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Numéro 42 - Le libraire

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Poésie<br />

Nouveautés<br />

« Que pourrait, que pourrait<br />

m’imposer ton sourire / que la nuit<br />

/ ne me donnât point », disait<br />

mélancoliquement René Maria<br />

Rilke. <strong>Le</strong>s éditions Michalon lui<br />

ont consacré un livre, sous forme<br />

d’album illustré, qui regroupe 18<br />

poèmes de cet auteur du XX e siècle<br />

et ancien secrétaire du sculpteur<br />

Auguste Rodin. Parmi ces textes, de toute beauté et<br />

d’une indicible tristesse, se trouvent « Solitude »,<br />

« La campagne est claire » ou « Chant d’amour ».<br />

Tous sont magnifiquement illustrés par la peintre<br />

Chloé Poizat. Né à Prague de parents autrichiens<br />

en 1875, Rilke n’a pas cessé de parcourir l’Europe<br />

et l’Afrique du Nord, sans prendre racine. Rilke, le<br />

magnifique René Maria est une invitation à<br />

plonger dans l’univers fascinant d’un poète de<br />

grand talent.<br />

RILKE, LE MAGNIFIQUE RENÉ MARIA<br />

Rainer Maria Rilke (texte) et Chloé Poizat (ill.),<br />

Éditions Michalon, coll. Tatou Poésie, 44 p., 37,50$<br />

Claudine Vachon fondait les audacieuses<br />

Éditions Rodrigol avec<br />

ses deux comparses (Angelo<br />

Fioramore et André Racette) en<br />

2003, et y publiait son premier<br />

ouvrage, <strong>Le</strong>s Machines désirantes,<br />

la même année. On a entendu sa<br />

voix de poète conteuse dans de<br />

nombreux événements, du Festival<br />

Voix d’Amérique au Café Sarajevo, en passant par<br />

la Nuit Blanche à la Grande Bibliothèque. À l’oral à<br />

l’oreille rassemble ces mots dits, criés, murmurés,<br />

scandés depuis 2001. Elle choisit ainsi avec ce petit<br />

livre live de prêter ses mots aux voix des lecteurs,<br />

puisque que, comme elle l’explique joliment dans<br />

la préface : « la face cachée de ces textes se trouve<br />

dans la lecture renouvelée de chacun d’eux. »<br />

À L’ORAL À L’OREILLE<br />

Claudine Vachon, Rodrigol, 80 p., 15$<br />

Sept et demi<br />

Bertrand Laverdure, <strong>Le</strong> Quartanier,<br />

coll. poésie, 80 p., 12,95$<br />

Après avoir publié huit livres, ou<br />

sept et demi, c’est selon (il faut se<br />

référer à la quatrième de couverture<br />

pour comprendre), Bertrand Laverdure publie<br />

un premier recueil de poésie au Quartanier; ce<br />

livre se démarque de la poésie publiée chez cet éditeur<br />

en étant moins axé sur les recherches<br />

formelles. Sur un ton léger, l’auteur superpose une<br />

série d’impératifs à de petites proses, truffées de<br />

clins d’œil aux livres, films, acteurs ou, plus simplement,<br />

à des auteurs, parfois d’autres poètes, d’ici et<br />

d’ailleurs, vivants ou morts. Sans prétention, cette<br />

poésie nous berce de son petit rythme. Non dénués<br />

d’humour, ces poèmes de Laverdure sont à lire… et à<br />

relire. Félix-J. Philantrope Monet<br />

Demains<br />

Rachel <strong>Le</strong>clerc, Écrits des forges/<br />

<strong>Le</strong>s Écrits du Nord, 90 p., 10$<br />

<strong>Le</strong> dernier livre de Rachel <strong>Le</strong>clerc<br />

possède la force tranquille des<br />

écrivains qui ont cheminé sur les<br />

terres de la maturité. Dans<br />

Demains, on retrouve le mot juste et juste le mot<br />

qu’il faut pour parler de cette vie fragile qui a<br />

besoin d’être dépouillée des superficialités. Malgré<br />

la sobriété, nous sommes emportés par l’ampleur<br />

simple et directe du verbe qui coule comme un<br />

fleuve vers des demains ouverts. « La splendeur<br />

d’être née » est mise en évidence par la mort qui<br />

n’est jamais loin, et qui remet en question les<br />

gestes et les espoirs. Rachel <strong>Le</strong>clerc nous offre une<br />

poésie d’une grande force que l’on écouterait<br />

volontiers en toute sérénité sur une route d’été<br />

avec, dans les silences, une brise saline pour toute<br />

ivresse. Un livre où la poète nous implore : « […]<br />

entretenez la route / elle mène aux choses parallèles<br />

/ elle conduit aux matières / qui érigent la<br />

faim, le poème. » Guy Marchamps Clément Morin<br />

le <strong>libraire</strong> CRAQUE<br />

<strong>Le</strong> Livre des plages<br />

Louis-Philippe Hébert, <strong>Le</strong>s Herbes<br />

rouges, coll. Poésie, 300 p., 18,95$<br />

À l’instar de la vague qui revient<br />

encore et encore sur le rivage, calme,<br />

rythmée, continue, la poésie de<br />

Louis-Philippe Hébert nous ramène à<br />

la simplicité des images, laissées par les souvenirs persistants<br />

du poète. Sur cette plage visitée des centaines de<br />

fois, tout se mélange. Se rencontrent les rires de l’enfance,<br />

les désirs nostalgiques de l’adulte, mais aussi le<br />

sable, le sel, l’eau, l’odeur des algues et le pas intrigant du<br />

crabe. Hébert a la joie gamine et sa plume, tantôt sensuelle,<br />

tantôt ludique, parvient à transmettre, avec une<br />

simplicité étonnante, ces situations éphémères, nues,<br />

qui habitent notre mémoire, et ressurgissent à l’évocation<br />

de cet espace universel. Aussi, on ouvre le nouveau<br />

recueil de l’auteur de La Manufacture de machines<br />

comme on porte un gros coquillage à notre oreille.<br />

<strong>Le</strong>ntement, le sourire aux lèvres, on se remémore notre<br />

premier château de sable… Claudiane Laroche Pantoute<br />

Entre les mondes<br />

Louise Bouchard, <strong>Le</strong>s Herbes<br />

rouges, coll. Poésie, 108 p., 14,95$<br />

La poésie de Louise Bouchard est<br />

exigeante et quelque peu hermétique,<br />

à l’instar de celle de Paul<br />

Celan, qu’elle cite d’ailleurs en exergue<br />

d’Entre les mondes. Ce choix esthétique est de<br />

bon aloi lorsque, comme elle, on décide d’explorer ces<br />

limbes très spéciaux entre la vie et la mort. Quel langage<br />

peut exprimer ces territoires inconnus qui nous<br />

habitent en disant au plus près l’étrangeté de ces<br />

silences particuliers Il y a cette autre (la mère) à qui<br />

la poète s’adresse et qui ne répond pas. Il y a ce<br />

déshonneur toujours présent à ne pouvoir nommer<br />

cela qui vit dans la mort. Et toute la beauté de la poésie<br />

ressort de cet effort à saisir « l’heure sans clé ». Car<br />

malgré tout, nous dit la poète : « Même endeuillée je<br />

monte. » Tant de silences et de larmes sont à traduire,<br />

comme nous le dit l’auteure, tout reste à dire. D’autres<br />

beaux livres sont à venir. Guy Marchamps Clément Morin<br />

S E P T E M B R E - O C T O B R E 2 0 0 7<br />

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