<strong>Le</strong>s meilleures fictions québécoisesdes 10 dernières annéesL’histoire de PiYann Martel (XYZ éditeur)La clameur des ténèbresNeil Bissoondath (Boréal)Chat sauvageJacques Poulin (<strong>Le</strong>méac)Comment devenir un monstreJean Barbe (<strong>Le</strong>méac)La traversée du continentMichel Tremblay (<strong>Le</strong>méac/Actes Sud)NikolskiNicolas Dickner (Alto)<strong>Le</strong> goût du bonheur(Gabrielle, Adélaïde, Florent)Marie Laberge (Boréal)La héronnièreLise Desjardins (<strong>Le</strong>méac)Un dimanche à la piscine à KigaliGil Courtemanche (Boréal)La fabrication de l’aubeJean-François Beauchemin (Québec Amérique)Est-il encore besoin de présenter l’auteure de La Sagouine? Celle qui fut la seule lauréate non européennedu prix Goncourt avec Pélagie-la-charrette poursuit depuis cinquante ans une œuvre traversée parl’imagi naire de son pays d’origine, l’Acadie. Dans ses livres, l’histoire, la langue, les traditions et les caractéristiquesdes Acadiens vivent et revivent. Antonine Maillet a depuis inspiré des générations d’écrivainsqui ont contribué à créer un véritable corpus littéraire. Récipiendaire de prix trop nombreux pour qu’onpuisse les énumérer ici, elle est indéniablement une grande dame des lettres canadiennes.J’ai été camelot dans ma première vie, entre 10 et 14 ans. Tous les jours au sortir de l’école, j’enfilais la granderue du village d’une extrémité à l’autre, de la demeure somptueuse des Irving sise sur la fortune la pluscolossale a mari usque ad mare… jusqu’à la bicoque en papier goudronné de la© Paul LabelleSagouine dont la mer et les coquillages étaient l’unique fortune. Entre lesdeux grouillait tout un peuple de joyeux rescapés qui empoignait la vieà bras-le-corps, mettait la charrue devant les bœufs, mangeait sonblé en herbe, brûlait la chandelle par les deux bouts et chaquesamedi soir décrochait la lune avec ses dents. Un peuple buté,crâneur, au demeurant le plus ordinaire du monde.<strong>Le</strong> camelot ne cognait pas à la porte des Irving, toute la presselui appartenait; non plus que chez la Sagouine qui ne savaitpas lire. Mais pointait le nez et les yeux chez la veuve àCalixte, la femme du docteur, la centenaire Ozite, le barbier,le forgeron, le cousin Thaddée constructeur de bateaux, legrand Cyrille qui avait le bras long, Pierre à Tom le conteux,Pierre Bleu le conte vivant, les Pierre, Jean, Jacques, Marie,Marion, Mariette… qui tous, à leur corps défendant, allaiententrer tête première dans les livres.<strong>Le</strong>s livres qui, à l’autre versant de ma vie, entreraient chezles <strong>libraire</strong>s.A NTONINEM AILLETIl y a belle heure que j’ai quitté la carrière de camelot, et un demi-siècle queje suis entrée, chargée d’un monceau de personnages, en librairie. J’aime les fêtes,les chiffres ronds: une cinquantaine de livres en cinquante ans d’écriture en cette année même de la parution du<strong>50</strong> e numéro du <strong>libraire</strong> qui célèbre ses dix ans! Avouez que les dieux savent compter. Et s’ils sont aussi ratoureuxqu’on le dit, ils sauront bien faire un clin d’œil au magazine le <strong>libraire</strong>, qui cinquante fois en dix ans a su révélertant d’auteurs à tant d’autres, dévoiler tant de livres inconnus à un si vaste public de lecteurs et offrir de beauxmoments de lecture à… Antonine Maillet.TsubakiAki Shimazaki (Babel)Soudain le MinotaureMarie Hélène Poitras (Triptyque)<strong>Le</strong> roman de Julie PapineauMicheline Lachance (Québec Amérique)L’amour impuniClaire Martin (L’instant même)<strong>Le</strong> bonheur a la queue glissanteAbla Farhoud (Éditions de l’Hexagone)Une sélection de Sylvianne Blanchette,Huguette Houde et Marie-Hélène Vaugeois,de la librairie Vaugeois, à Sillery.D ANIELLES IMARD© Daniel MorinGraphiste de formation, Danielle Simard, au fil de sacarrière, glisse progressivement du monde de l’image àcelui des lettres. Elle est l’auteure d’une cinquantained’ouvrages pour jeune public, illustrés par elle-mêmeou par d’autres. En 2003, son livre J’ai vendu masœur remporte le Prix littéraire du Gouverneurgénéral. Elle vit sur la rive-sud de Montréal.Fiou!Par bonheur, nos livres ne sont pas abandonnés auxcommerces de tout et de rien! Par bonheur,vous n’êtes pas des vendeurs, mais des <strong>libraire</strong>s quicraquent; des liseurs; des passeurs d’œuvres cachéespar la forêt; des partageurs d’émotion, de réflexion, depassion! Par bonheur, cela se retrouve tous les deux moisdans les pages de votre beau magazine! Par bonheur, enplus, c’est gratis! Bonne fête et longue vie!<strong>Le</strong>s meilleuresfictionsétrangèresdes 10 dernièresannéesFille du destinIsabel Allende (Grasset)<strong>Le</strong> rapport de BrodeckPhilippe Claudel (Stock)Et si c’était vrai…Marc <strong>Le</strong>vy(Éditions Robert Laffont)<strong>Le</strong> soleil des ScortaLaurent Gaudé (Actes Sud)L’empreinte de l’angeNancy Huston (<strong>Le</strong>méac)Métaphysique des tubesAmélie Nothomb(Éditions Albin Michel)PilgrimTimothy Findley(<strong>Le</strong> serpent à plumes)Mille soleils splendidesKhaled Hosseini (Belfond)Hommes entre euxJean-Paul Dubois(Éditions de l’Olivier)Teacher ManFrank McCourt (Belfond)La touche étoileBenoîte Groulx (Grasset)Lorsque j’étais une œuvre d’artEric-Emmanuel Schmitt(Éditions Albin Michel)Ensemble, c’est toutAnna Gavalda (<strong>Le</strong> Dilettante)L’histoire de l’amourNicole Krauss (Gallimard)<strong>Le</strong> complexe de DiDai Sijie (Gallimard)L’ombre du ventCarlos Ruiz Zafón (Grasset)Une sélection de Guy Martin, Laval Martel, Lina <strong>Le</strong>ssard et Caroline Larouche, de la librairie <strong>Le</strong>s Bouquinistes, à Chicoutimi.D É C E M B R E 2 0 0 8 | J A N V I E R 2 0 0 944
Robert Soulières a dirigé pendant six ans la revue Lurelu et plus longtempsencore le secteur jeunesse des éditions Pierre Tisseyre, avant de mettre sur piedsa propre maison d’édition. Il ne s’en tire pas si mal selon son propre aveu,malgré la joyeuse anarchie qui règne dans ses livres. En effet, ses jeunes lecteursvous diront que Robert Soulières est l’auteur le plus capoté en ville avec sonimagination débridée, son humour foisonnant et surtout son absence complètede respect pour les conventions. D’ailleurs, sa mère dit qu’il est le meilleurécrivain de la famille. Il trouve qu’elle a raison.<strong>Le</strong>s meilleurs essaisdes 10 dernières annéesMaître Costco et Maître LibraireMaître Costco sur une étagère perchéTenait en son bec un best-seller à prix coupé.Maître Libraire par l’odeur alléchéLui tint à peu près ce langageHé! Bonjour maître CostcoQue vous être riche et cultivéSans mentir si vos rayonnagesQui débordent de classiques pour tous âgesEt qui ne cessent de faire tinter votre caisseAvec les petits pois et les jeux électroniques,bien sûr…Vous serez proclamé <strong>Le</strong> Libraire du mois,à coup sûr!R OBERTS OULIÈRESMesurer le mondeKen Alder (Flammarion)Petit cours d’autodéfense intellectuelleNormand Baillargeon (Lux Éditeur)Genèse des nations et cultures du Nouveau MondeGérard Bouchard (Boréal)La mondialisation de la pauvretéMichel Chossudovsky (Écosociété)Un merveilleux malheurBoris Cyrulnik (Éditions Odile Jacob)À ces mots, maître Costcone se sent pas de joie.Il bombe le torse, se racle la gorge.Et pour dire l’étendue de son vaste inventaire,Ouvre large son bec et…Et le best-seller en solde chuta.Maître Libraire s’en saisit et dit:Mon cher maître CostcoApprenez que tout <strong>libraire</strong> indépendantSait tirer son épingle du jeuMalgré la puissance des plus grands.Maître Costco, honteux et confusJura un peu tard, qu’on ne l’y reprendrait plusÀ vendre des livres comme on vend des petits pois.Maître Libraire, de son côté,Replongea dans la lecture de son TremblayTout en ayant un œil sur le prochain Poulin.Ah! l’indépendance tout de même,Ça n’a pas de prix… même coupé!1998 19992000© Alexis K. LaflammeDu scribe au savantYves Gingras (Boréal)La refondation du mondeJean-Claude Guillebaud (Seuil)Fitna: Guerre au cœur de l’IslamGilles Kepel (Gallimard)Histoire sociale des idées au Québec (vol. 1)Yvan Lamonde (Fides)Voyage d’un Européen à travers le XX e siècleGeert Mak (Gallimard)Une histoire de la lectureAlberto Manguel (Actes Sud)La simplicité volontaire, plus que jamais...Serge Mongeau (Écosociété)Mal de terreHubert Reeves (Seuil)L’âge de l’accèsJeremy Rifkin (Boréal)L’empire de la honteJean Ziegler (Fayard)Une sélection de Daniel Dompierre, de la librairie<strong>Le</strong> Fureteur, à Saint-Lambert.Stéphane Dompierre a signé Un petit pas pour l’homme et Mal élevé, deux romans emblématiques dans lesquels ildissèque, avec cynisme, tendresse, justesse et intelligence, les relations hommes-femmes et les remises en questiontypiques de la génération 25-35 ans, notamment celle qui arpente le Plateau-Mont-Royal.En compagnie du bédéiste Pascal Girard, cet écrivain des plus doués signait, plus tôt cet automne, un album destrips illustrant les affres de la création littéraire (Souffrir pour écrire : Jeunauteur (t. 1)).<strong>Le</strong> <strong>libraire</strong>Il fait noir mais ce n’est pas qu’il soit si tard, c’est l’automne, on vient de changer l’heure, la digestion est lente etrien à la télé ne capte mon attention. Manteau, foulard et gants, je sors sans emporter le parapluie. Dans les ruesdésertes, nul autre bruit que le crouche crouche de mes bottes sur les feuilles, j’y vais franchement, j’effraie leschats. Parfois, je crois voir quelqu’un arriver mais, non, ce n’était qu’une ombre, en tout cas ça se déplace sansfaire crouche crouche. Je change de côté de trottoir, au cas où ce serait un loup-garou au pied léger. Et puis l’artèreéclairée, beaucoup trop de lumière d’un coup, et, tout près, la librairie. Un peu de chaleur, plein de nouveautés etle <strong>libraire</strong>, de bonne humeur, toujours prêt à me mettre un livre dans les mains, un joyau méconnu ou un bestsellersur lequel j’aurais levé le nez à tort. On discute un moment de tout et de rien et du temps qu’il fait, je merisque et lui demande s’il sait pourquoi on ne voit jamais d’écureuils à la nuit tombée, mais il ne le sait pas plus quemoi. On se promet d’avoir la réponse à ma prochaine visite. Il verrouille derrière moi, on se salue encore une fois etje repars dans les rues sombres, toujours aussi désertes, mais je ne suis jamais tout à fait seul parce qu’il y a la librairieen tournant le coin, ses livres et son <strong>libraire</strong>.S TÉPHANED OMPIERRE© Martine DoyonD É C E M B R E 2 0 0 8 | J A N V I E R 2 0 0 945