11.07.2015 Views

Numéro 50 - Le libraire

Numéro 50 - Le libraire

Numéro 50 - Le libraire

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Consciente d’avoir trouvé dans l’écriture une parfaite thérapie, Lucía Etxebarría nepeut cependant s’empê-cher de critiquer ses concitoyens et ce pays auxquels ellereste attachée, même si elle les trouve souvent insupportables: « L’Espagne, c’est lesupermarché européen de la drogue, constate-t-elle. C’est nous qui avons la consommationde cocaïne la plus élevée au monde, et le record de consommation decannabis de l’Union Européenne. On boit beaucoup, et il y a beaucoup de corruptionpolitique et institutionnelle. Par exemple, il y a toujours cette idée que pour obtenirquelque chose, tu dois avoir une relation d’amitié, parce que c’est l’idée qu’une dictaturesoutient. Et la position de l’Espagne est stratégique dans le marché de ladrogue. » Une situation sur laquelle, selon elle, le gouvernement préfère fermer lesyeux : « La position institutionnelle, c’est la négation de la vérité. On commence àpeine à lire, dans les journaux sur ce problème. Mais moi qui habite à Madrid, je saisque c’est un problème incroyable. »Cette Espagne rongée par le racisme et la corruption,parfois violente envers ses propresenfants et si portée sur les expédients, c’estcelle qu’elle met en scène dans Cosmofobia,son roman le plus ambitieux à ses yeux. Pourl’écrire, elle a mené une recherche digne d’unedocumentariste, interviewant près d’unecentaine de personnes de tous les milieuximaginables, avant de mélanger les histoires etde modifier les noms: « Après toutes les histoiresde femmes de mes autres romans, j’avaisvraiment envie de changer! », avoue- t-elle.Même le centre pour enfants en difficultés duroman existe vraiment. Elle y a d’ailleurs travailléquelque temps avant d’abandonner, complètementdéprimée: « Il faut de vrais professionnelspour travailler avec ces enfants. <strong>Le</strong>Nicki que je décris dans mon roman, c’était un vrai sociopathe à 8 ans. Il vivait dansune famille déstructurée avec des problèmes affreux. On savait tous qu’à 14 ans, il seretrouverait dans la rue avec un gang. On ne pouvait rien changer à son destin. »Amour, franc-maçonnerie et autres curiositésDans Cosmofobia comme dans la plupart des livres d’Etxebarría, la quête d’identitéet d’intégration est au cœur du propos. Et si la famille y joue un rôle clé, c’est unefamille où la violence psychologique est latente. Mais l’amour dont il est question n’arien à voir avec l’idée romantique qu’on s’en fait trop souvent: « Je ne crois pas quel’amour soit un thème dominant dans mon œuvre. Et surtout, je ne crois pas aumythe de l’amour romantique. Dans mon dernier livre, Je ne souffrirai plus paramour, j’ai d’ailleurs fait très attention de ne pas cataloguer les relations amoureuses.<strong>Le</strong> premier problème qu’on a dans la civilisation occidentale, c’est qu’on appelleamour une relation sexuelle. Mais moi, si je pense à l’amour, la première personne quime vient à l’esprit, c’est ma fille. Ça, c’est un rapport amoureux. »Lucía Etxebarría n’a aucune idée de ce qui fait son succès, mais ce dont elle est sûre,c’est que son lectorat, loin de ne se composer que de jeunes femmes, est plus variéqu’on pourrait l’imaginer. On n’a qu’à penser à Un miracle en équilibre, décrit parbeaucoup comme un livre sur la maternité, mais qui lui a pourtant permis detoucher un vaste public d’hommes âgés — et de gauche! Elle les a séduits en abordantle thème de la franc-maçonnerie, très présente en Espagne jusqu’à ce que Francotente de la rayer de la carte: « Du coup, je me suis gagné l’adhésion de tous les francsmaçonsd’Espagne, qui ont entre 60 et 80 ans! Et je suis devenue l’idole des Noirs etdes Marocains d’Espagne avec Cosmofobia. D’un roman à l’autre, on ne sait jamaisquel groupe on va toucher », soutient Lucía Etxebarría. Son prochain sujet deréflexion? Notre tendance à l’hyperconsommation, si justement dénoncée parl’auteur français Guy Debord dans un essai paru en 1967, La société du spectacle:« J’ai énormément appris de ce livre, c’est devenu ma bible! », précise-t-elle.Pour Etxebarría, la plupart des Occidentaux ne vivent pas dans le monde réel. Toutesces femmes qui s’affament pour rentrer dans une robe trop petite, ces hommes quipassent leur vie à travailler pour se payer une voiture de luxe dont ils n’ont aucunbesoin… « Beaucoup de ceux qui vivent à plein cette société consumériste ne prennentjamais le temps de réfléchir à ce qu’ils font de leur vie », conclut-elle. Ces gensqui vivent dans l’hypermatérialisme sont finalement obsédés par des choses qui n’ontrien de réel. C’est ce dont parlera mon prochain roman. »Je ne souffrirai pluspar amourÉditions Héloïsed’Ormesson,288 p., 29,95$© Philippe Matsas/OpaleLa sociétédu spectacleGuy Debord, Folio,224 p., 12,95$COUPON D’ABONNEMENTVous aimez les bonnes histoires policières ?Quatre fois l’an, Alibis vous offreles meilleurs textes du genre !■ Je m’abonne pour 1 an : 28,22 $ (taxes incluses)NOMADRESSEN o 29Des fictions dePETER SELLERS,LUC BARANGER,MARTINE LATULIPPEETFRANÇOIS AUSSANAIRE• FICTIONS • CHRONIQUES • LECTURES • NOUVEAUTÉS •et un complément gratuit téléchargeable au www.revue-alibis.comVeuillez commencer mon abonnement au numéro :ET LES ARTICLES« Enquête sur le polar 1 ère partie :L'Épidémie polar »par Jean-Jacques Pelletieret« <strong>Le</strong>s polars forment la jeunesse ! »par Martine Latulippe■ Je m’abonne pour 2 ans : 49,67 $ (taxes incluses)Chèque ou mandat à l’ordre de : Alibis, 120, côte du Passage, Lévis (Québec) G6V 5S9www.revue-alibis.comLa lenteurdu mondewww.editionsdavid.cominfo@editionsdavid.com (613) 830-3336Prixlittéraire duGouverneurgénéral2008en poésie418-837-2098LB29D É C E M B R E 2 0 0 8 | J A N V I E R 2 0 0 929

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!