passant par<br />
la Nuit Blanche à la Grande Bibliothèque. À l’oral à<br />
l’oreille rassemble ces mots dits, criés, murmurés,<br />
scandés depuis 2001. Elle choisit ainsi avec ce petit<br />
livre live de prêter ses mots aux voix des lecteurs,<br />
puisque que, comme elle l’explique joliment dans<br />
la préface : « la face cachée de ces textes se trouve<br />
dans la lecture renouvelée de chacun d’eux. »<br />
À L’ORAL À L’OREILLE<br />
Claudine Vachon, Rodrigol, 80 p., 15$<br />
Sept et demi<br />
Bertrand Laverdure, <strong>Le</strong> Quartanier,<br />
coll. poésie, 80 p., 12,95$<br />
Après avoir publié huit livres, ou<br />
sept et demi, c’est selon (il faut se<br />
référer à la quatrième de couverture<br />
pour comprendre), Bertrand Laverdure publie<br />
un premier recueil de poésie au Quartanier; ce<br />
livre se démarque de la poésie publiée chez cet éditeur<br />
en étant moins axé sur les recherches<br />
formelles. Sur un ton léger, l’auteur superpose une<br />
série d’impératifs à de petites proses, truffées de<br />
clins d’œil aux livres, films, acteurs ou, plus simplement,<br />
à des auteurs, parfois d’autres poètes, d’ici et<br />
d’ailleurs, vivants ou morts. Sans prétention, cette<br />
poésie nous berce de son petit rythme. Non dénués<br />
d’humour, ces poèmes de Laverdure sont à lire… et à<br />
relire. Félix-J. Philantrope Monet<br />
Demains<br />
Rachel <strong>Le</strong>clerc, Écrits des forges/<br />
<strong>Le</strong>s Écrits du Nord, 90 p., 10$<br />
<strong>Le</strong> dernier livre de Rachel <strong>Le</strong>clerc<br />
possède la force tranquille des<br />
écrivains qui ont cheminé sur les<br />
terres de la maturité. Dans<br />
Demains, on retrouve le mot juste et juste le mot<br />
qu’il faut pour parler de cette vie fragile qui a<br />
besoin d’être dépouillée des superficialités. Malgré<br />
la sobriété, nous sommes emportés par l’ampleur<br />
simple et directe du verbe qui coule comme un<br />
fleuve vers des demains ouverts. « La splendeur<br />
d’être née » est mise en évidence par la mort qui<br />
n’est jamais loin, et qui remet en question les<br />
gestes et les espoirs. Rachel <strong>Le</strong>clerc nous offre une<br />
poésie d’une grande force que l’on écouterait<br />
volontiers en toute sérénité sur une route d’été<br />
avec, dans les silences, une brise saline pour toute<br />
ivresse. Un livre où la poète nous implore : « […]<br />
entretenez la route / elle mène aux choses parallèles<br />
/ elle conduit aux matières / qui érigent la<br />
faim, le poème. » Guy Marchamps Clément Morin<br />
le <strong>libraire</strong> CRAQUE<br />
<strong>Le</strong> Livre des plages<br />
Louis-Philippe Hébert, <strong>Le</strong>s Herbes<br />
rouges, coll. Poésie, 300 p., 18,95$<br />
À l’instar de la vague qui revient<br />
encore et encore sur le rivage, calme,<br />
rythmée, continue, la poésie de<br />
Louis-Philippe Hébert nous ramène à<br />
la simplicité des images, laissées par les souvenirs persistants<br />
du poète. Sur cette plage visitée des centaines de<br />
fois, tout se mélange. Se rencontrent les rires de l’enfance,<br />
les désirs nostalgiques de l’adulte, mais aussi le<br />
sable, le sel, l’eau, l’odeur des algues et le pas intrigant du<br />
crabe. Hébert a la joie gamine et sa plume, tantôt sensuelle,<br />
tantôt ludique, parvient à transmettre, avec une<br />
simplicité étonnante, ces situations éphémères, nues,<br />
qui habitent notre mémoire, et ressurgissent à l’évocation<br />
de cet espace universel. Aussi, on ouvre le nouveau<br />
recueil de l’auteur de La Manufacture de machines<br />
comme on porte un gros coquillage à notre oreille.<br />
<strong>Le</strong>ntement, le sourire aux lèvres, on se remémore notre<br />
premier château de sable… Claudiane Laroche Pantoute<br />
Entre les mondes<br />
Louise Bouchard, <strong>Le</strong>s Herbes<br />
rouges, coll. Poésie, 108 p., 14,95$<br />
La poésie de Louise Bouchard est<br />
exigeante et quelque peu hermétique,<br />
à l’instar de celle de Paul<br />
Celan, qu’elle cite d’ailleurs en exergue<br />
d’Entre les mondes. Ce choix esthétique est de<br />
bon aloi lorsque, comme elle, on décide d’explorer ces<br />
limbes très spéciaux entre la vie et la mort. Quel langage<br />
peut exprimer ces territoires inconnus qui nous<br />
habitent en disant au plus près l’étrangeté de ces<br />
silences particuliers Il y a cette autre (la mère) à qui<br />
la poète s’adresse et qui ne répond pas. Il y a ce<br />
déshonneur toujours présent à ne pouvoir nommer<br />
cela qui vit dans la mort. Et toute la beauté de la poésie<br />
ressort de cet effort à saisir « l’heure sans clé ». Car<br />
malgré tout, nous dit la poète : « Même endeuillée je<br />
monte. » Tant de silences et de larmes sont à traduire,<br />
comme nous le dit l’auteure, tout reste à dire. D’autres<br />
beaux livres sont à venir. Guy Marchamps Clément Morin<br />
S E P T E M B R E - O C T O B R E 2 0 0 7<br />
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