rire larmes

touche.
– Calme-toi. T'es où là ? Au secrétariat, à l'administration ?
– Oui, avec la CPE.
– Parfait. Demande-lui le numéro de fax du lycée, je vais trouver ta carte et leur faxer, OK ?
– Génial, tu me sauves ! Merci p'pa !
– De rien. Dis-moi plutôt où t'as rangé ta carte et dans cinq minutes, tu pourras composer.
– Super. Ma carte...euh... elle est dans ma chambre, quoi... juste sur mon bureau ou dans le
premier tiroir...tu verras, quoi...je l'avais mise dans une pochette avec ma convoc...
– OK. Mais ?! Tu veux dire que t'as pas ta convoc non plus ?!!!!
– PAPA ! Tu crois que c'est le moment ?
– JULIETTE !
– S'te plaît ! Papa !
– Pfff !... tu me les feras toutes, j'te jure !!! Bon allez, c'est quoi le fax ?
Voilà pourquoi les parents d'ados meurent plus tôt que les autres ! Certains s'engagent au Mali pour
leur pays, d'autres défient l'Everest pour l'adrénaline, mais rien ne sera jamais aussi risqué que la
copulation, cet acte si cruel qui engendre des créatures boutonneuses et renfrognées !
Enfin, positivons sur l'occasion qui m'est offerte d'effacer l'ardoise avec ma fille. Je peux lui
sauver la mise, alors allons-y !
Je me dirige le cœur léger vers ses quartiers lorsque je réalise que j'aurais dû tilter sur l'expression «
dans ma chambre ». Comparé à la chambre de ma fille, le souk du Caire ressemble à la Bibliothèque
Nationale ! Autant chercher une paire d'escarpins jamais portés dans le dressing de Céline Dion !
Quand je pénètre dans le capharnaüm, un haut-le-cœur de découragement me fait perdre une
précieuse demi-seconde.
Ressaisis-toi, Jack ! Tu peux y arriver !
N'écoutant que mon courage, j'enjambe les fringues sales ET propres qui jonchent le sol. Si ma
femme voyait où s’amoncellent ses heures de repassage, elle aurait une attaque. Mais plus que deux
livres à éviter et je suis au bureau ! Entre les cartes SIM, les breloques en tous genres, agenda,
montre, foulard, écouteurs, jack, préservatif (!!!) ou autre CD et un livre de maths qui s'est égaré, je
n'arrive plus à savoir quelle était la teinte originelle du plateau de ce bureau, mais peu importe, je
dois retrouver cette maudite pochette ! Je parie pour le modèle transparent mais n'écarte pas la
possibilité d'une pochette cartonnée. En clair, deux formats : mon champs d'investigation se resserre
! Pourtant, les secondes deviennent des minutes et rien d'approchant ne vient soulager ma terrible
quête.
Ju !!!! Tu l'as bouffée ou quoi ?!!!
Soudain, le téléphone sonne. C'est elle. Elle doit s'affoler et vient aux nouvelles. Mais comment lui
dire qu'elle devra repasser la philo en septembre. Je décroche, mal à l'aise.
– Ju ! Mais elle est où ?! Je cherche partout et j'trouve rien !
– T'inquiète, tout va bien ! Maman est revenue, je l'avais oubliée dans sa voiture ! C'est bon.
J'y vais, là.
– Ju ?! Mais...
En fait, elle a déjà raccroché.
Bonne chance, ma fille...
Au moment où je vais retrouver la civilisation, une lettre froissée attire mon attention. Les
gribouillis gothiques qui en ornent les quatre coins ne laissent aucun doute quant à son auteur, un
frisson me parcourt l'échine.
To read or not to read… that is the question...
Je me suis déjà fait pincer en flagrant délit d'espionnage, je ne suis pas trop à l'aise pour
recommencer à jouer Big Brother! Mais le patriarche-protecteur de la tribu -c'est plus noble que
curieux comme une chatte pleine- a le dernier mot et sans même toucher la feuille, je parcours la
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