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VOL. 67, NO. 3 - AAFI-AFICS, Geneva - UNOG

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nous. Il bricola une réparation provisoire et me dit qu’il devait faire faire un nouveau bridge. J’avais<br />

l’impression d’avoir eu un bridge – aujourd’hui ‘’pont’’ en français, chez tous les bons orthodontistes<br />

francophones - depuis si longtemps, que je l’avais oublié et qu’il était devenu désormais le pont des soupirs.<br />

Une semaine plus tard, je me trouvai en randonnée pédestre en Provence. Comme tous les vrais<br />

randonneurs le savent, le but d’une randonnée est de tester les restaurants gastronomiques du coin. Le<br />

troisième restaurant que nous expérimentâmes ne fut pas du goût de mon dentier délicat qui s’empressa de<br />

m’abandonner. Faute d’un Kleenex, je l’enveloppai dans mon mouchoir - à peu près propre - et la rapportai<br />

sagement chez mon dentiste.<br />

Quelques semaines plus tard, mon dentiste m’avait équipé d’un bridge flambant neuf et prit congé<br />

de moi.<br />

Je me suis habitué à mes dentiers,<br />

A ma surdité je suis résigné,<br />

De mes binocles, je me sers volontiers,<br />

Mais, ô ma mémoire, comme tu es regrettée.<br />

Le jour suivant, je découvris que je ne pouvais pas me lever. Non pas par une paresse soudaine de<br />

ma carcasse, mais parce que je souffrais d’une sciatique sans précédent. Si vous ne savez pas ce que c’est,<br />

ne soyez surtout pas impatient de l’apprendre.<br />

Je me hâtai chez mon médecin qui, fort heureusement, exerce juste à côté de chez mon dentiste. Il<br />

me fit quelques piqûres et m’ordonna d’aller passer une radio.<br />

Je me hâtai vers l’Hôpital de La Tour pour y subir les joies d’une radiographie et revins chez moi<br />

sans délai. Là, je m’aperçus que j’avais perdu mon portefeuille. Mais où ? Retour à La Tour, vaine recherche<br />

dans le parking, regards impuissants à la réception, retour chez moi les mains vides. Portefeuille, cartes de<br />

crédit, carte bancaire, permis de conduire (pas les véhicules de catégories D2), billets de banque, carte<br />

d’assurance maladie, et bien d’autres et caeteras. Et mon départ pour l’Inde prévu pour la semaine<br />

suivante… Mes nerfs étaient sur le point de craquer …<br />

Ma femme, ayant eu l’expérience d’une maison, d’une progéniture et d’un mari, sait parfaitement<br />

gérer aussi une période de crise. Elle me fit une bonne tasse de thé, me dit de m’asseoir et de cesser de<br />

gémir. A peine avais-je bu la moitié de la tasse ‘’qui réconforte sans enivrer’’, comme aurait dit Hazlitt<br />

(encore que j’aurais bien supporté une légère ébriété), que le téléphone sonna. Monsieur Ali ? Je dus<br />

confesser que c’était bien moi. N’avez-vous pas perdu votre portefeuille ? Ouiii ! criais-je en renversant mon<br />

thé (celui qui n’enivre pas).<br />

Un certain M. Ducrey avait trouvé mon portefeuille sur le parking de La Tour. Nous convînmes de<br />

nous retrouver sur le parking (je n’avais jamais réalisé combien ces endroits étaient importants) du cimetière<br />

du Grand-Saconnex. M. Ducrey était un homme charmant, chaleureux, galant, noble, chevaleresque,<br />

honnête et je le congratulai avec joie ! Nous devînmes amis sur le champ. Que les dieux aient été complices<br />

de ce petit miracle devint évident lorsque il me fit remarquer qu’il avait noté sur mon permis de conduire que<br />

nous étions nés le même jour – à vingt-cinq ans d’intervalle.<br />

Ainsi donc, je partis pour l’Inde, bourré de pilules anti-sciatique et muni d’un bon conseil : Quoi que<br />

vous fassiez, ne tombez surtout pas, me dit mon médecin. Bien sûr que non, répliquai-je, me prenez-vous<br />

pour un imbécile ?<br />

Ce fut au troisième jour de mon voyage à Mumbai que je tombai pour avoir voulu monter sur une<br />

marche qui n’existait pas. Quelle chute, mes aïeux ! Je me hâtai 2 de rentrer à Genève où mon médecin<br />

m’ordonna de nouvelles radios, quelque chose appelé un IRM (nos formulaires de demande de<br />

remboursement ont une case spéciale à cet effet : cela doit donc être bon), un court séjour en clinique, une<br />

courte intervention chirurgicale, et un retour à la maison, plus infirme que jamais. Chaque fois qu’ils ont<br />

utilisé leurs drôles de machines, mes médecins ont découvert une nouvelle vertèbre fêlée. Je leur ai suggéré<br />

2<br />

Avez-vous remarqué qu’Aamir ‘se hâte’ sans cesse ? Vers son dentiste, son médecin, l’Hôpital de La Tour, sa maison et, là<br />

encore, vers Genève. Son médecin devrait lui donner à nouveau quelques conseils pour ne pas retomber … dans cette erreur fatale.<br />

(NdT).<br />

25

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