rire larmes

– Oui, enfin, peut-être aujourd'hui mais d'après mes premières recherches, il apparaît que
l'ancêtre du rugby était la soule ou sioule, sport très pratiqué en France dès le Moyen Âge. La soule
avait en effet des caractéristiques communes avec le rugby, comme le knappan au pays de Galles, le
hurling en Cornouailles ou le calcio en Italie, qui étaient issus de la même époque. Les collèges
britanniques de l'époque pratiquaient chacun un jeu de ballon dérivé de la soule. Chaque collège
avait ses propres règles mais j'aimerais en savoir plus avant de dire des bêtises devant la classe.
Ce que j'aime chez ce gosse, c'est sa simplicité. Je pense de plus en plus que lorsque les
aliens ont enlevé la sœur de Fox Mulder, ils ont dû prendre mon petit Alex en même temps, c'est pas
possible autrement ! Je le félicite néanmoins pour l'ébauche de son intro :
– Vas-y fiston ! Ça donne déjà envie, là ! Mais parle quand même des All Blacks à un
moment...
Les grands yeux qu'ils me renvoient me confortent dans la thèse du kidnapping extra-terrestre, ou
alors un facteur des PTT bien déjanté... je me retourne vers ma moitié mais celle-ci hausse les
épaules, aussi impuissante que moi.
Imaginez que vous vous retrouvez dans le Da Vinci code mais que Tom Hanks a déserté au
dernier moment, et bien la Rose Ligne, vous êtes pas prêt de la faire apparaître, moi je vous le dis !
Voilà l'état d'esprit dans lequel on se retrouve après une journée finalement bien ordinaire : j'ai déjà
hâte de savoir ce que demain nous réserve ! Et dire qu'on est seulement mardi...
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L'avantage avec un surdoué, c'est que tout agenda devient inutile. Ainsi, lorsque je récupère
Alex à l'école, je n'ai plus qu'à le consulter pour les rendez-vous à venir. Mieux qu'une appli de
smartphone, il me donnera les noms, les heures, les adresses ; je me demande même s'il ne pourrait
pas calculer l'itinéraire le plus rapide, mais ne soyons pas trop exigeant : il n'a que onze ans !
– On doit pas aller chercher Juliette, aujourd'hui ?
– Non, me confirme-t-il sans hésiter une seconde. Elle devait aller réviser chez une copine.
Elle a dit à maman qu'elle rentrerait pour manger.
Je me demande dans quelle mesure le fait de tout contrôler participe à l'équilibre de son univers. Je
lui réponds donc sérieusement, comme si je m'adressais à un collègue de boulot :
– Ah, exact ! C'est vrai qu'elle doit passer son oral de mention euro très bientôt ! Elle a dû
aller chez Justine. C'est la meilleure de la classe en anglais et elles s'entendent bien...
Son silence est plus clair qu'une réponse logicielle : maman n'a rien dit de plus, je ne puis donc
corroborer cette hypothèse. Ses yeux sont perdus dans le vague, je le laisse s'évader un peu. Après
une journée d'école, il a bien le droit de s'aérer en calculant la vitesse des véhicules d'après le
nombre qu'il en passe le temps de revenir au feu rouge. Ah l'insouciance de la jeunesse...
En arrivant à la maison je le convainc de goûter en arguant qu'un cerveau est comme un
moteur : il lui faut du carburant pour tourner à plein régime. Levant les yeux au ciel, il grignote
deux biscuits avant de sauter sur ses cahiers. Dire qu'il fallait râler après l'aîné pour qu'il passe plus
d'un quart d'heure à réviser ! Si seulement Juliette avait le même genre de motivations ! Enfin, tout
n'est peut-être pas perdu puisqu'elle semble avoir pris les choses en main pour ses examens, il était
temps !
Mais cela ne me surprend pas, elle a toujours aimé les langues ! Je suis sûr qu'elle va briller
en anglais. Confiant en l'avenir de l'humanité – et je ne parle pas du journal bolchevique-, je vais
finir mes copies : à force, les élèves vont finir par me faire des remarques ! De mon temps, jamais
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