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Numéro 50 - Le libraire

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Littérature québécoiseP IERREB ARTHEBienvenue dans le « Clan-des-Hommes-Vrais »…Nouveau venu dans le panorama littéraire québécois, Pierre Barthe lance un appel aux lecteurs friands d’aventures,dans un univers où les mammouths côtoient les premiers hommes de notre planète. Rien de moins qu’une formidable sagaqui raconte une histoire vieille de quarante mille ans, parmi des peuples nomades en constante quête de survie. Œuvre sedéroulant en trois moments, le roman Ilû: L’homme venu de nulle part est une fiction enrichie des longues recherches surcette époque dont on n’a que très peu de traces… Préhistoire, nous voilà!Par Hélène BoucherRetour sur lespages de l’HommePour arriver à écrire un récit mettant en vedette destribus préhistoriques, s’échelonnant sur plus de 600pages et se déclinant en trente-quatre chapitres, ilfaut être plus qu’un amateur en la matière. PourPierre Barthe, aborder l’existence de ces nomades aujour le jour, dans un tel souci du détail, résulte d’uneprofonde fascination, d’une curiosité insatiable. Ladécouverte des continents et la grande histoire del’humanité l’intéressent au plus haut point. Aprèsavoir entrepris nombre de recherches dans diversesbibliothèques du Québec et jusqu’à l’Ouest cana -dien, et glané des informations précieuses surInternet, espace de trouvailles foisonnantes sur laPréhistoire, l’écrivain a créé une histoire aux refletsréa listes. Pierre Barthe voulait « changer l’idée selonlaquelle l’homme préhistorique était une brute ».Avec son personnage phare Ilû, ce jeune hommerescapé in extremis par deux chasseurs du « Clandes-Hommes-Vrais», Kaï-Ka-Lik, dit « Celui-qui-Connaît-les-Bêtes », et Ka-Nawag, il a visé juste.Quête d’identité d’un hérosLorsque Ilû apparaît dans la trame de l’histoire, on al’impression que cet homme aura un rôle plus quemajeur dans le destin de ses contemporains. Sonapparence diffère de celle des membres du Clan-des-Hommes-Vrais et « rien ne permet, à première vue,d’associer l’homme à une bande connue », selonl’auteur. Jeune, très grand et doté d’une puissanteossature, l’homme intrigue, fascine. Pour les deuxchasseurs, il s’avère impensable de le laisser à moitiémort; peu s’en faut pour que les fauves impitoyabless’en emparent. Dans sa condition, on le nommeraIlû-N’Tall, « Homme-Venu-de-Nulle-Part ». Grâceaux soins que lui prodiguent Ka-Nawag, fidèle ami duchef du clan, Kaï-Ka-Lik et Ne-Wesh, dite la« Femme-qui-Soigne », le jeune étranger revient à lavie. Un retour qui s’effectue non sans problèmes: Ilûne sait plus qui il est, son langage est déficient et samémoire, perturbée. Pour Pierre Barthe, le caractèrehéroïque du personnage central passe par laquête désespérée de son moi. Ilû se doit de savoirqui il est. Il doit se faire violence et retrouver la confiance.« Une constante quête de dépassementl’habite », explique le romancier. Il continuerajusqu’à la fin du récit, alors qu’il arrive en compa gnied’un petit groupe d’hommes et de femmes aux frontièresd’une terre qui correspond à notre Amérique.Ce moment culminant de la dense trame de PierreBarthe montre un Ilû plus solide, épaulé par sacompagne Ne-Paok, la « Femme-qui-Parle-avec-Aplomb », qui, à l’instar de celles côtoyées parl’homme tourmenté sans origine, jouera un rôledéterminant dans sa quête personnelle.Ilû. L’homme venude nulle partVLB Éditeur,640 p., 29,95$Femme de la Préhistoire, âme protectrice<strong>Le</strong> couple que formeront Ilû et Ne-Paok échappefinalement à la conception brutale, à cette relation desoumission de la femme par rapport à l’homme quel’on imagine à l’époque préhistorique. Étonnamment,pour Pierre Barthe, l’amour entre ces deux êtresdépasse ce cliché. Il décrit la beauté de la femme d’Ilûen des termes flatteurs: « De beaux grands yeux noirsau-dessus de pommettes saillantes, soyeuses etambrées; des yeux d’une intelligence infinie. » La jeunefemme présente son mari à son groupe, preuve ultimed’alliance; sa « louve alpha l’appuierait en tout jusqu’àson dernier souffle ». Figure maternelle, protectrice, lafemme veille sur tous les membres de la communauté.Il ne pouvait en être autrement selon Pierre Barthe,dans les conditions de vie difficiles avec lesquelles ceshommes et ces femmes devaient composer. <strong>Le</strong> motd’ordre ne pouvait être qu’ « entraide absolue » et lerespect pour la femme, une condition sine qua non.L’instinct grégaire prenait un sens vital. « Je ne croispas que la femme préhistorique était tirée par lescheveux, comme on le voit souvent dans l’imageriepopulaire », soutient ce dernier. Tous les membresd’une tribu devaient se protéger mutuellement etcollaborer aux moindres tâches: la préparation de laviande de mammouth, entre autres, la gestion desnombreux déplacements vers différents campements,la confection d’habits, aussi rudimentaire soit-elle, etplus encore. <strong>Le</strong>s besoins primaires prenaient alorstoute leur importance.Passe le temps…L’histoire d’Ilû et de ses contemporains se déroule plutôtlentement, et ce choix a été voulu par le romancier.D’une part, les nombreuses descriptions intégrées à lasuccession des événements y contribuent. Et, surtout, ilfaut prendre en compte une raison d’ordre logique: enl’espace d’un an, ces tribus nomades ne pouvaient avoirvécu un flot d’événements. La dureté des conditions devie et la brièveté de la vie ne permettaient pas une multiplicationde situations. « Cette lenteur du récit nouspermet de comprendre comment les êtres pouvaientvivre, et la valeur de leur existence prend ainsi tout sonsens », évoque Pierre Barthe. Lors de l’écriture de sonroman, il s’est arrêté à réfléchir à l’avènement des sportsextrêmes de notre époque: « Aujourd’hui, l’être humaincherche à être confronté au danger, au défi. Pourl’homme et la femme préhistoriques, la notion dedanger prenait une tout autre dimension! », conclutl’écrivain sur une note philosophique. Il est vraique pour le lecteur de 2008, le rythme de la vie estbien différent…Pierre Barthe nous réserve encore des surprises. Il prépareen effet une nouvelle œuvre, cette fois plus près denous: il y a 1000 ans, sur le continent américain…D É C E M B R E 2 0 0 8 | J A N V I E R 2 0 0 915

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