VOL. 67, NO. 3 - AAFI-AFICS, Geneva - UNOG
VOL. 67, NO. 3 - AAFI-AFICS, Geneva - UNOG
VOL. 67, NO. 3 - AAFI-AFICS, Geneva - UNOG
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
SANTÉ<br />
SÉMINAIRE D’INFORMATION DE L’<strong>AAFI</strong>-<strong>AFICS</strong> SUR LES SOINS DE LONGUE DURÉE<br />
24 JANVIER 2008<br />
Nous publions dans ce numéro l’allocution d’ouverture du Séminaire, prononcée par le Docteur Halfdan<br />
Mahler et les réflexions de notre collègue Angela Butler, deux interventions dont le texte nous a été très<br />
demandé.<br />
Introduction au Séminaire, par le Docteur Halfdan Mahler, ancien Directeur général de l’OMS<br />
Lorsqu’au téléphone j’ai entendu: « Nous vous attendons pour l’ouverture du séminaire de l’<strong>AAFI</strong>-<strong>AFICS</strong> sur<br />
les soins de longue durée… », j’ai pensé un moment que je n’aurais qu’à m’y asseoir et j’ai répondu : « Oui,<br />
je vais venir ». J’ai vite découvert que j’avais cru au Père Noël en pensant qu’il s’agissait simplement d’une<br />
invitation à venir passer un moment agréable. En fait, j’étais supposé faire une présentation, prononcer<br />
quelques réflexions d’introduction. Eh bien, les voici donc.<br />
Cette initiative de l’<strong>AAFI</strong>-<strong>AFICS</strong> est tout à fait appropriée. Non seulement parce qu’il existe un besoin<br />
exponentiellement croissant de soins de longue durée et ce, non seulement dans cette partie privilégiée du<br />
monde (c’est-à-dire à Genève super-privilégiée ou dans le reste de la Suisse ou en France), mais partout. Il<br />
est donc particulièrement important que nous soyons dûment informés sur les options qui nous sont offertes<br />
ici et ailleurs.<br />
Nous ne pouvons pas dire que les soins de longue durée soient quelque chose qui n’intéresse que les<br />
autres : d’une façon ou d’une autre ils nous concernent ou nous concerneront tous. Appartenant à l’OMS, je<br />
me dois de donner la définition de la santé, telle qu’elle apparaît dans la constitution de cette organisation,<br />
tant elle s’applique éminemment aux soins de longue durée. Pour l’OMS, « La santé et un état de bien-être<br />
complet physique, social et mental et non simplement l’absence de maladie ou d’infirmité ».<br />
Avant que je ne quitte l’OMS, cela fait plus de 20 ans, il y a eu une forte tendance à ajouter à cette définition<br />
le mot « spirituel » ; ce qui veut dire que la santé est aussi un état de bien-être « spirituel ». Fils de pasteur,<br />
je suis athée ; j’étais cependant fort en faveur de l’idée d’ajouter « spirituel », parce que c’est là aussi une<br />
chose très importante qui n’a, à mon avis, rien à voir avec la religion. L’OMS a aussi, récemment, donné une<br />
définition du vieillissement : « un processus qui accroît les possibilités d’agir pour la santé et la sécurité en<br />
vue d’améliorer la qualité de la vie avec l’âge ».<br />
Aujourd’hui, il ne s‘agit pas d’un problème local, mais d’un phénomène global. Il existe une tendance à<br />
associer les besoins exponentiels de service de santé de longue durée aux pays industrialisés relativement<br />
riches. Etant donné mon ancienne position privilégiée à l’OMS, vous ne serez pas surpris si je place certains<br />
de mes commentaires au cœur de ce contexte global. Et aussi dans ce monde soit-disant développé, et plus<br />
particulièrement dans la zone entourant Genève, de voir, dans la manière dont sont pratiqués les soins de<br />
longue durée dans toutes les régions du monde, s’il n’existe pas d’éléments dont nous pourrions ici<br />
apprendre quelque chose, ainsi que de la conscience que nous avons des monstrueuses inégalités sociales<br />
et économiques du monde contemporain.<br />
Voici quelques statistiques, que j’énoncerai brièvement afin de ne pas être ennuyeux, mais qui traduisent les<br />
tendances démographiques et épidémiologiques, certaines tout à fait saisissantes. En 2020, le pourcentage<br />
de la population qui aura dépassé 65 ans sera absolument extraordinaire. Par exemple, en 2020 en Suisse<br />
et en France, plus de 20% de la population aura plus de 65 ans. Des exemples similaires existent dans toute<br />
la région. Mais en 2050, on estime que le reste du monde aura rejoint rapidement. En 2050, 23% des<br />
Chinois auront plus de 65 ans, 21% en Thaïlande, etc. Le Royaume-Uni et la France auront alors un quart<br />
de leur population au-dessus de 65 ans : des chiffres stupéfiants.<br />
Dans le même temps, bien sûr, la médecine aura fait de grand progrès pour écarter les maladies¸ mais<br />
n’oublions pas que la faiblesse est souvent le prix à payer à la longévité. D’où le besoin universel de soins<br />
de longue durée. En 2003 l’OMS a déclaré que les besoins pour les soins de longue durée dans les pays en<br />
voie de développement augmenteraient de 400% dans les prochaines décennies – 400% en besoins ;<br />
l’ECOSOC a dit en 2007, je le cite, que « la transition des maladies contagieuses vers les maladies non-<br />
20