La lutte anti-contrefaçon mobilise naturellement les entreprises dans leur organisation interne. Elleleur impose d’investir dans des moyens humains et financiers pour protéger leurs droits de propriétéintellectuelle en France, en Europe, dans le monde.Mais on ne lutte pas seul contre ce fléau. Des entreprises peuvent être concurrentes sur un marchémais avoir besoin d’allier leurs actions pour combattre le faux. La collaboration entre le secteur privéet les services de l’Etats, les instances européennes et internationales est également primordiale. Lesentreprises, qui ont ici témoigné, le confirment.A. Des actions multiples1. Les entreprises défendent leurs droitsUn investissement humain et financier conséquentLes entreprises sont de plus en plus actives sur le terrain de la lutte anti-contrefaçon. La part desinvestissements qu’elles consacrent à ce combat est en constante augmentation. Même s’il existe desdifférences encore très marquées selon les secteurs d’activité, il n’est pas rare de voir une sociétéconsacrer plus de 1% de ses bénéfices à des actions anti-contrefaçon. Ces investissements revêtentdifférentes formes selon que l’entreprise agisse, seule avec ses propres moyens (services juridiquesinternes, campagnes de sensibilisation du grand public ou d’information des clients, traçabilité, frais destockage des saisies et retenues) ou avec des outils externes (actions de lobbying, cabinets juridiquesexternes, cabinets d’investigation).Dans le secteur de l’automobile, les montants investis chaque année par les différents constructeurs françaissont de l’ordre de 10 millions d’euros. S’ils ont principalement recours à des cabinets juridiques externes,ces industriels développent également leurs services juridiques internes avec, le plus souvent, une dizainede salariés se consacrant exclusivement à la lutte anti-contrefaçon. Un lobbying très actif est égalementdéveloppé auprès des pouvoirs publics. Ce sont ainsi quelques centaines de milliers d’euros qui sont investisdans la traque du faux. Le groupe Michelin note que : « De longue date, la notoriété de la marque et de lafigurine Bibendum est telle que les fabricants de faux se sont emparés du pouvoir attractif de ces signesdistinctifs. Nous luttons en permanence contre les contrefaçons de marque Michelin, du personnage Bibendum,motivés par l’obligation de maintenir le haut pouvoir distinctif et la notoriété de ces éléments essentiels denotre patrimoine. Par exemple, nous avons mobilisé les douanes pour assurer une surveillance aux frontières,et ceci sur le plan européen. Nous procédons à des investigations dans les pays asiatiques. Nous déclenchonsdes actions dans de nombreux pays. L’an dernier [ndlr : en 2007], le budget global consacré à la lutte contrece type de contrefaçon fut de l’ordre de 300 000 euros. Les faux incriminés sont des produits textiles, desaccessoires divers. Il ne s’agit pas de pneus ». M. Michel Rollier, gérant associé du groupe de pneumatiques,évoque, avec satisfaction, la stratégie adoptée 1 : « Nous attaquons systématiquement les distributeurs quivendent des pneus avec des sculptures Michelin contrefaits car ceux-ci ne garantissent pas les performancesMichelin. Et nous gagnons. Il est beaucoup plus efficace d’attaquer les vendeurs que les fabricants ».Exemple d’entreprise ayant mis en place un service interne dédié : Lacoste, qui investit chaque année4,2 millions d’euros dans la lutte anti-contrefaçon et emploie 9 salariés qui s’y consacrent à pleintemps.Dans le journal Les Echos 2 (édition du 29 août 2007), les responsables de Lacoste témoignent :« la contrefaçon a perdu de son mordant : la nouvelle direction s’est employée à tarir ses sources ens’associant avec des acteurs locaux en Thaïlande, en Turquie et en Chine, gagnant en première instancedes procès contre des acteurs officiels ».1 Le Figaro, http://www.lefigaro.fr/actubourse/20070531.FIG000000045_nous_pouvons_garder_une_base_industrielle_forte_en_europe.html2 Les Echos, http://www.lesechos.fr/info/metiers/4615316.htm?xtor=RSS-2069Lutter contre la contrefaçon : quelle riposte ?89
La société Gucci (groupe PPR) précise, pour sa part, être « dotée de sa propre organisation internede lutte anti-contrefaçon pour coordonner de façon proactive cette activité ainsi que protéger [son]réseau commercial et image de marque sur l’échelle internationale ». La marque de luxe déclare investir« plusieurs millions d’euros » dans son combat contre le faux et dispose aujourd’hui « d’une équipe deprofessionnels dédiés à temps plein pour lutter contre ce fléau mondial et combattre un réseau qui estde plus en plus dynamique, sophistiqué et organisé ainsi que fournir tout le soutien nécessaire aux forcesde l’ordre impliquées quotidiennement (Douanes, Police, Gendarmerie) ».Le groupe industriel Air Liquide emploie 50 salariés et consacre chaque année 15 millions d’euros à lalutte anti-contrefaçon. Un chiffre à rapprocher des 200 000 millions d’euros de pertes de chiffre d’affairesengendrés par les produits contrefaisants et du milliard d’euros de bénéfice qu’elle réalise chaque année 3 .L’entreprise Lafarge détaille les différents types d’investissements qu’elle réalise : elle emploie en France« un juriste spécialisé en droit des marques en charge notamment de la coordination des enquêtes etactions menées en Chine par le Groupe Lafarge » mais aussi, à l’étranger « un coordinateur chinoisanti-contrefaçon en charge du suivi local des actions menées, des raids ainsi que des relations avec lesautorités locales ». Parmi les récents investissements réalisés, l’industriel précise qu’ « en complémentd’un renforcement de la protection juridique des droits de Lafarge, des outils de traçabilité des produitsont été mis en place en Chine afin de certifier l’origine des produits Lafarge et ainsi permettre aux clientsd’identifier les produits authentiques des contrefaçons. Chaque produit Lafarge porte ainsi un numérod’identification. Les clients peuvent ainsi appeler le numéro vert mis en place et obtenir confirmationdu caractère authentique ou non des produits ». Enfin, le groupe a développé des actions de formationet d’information telles que des interventions « en direct sur les marchés pour sensibiliser les vendeurset acheteurs à la marque » mais aussi un travail « en étroite collaboration avec les autorités chinoises(SIC, AIC, PSB) afin de les sensibiliser à ses problématiques et les inciter à agir » et rappelle qu’en tantque membre du QBPC (Quality Brands Protection Committee), elle « participe régulièrement à destables rondes avec les acteurs de son secteur pour décider d’actions de sensibilisation notamment descampagnes d’affichage sur les marchés ». De son côté, Saint-Gobain affirme consacrer 500 000 eurosen France et 1 million dans le monde dans la lutte anti-contrefaçon. Un des leaders du bâtiment avouemême dépenser près de 4 millions d’euros dans ce combat.En plus des investissements tournés vers des cabinets d’investigation ou juridiques externes, lesentreprises du secteur du tabac font état d’importants frais de stockage des saisies et retenues deproduits contrefaisants. Ceci peut s’expliquer par la part grandissante de la contrefaçon de cigarettes,mais aussi par le volume que représente le plus souvent chacune des saisies réalisées dans ce secteur.En témoigne la destruction récente de près de 10 tonnes de fausses cigarettes au péage de Thunl’Evêqueen février 2008 4 .La protection des PME à améliorerAxe primordial, mais trop souvent délaissé, la protection des droits de propriété industrielle des petiteset moyennes entreprises. Près d’une PME sur deux y serait réticente, invoquant le coût important desactions de protection. Afin de convaincre les chefs d’entreprises, l’INPI déploie ses effectifs sur le terrain,notamment dans une quarantaine de pôles de compétitivité : « Une PME doit connaître les risques : en nedéposant aucun brevet, elle est désarmée face à la contrefaçon », prévient M. Benoît Battistelli.Les petites structures négligent également la protection de leurs droits auprès des douanes, protectionqui passe essentiellement par les demandes d’interventions, comme le rapporte M. Jérôme Fournel :« Il y a, au 20 novembre 2007, 924 demandes d’intervention concernant environs 700 entreprises.3 L’Expansion, 2008, http://www.lexpansion.com/economie/la-france-pillee_26193.html4 La Voix du Nord, février 2008 http://www.lavoixdunord.fr/site/depeches/article.phtml?idarticle=871790 Lutter contre la contrefaçon : quelle riposte ?
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