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Numéro 50 - Le libraire

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Libraire d’un jourB RYANP ERROLire avec les loupsIssu du milieu du théâtre, Bryan Perro connaît une gloire planétaire avec sa série de romans pour la jeunesse AmosDaragon, traduite en une vingtaine de langues. Sa carrière romanesque avait néanmoins débuté plusieurs annéesavant, avec, notamment, les romans Pourquoi j’ai tué mon père et Marmotte. Alors qu’il entreprend une nouvellesérie fantastique sur les loups-garous, Wariwulf (le tome inaugural, <strong>Le</strong> premier des Râjâ, vient de paraître auxIntouchables), le <strong>libraire</strong> l’a rencontré pour discuter de ses émois littéraires.Par Stanley PéanJ’ai fait la connaissance de Bryan Perro il y a des années,bien avant le succès sans précédent des aventures d’AmosDaragon, mais l’admirable simplicité du bonhomme et sonétonnante modestie me déconcertent toujours. Bien qu’ilsoit aujourd’hui l’un des romanciers québécois les plus lusici comme à l’étranger, Perro est en effet demeuré humbleet posé. Par moments, il donne l’impression de souffrir dusyndrome de l’imposteur, encore étonné du fait que lesBeauchemin, Godbout et autres poids lourds de nos lettresle saluent comme un confrère quand ils le croisentdans ces salons du livre où il triomphe.Gêné par son arrivée tardive dans le monde de la lecture, ilévoque avec hésitation ses premiers émois: « J’ai commencéà lire à 14 ans, avec <strong>Le</strong> mystère du triangle desBermudes, un livre qui expliquait comment des extraterrestresviennent enlever des bateaux dans la mer desCaraïbes!, rigole-t-il. Et j’ai adoré ça. Après, le premierroman que j’ai choisi, que j’ai lu en entier est Rambo deDavid Morrell, le premier volet des aventures du hérosimmortalisé à l’écran par Sylvester Stallone. » À cetteépoque, les loisirs du jeune Bryan sont essentiellementsportifs — à 12 ans, il court le marathon de Montréal, à15 ans, il est un joueur étoile de basket-ball. Pourtant, ceparcours de sportif aura son écho livresque, notammentdans Pourquoi j’ai tué mon père, qui justement s’inspirede son aventure de marathonien. Grand amateur de BD,Perro suit aussi les aventures de Rahan dans l’hebdomadairePif Gadget.L’autre « p’tit gars de Shawinigan » connaît son premier grand choc culturel durant unséjour d’études d’un an au Portugal, alors qu’il a 17 ans: « À Lisbonne, j’ai fait uneexpérience culturelle totale: littérature, Histoire, architecture. J’ai visité tous lesmusées, j’ai fréquenté les théâtres en portugais, je me suis mis à lire la poésie deCamões, de Pessoa. En un sens, j’ai découvert la culture portugaise avant la québécoise.» De retour au Québec à 18 ans, Bryan Perro étudie en psychologie. Mais c’est savictoire au concours « Cégeps en spectacle », en 1988, qui le fait bifurquer vers lethéâtre et l’écriture. Désormais inscrit en théâtre, le futur créateur d’univers mythiquesse passionne pour de grands classiques de la dramaturgie: Sophocle, Aristophane,Euripide, Eschyle. « J’avais l’impression d’avoir retrouvé mes extraterrestres d’antan. Etles concepts de catharsis, de fatalité, etc., se remémore l’auteur. Je découvrais les dieuxde l’Antiquité, la mythologie à travers le théâtre. Alors que mes compagnons de classedétestaient ça, j’adorais ces cours! Ç’a été une révélation! Si bien que ma premièrepièce, Contes cornus et légendes fourchues (Glanures, 1997), procédait de la mêmemanière, en portant à la scène nos légendes, notre mythologie à nous. »Il va sans dire que Bryan Perro se réclame des conteurs québécois du XIX e siècle, ceuxqui ont su consigner à l’écrit le riche répertoire de la tradition orale d’ici. « LouisFréchette, Honoré Beaugrand, Pamphile <strong>Le</strong>may, je les ai lus et relus, raconte BryanPerro, je m’en suis imprégné. » Et si aucun dramaturge contemporain d’ici ou d’ailleursn’a eu une influence comparable à celle des tragédiens grecs antiques, Bryan Perroreconnaît cependant avoir été impressionné par la lecture de Louis Caron, à l’adolescence.« Après Rambo, mais avant le Portugal, j’avais lu L’emmitouflé. J’étais entré danscette histoire qui n’avait rien à voir avec mon univers et j’ai vite été charmé. Après, j’ailu <strong>Le</strong> canard de bois. » À ma grande surprise, Perro avoue n’avoir été guère été touché© Sylvain Dumais<strong>Le</strong>s lusiadesLuis de Camões, ÉditionsRobert Laffont, coll.Bouquins, 640 p., 34,95$Œuvres poétiquesFernando Pessoa,0Bibliothèque de LaPléiade, 2176 p., 1<strong>50</strong>$Théâtre completSophocle, GF,384 p., 9,95$Théâtre complet (2 tomes)Aristophane, GF,372 p. et 440 p.,10,95$ et 12,95$ resp.Tragédies complètes(2 tomes)Euripide, Folio, 702 p. et700 p., 5,75$ et 8,75$ ch.L’emmitoufléLouis Caron,Boréal compact,206 p., 12,95$par l’Agaguk de Thériault, mais se rappelle avec émotionla découverte du Kamouraska d’Anne Hébert: « C’estassurément lié au contexte de cette découverte, au merveilleuxprofesseur de français que j’avais en secondaire5, un petit bout de femme dynamique qui a réussi à faireaimer Anne Hébert au joueur de basket tellement coolque j’étais à l’époque, trop cool pour Kamouraska! »Au palmarès de ses incontournables se classent aussiHerman Melville (« Moby Dick est assurément l’un desplus grands romans jamais écrits! ») et J.R.R. Tolkien,étonnamment découvert sur le tard (« J’ai lu <strong>Le</strong> seigneurdes anneaux dans la vingtaine »). Et sur sa table dechevet trônent des délices relativement récents commeMaus de Art Spiegelman ou <strong>Le</strong> dieu manchot de JoséSaramago (une recommandation de son <strong>libraire</strong> de chezClément Morin, le poète Serge Mongrain) ou des livres àlire comme la trilogie Millénium de Stieg Larsson, etMontferrand de Paul Ohl.Puis, pour terminer sur une note plus légère, ce n’est passans une jalousie certaine que Perro apprend la chanceque j’ai eu de croiser il y a quelques années le romancierbelge Henri Vernes, le créateur de Bob Morane, auteur deces romans qui nous ont donné tant de plaisir. Que Perrose console: un jour peut-être, un de ses nombreuxlecteurs deviendra écrivain/chroniqueur et s’enorgueillirade l’avoir croisé le temps d’une entrevue...Théâtre completEschyle, GF, 256 p., 9,95$<strong>Le</strong> canard de bois:<strong>Le</strong>s fils de la liberté (t.1)Louis Caron,Boréal compact,330 p., 14,95$KamouraskaAnne Hébert, Points,246 p., 13,95$Contes de Jos ViolonLouis Fréchette, Guérin,146 p., 8,35$La chasse-galerieet autres récitsHonoré Beaugrand,Boréal compact,184 p., 6,95$<strong>Le</strong> pèlerin de Sainte-AnnePamphile <strong>Le</strong>may,De la Huit, coll. Anciens,100 p., 23$<strong>Le</strong>s choix de Bryan PerroMoby DickHerman Melville,GF, 600 p., 15,95$<strong>Le</strong> seigneurdes anneaux (3 t.)J.R.R. Tolkien, Pocket,698 p. et 570 p., 11,95$ ch.Maus: L’intégraleArt Spiegelman,Flammarion, 296 p., 59,95$<strong>Le</strong> dieu manchotJosé Saramago, Points,420 p., 16,95$Millénium (3 tomes)Stieg Larsson, Actes Sud,576, 656 et 600 p., 119,95$<strong>Le</strong> prix de l’honneur:Montferrand (t.1)Paul Ohl, Libre Expression,370 p., 29,95$D É C E M B R E 2 0 0 8 | J A N V I E R 2 0 0 911

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