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L’évolution du système éducatif en Turquie- La revue scientifique trimestrielle Toplum ve Bilim (Société et science) a consacré son 97 ème numéro(été 2003) à l’Homo Academicus Alla Turca. Les 15 articles réunis pour ce numéro analysent, chacunsous un angle différent, les problèmes spécifiques du système éducatif turc, en s’intéressant enparticulier aux enjeux locaux des académiciens turcs, et à leur situation dans les modèles académiquesmondiaux.L’article de H. Ü. Nalbandoğlu, intitulé « Un nouvel homo academicus pour une universitédevenue entreprise : l’académicien en tant qu’ersatz de yuppie », décrit un « type social standard » quel’on trouve dans « presque toutes les métropoles périphériques du capitalisme culturel-académiqueglobal ». L’auteur décrit les universitaires turcs ayant débuté leur carrière durant les années Özal(1983-1993) comme des ersatz de yuppie, ayant en commun d’avoir fait leurs études ou du moins leurtroisième cycle à l’étranger, et d’être revenus à reculons, n’aspirons depuis qu’à une reconnaissanceacadémique internationale. La Turquie est vue par ces universitaires comme un lieu où ils sont tenus encaptivité (mahpushane), si bien qu’ils font tout leur possible pour retarder leur retour, et ensuite pourrepartir. Il nomme ces universitaires obnubilés par les universités étrangères les plus prestigieuses lesdystopic yuppie, type qui se serait propagé dans les années 80. L’auteur explique ensuite que cesuniversitaires ont néanmoins, en apparence, des idées qu’il qualifie de « pseudo-émancipatrices », quine feraient en fait que reproduire à la périphérie les dernières théories à la mode produites par le centre,tout en alimentant ce même centre en matière première (monographies, observations…) ou en produitssemi-finis concernant des spécificités locales.Les articles de N. Erdoğan, intitulé « Les cultural studies, leur idéologie (spontanée) etl’université » et d’A. Çiğdem, intitulé « Qu’est-il arrivé à l’université ? » décrivent le mondeacadémique turc actuel comme un monde d’excellence où règnent les règles de l’entreprise, et lesprofesseurs comme des experts en relations publiques et en marketing. A. Ergur (« Transformation dumonde académique au travers de l’intégration de l’Université à l’économie de marché ») donnel’exemple des programmes de master degree sans thèse, qui permettent de remplire les caisses desuniversités privées à moindres frais.Pour Ahmet İnsel (« Le Conseil supérieur de l’Education- YÖK-, un type de mentalité »), le YÖKest à la fois un système et une institution, complémentaire de la relation ambiguë qu’entretient lasociété turque avec le régime issu du Coup d’Etat militaire de 1980. Les pratiques que cette institutiona produit et reproduit reposent sur la soumission de la communauté universitaire à l’Etat divin. Pourl’auteur, une grande partie de cette communauté, qui critique régulièrement le YÖK, partage en réalitésa vision du monde. Le YÖK fonctionne selon lui comme un « Conseil de sécurité de l’éducation », quisuit les théories étatiques sur les menaces intérieures et extérieures, et garde une mentalité comparableau monde académique de l’ex-Union Soviétique. K. Cangıbay ( « L’université turque en tantqu’institution de mobilisation continue et de vigilance ») partage cette même idée selon laquelle lacommunauté universitaire turque n’a plus désormais qu’une fonction de « légitimation des élites dupouvoir », se soumettant par ailleurs à une forte autocensure.İ. Tekeli, dans un article intitulé « Différents terrains de discussion autour de l’Université dans lemonde et en Turquie », tente de situer la Turquie en fonction des grands modèles universitaires del’histoire. Selon lui, la Turquie devait logiquement passer du modèle de l’Université d’Etat dite de VonHumbolt (enseignement élitiste, enseignement collégial, financement public, enseignement en languenationale…) au modèle de la Multiversité (par opposition à UNIversité, qui propose un enseignementpratique et spécialisé, ouvert sur l’extérieur, soutenu par des financements privés, en langueanglaise…), mais que la création du YÖK a « puni » l’Université en homogénéisant et raisonnant demanière systématique. En même temps, l’auteur prévient contre le risque d’une MacDonaldisation desuniversités turques.M. Özuğurlu (« Les Universités privées : d’un trou dans le système à un système en soi ») montreque les 22 universités privées (environ 50 000 étudiants au total) que compte actuellement la Turquiesont un composant essentiel et très rentable du « système compétitif global du secteur tertiaire »,malgré l’étiquette « caritative » qui a été donnée aux universités privées turques. Il met fin au débatterminologique qui tentait d’opposer « université privée » et « fondation universitaire » (vakıf27

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